Chapitre 29

6.4K 451 142
                                    

 Ce matin, je suis prête à surfer

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Ce matin, je suis prête à surfer. Pour se faire, je me rends à Cowell's Beach. Isaac y est toujours lorsque les conditions météorologiques le permettent. Il ne va jamais à Steamer Lane, pourtant c'est le meilleur spot de notre ville.

Après notre dispute d'hier soir, je suis déterminée à lui parler en cette nouvelle journée. Et à m'excuser à nouveau. Je tiens trop à lui pour laisser cette dispute nous éloigner.

Lorsque j'arrive sur la plage, ma planche sous le bras, j'inspecte consciencieusement l'endroit. Mais force est de constater qu'il n'est nulle part. Il s'est peut-être douté que je viendrais et est allé ailleurs.

—  Tu comptes rejoindre l'eau ou tu vas rester plantée là ?

Il est là, derrière moi, mais je n'ose pas me retourner, apeurée à l'idée qu'il me rejette.

—  Je veux te parler, dis-je d'une voix incertaine, serrant ma planche sous mon bras.

—  Pas moi.

Les hostilités sont lancées.

Je me retourne, agacée. Isaac se tient droit comme un i, le regard perdu sur l'océan houleux. Vêtu de sa combinaison noire, je distingue ses muscles tendus. Mâchoire serrée et poings fermés le long de son corps, tout en lui indique qu'il n'est pas ravi de me voir.

—  Je veux te présenter mes excuses, lâché-je d'un ton ferme, le cœur battant.

—  Je n'en ai rien à faire.

J'ignore mon pincement au cœur.

—  Alors pourquoi tu n'as toujours pas rejoint l'eau ?

—  J'évalue les vagues, dit-il simplement, la colère déformant ses traits.

—  Non, t'attends que je m'excuse. Que je te parle.

Ses yeux me toisent de la tête aux pieds, avant de se perdre dans les miens. J'y lis toute la colère et la peine dont Isaac est pourvu, ça me fait mal.

—  Je n'arrive pas à croire qu'une si jolie bouche puisse dire des choses aussi laides, grogne-t-il en me dévisageant. Et stupides.

—  Je me suis emportée parce que tu es comme les autres, à croire que je ne suis capable de rien.

—  T'es la première à te croire capable de rien, ne rejette pas la faute sur les autres.

Je me mords la lèvre pour ne pas craquer alors qu'il me crache ces mots à la figure.

—  Alors quoi ? demandé-je, la voix tremblante. On arrête tout ?

—  Ca s'est arrêté hier.

S'il pense que je vais laisser tomber si facilement, il se trompe. Je ne laisserai pas notre relation redevenir celle d'avant, où je m'évertuais à l'éviter. Je ne veux pas que ce soit à son tour de m'éviter, je ne m'en remettrai pas.

—  Pourquoi tu n'acceptes pas mes excuses ?

Ma voix me fait défaut en tremblant, et Isaac le remarque vu le bref coup d'œil qu'il me jette, avant qu'il ne plante avec violence sa planche dans le sable.

—  Parce qu'elles ne sont pas sincères ! s'énerve-t-il en me fusillant du regard. Tu crois que je vais te pardonner alors que t'as insulté la mémoire de ma famille en m'injuriant ? Tu n'as pas la moindre idée de ce qu'est ma vie sans eux ! Comment pourrais-je te pardonner ?

Je n'avais pas fait le lien. Il n'est pas blessé parce que j'ai sous-entendu qu'il était lâche, il l'est parce que j'ai utilisé leur mort contre lui. Je suis odieuse.

Je l'avais prévenue que je n'étais plus la fille qu'il avait connue, mais je refuse de le laisser partir. Je ne l'ai pas laissé rentrer de nouveau dans ma vie pour qu'il en ressorte aussitôt.

Le bruit des vagues qui s'écrasent contre le Boardwalk non loin de là me faut sursauter. Perdue dans mes pensées, un rien ne m'effraie.

—  Je regrette ce que j'ai dit, confessé-je, étranglée par mes sanglots qui veulent s'échapper. Mais t'es aussi en tort. Tu m'as insulté de folle, tu m'as comparé à ma mère alors que tu ne sais rien de ce qu'elle m'a fait.

—  Et tu as fait bien pire !

Ses yeux sont embués de larmes, sans doute tout autant que les miens. Je suis en train de le perdre parce que je ne réfléchis pas avant de parler. Parce que je gâche toujours tout.

—  Tu sais très bien que c'est un sujet sensible et tu t'en es servi pour me faire du mal...

—  Comme tu t'es servi de la mort de ma famille, réplique-t-il sèchement, face à moi. Si t'es venu surfer, vas-y, mais laisse-moi tranquille.

Il prend sa planche, et lorsqu'il fait demi-tour pour s'éloigner de moi, mes nerfs me lâchent pour de bon. Je ne supporte pas qu'il me tourne le dos, qu'il ne voit pas que je suis désolée de l'avoir blessé mais qu'il en a fait tout autant.

—  Tu n'as pas le droit de me comparer à ma mère !

—  Elle a mis au monde une fille aussi folle qu'elle, crache-t-il en me jetant un regard par-dessus son épaule.

Il me balance cette insulte à la figure sans même se retourner, continuant son chemin et me prouvant qu'il n'en a rien à faire de me blesser. Il veut se venger du tort que je lui ai causé, mais parler d'elle est une mauvaise idée. Ça ne me met que plus en colère.

—  T'es vraiment le pire des enfoirés ! hurlé-je et il s'arrête net. Tu ne sais pas de quoi tu parles. Tu ne sais absolument rien !

—  Vous éprouvez du plaisir à blesser ceux qui vous entourent, lâche-t-il en se retournant pour me dévisager.

Mon cœur ne bat plus. Isaac le tient dans ses mains et le broie jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien. Je suffoque. J'ai besoin de partir d'ici et de respirer un autre air que le sien.

Je lui passe devant sans un regard, essuyant une larme qui m'échappe alors que je traverse la plage pour rejoindre le parking. Il faut que je rentre au plus vite.

C'est à cause de ma mère si je suis comme ça. Aussi odieuse. Elle est le plus grand malheur de mon existence. Même en étant morte, elle continue de faire de ma vie un enfer.

Je la hais tellement.

☼☼☼☼☼☼


☼☼☼☼☼☼

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
Nos Imparfaits - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant