Cinq ans plus tôt

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Assise sur un rocher, la tête posée sur mes genoux ramenées contre ma poitrine, je contemple les vagues qui s'écrasent à mes pieds

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Assise sur un rocher, la tête posée sur mes genoux ramenées contre ma poitrine, je contemple les vagues qui s'écrasent à mes pieds. Elles vont et viennent comme si elles essayaient de m'emporter avec elles. Parfois, j'aimerais que ce soit le cas.

La nuit va tomber mais je n'ai pas envie de rentrer. L'océan est un endroit bien plus calme que chez moi lorsque papa n'est pas là. Ici, je me sens en sécurité. Je peux laisser mes pensées dériver, imaginer une vie où ma mère n'en ferait pas partie.

Tu ne devrais pas rester là, l'océan risque de t'emporter.

Jetant un regard par-dessus mon épaule, j'observe Isaac s'approcher. La brise du bord de mer secoue mes cheveux dans tous les sens et me cache presque la vue, mais j'arrive très bien à discerner l'air inquiet de mon meilleur ami.

Qu'est-ce que tu fais là ? lui demandé-je en reprenant ma contemplation de l'océan.

Il devrait être en train de préparer ses valises pour rentrer en Angleterre, demain à l'aube.

Isaac s'assoit à mes côtés, imitant ma position, et je ferme les yeux un instant pour m'imprégner de son odeur de cannelle. J'aimerais pouvoir garder son parfum dans une fiole pour le sentir dès qu'Isaac me manque, le reste de l'année. Lorsque juillet me semble encore trop loin. Peut-être qu'Isaac me manquerait moins si j'avais toujours son odeur avec moi.

Je suis passé chez toi mais ton frère m'a dit que tu étais sortie, déclare-t-il d'un ton tranquille. Il te croit chez Holly.

Dès que je quitte la maison parce que notre mère m'a encore crié dessus, Andrew pense que je me réfugie chez ma meilleure amie. Pourtant, il n'aurait qu'à traverser notre jardin et rejoindre la plage en contrebas pour me trouver. Peut-être que ça le rassure de s'imaginer que je ne suis pas seule, qu'Holly est là pour me remonter le moral.

Pourquoi t'es passé chez moi ?

J'ai du mal à cacher ma curiosité. On s'est dit au revoir tout à l'heure, j'ai même pleuré comme une madeleine, ça me surprend qu'Isaac souhaite encore me voir. Rien que cette pensée provoque une sensation bizarre dans mon ventre. Comme des papillons qui s'envolent.

Ça ne devrait pas être le cas. Isaac est mon meilleur ami, on se connaît depuis nos sept ans. Je ne peux pas en être amoureuse alors qu'il ne me voit sans doute pas de cette façon.

Je rentre chez moi, demain, dit-il dans un soupir.

Il parle vite, comme s'il ne voulait pas vraiment le dire. Comme s'il voulait vite l'oublier. Comme si ça lui faisait mal. Moi ça me fait mal de savoir que je ne le revois que dans un an. En six années, je ne me suis toujours pas habituée à devoir lui dire au revoir dès que le mois d'août pointe le bout de son nez.

Je sais, déclaré-je dans un sourire empreint de tristesse alors que je me tourne vers lui. On s'est déjà dit au revoir, cet après-midi.

Nos Imparfaits - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant