Enfants, Zoe et Isaac étaient inséparables. Meilleurs amis passionnés de surf, rien n'aurait pu les séparer. Du moins, jusqu'à ce qu'un drame ne les éloigne.
Ils mènent une vie tranquille, en apparence. Derrière sa froideur, Zoe cache ses blessures...
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S'il y a bien une chose que j'exècre par-dessus tout, c'est l'hypocrisie. Encore plus lors des enterrements. Vous mourrez, et soudain tout le monde vous aime. On pleure votre perte, on se remémore les bons moments partagés avec vous et l'on rabâche à qui veut bien l'entendre vos nombreuses qualités. Comme si vous étiez parfait. Toutes vos erreurs ont été pardonnées dès l'instant où vous êtes morts.
Un florilège d'âneries.
Aujourd'hui, c'est ce qui se passe lors des funérailles de la femme qui m'a donné la vie. Tout le monde la pleure, excepté moi. Le décès de ma mère me soulage. Son existence était comme un poids mort sur mes épaules, une épée de Damoclès au-dessus de ma tête. Elle ruinait complètement ma vie, comment son décès pourrait-il me chagriner ?
Qu'Andrew et notre père la pleure me dépasse. Après tout ce qu'elle a fait, pourquoi sont-ils si tristes ? Eux aussi ont souffert par sa faute, comment pourrait-elle leur manquer ? Moi, jamais elle ne me manquera. Ça n'a jamais été le cas ces trois dernières années, après qu'elle soit partie de la maison, ça ne changera pas parce qu'elle est morte.
Il m'est arrivée de l'aimer lorsque j'avais le sentiment que c'était réciproque, qu'elle était la mère dont je rêvais qui nous aimait plus que sa propre vie. Dans ces moments-là, un brin d'espérance se tapissait dans mon cœur. Puis elle faisait voler en éclat cet espoir dès le lendemain, lorsqu'elle se comportait comme si elle me détestait plus que tout. Alors je la haïssais à nouveau. Chaque fois un peu plus qu'avant.
Peut-être suis-je cruelle, mais elle était bien pire.
Ces pensées ravivent les mauvais souvenirs que je tente en vain d'oublier en les enfouissant au plus profond de mon esprit. Je ne veux pas m'en rappeler, je ne veux pas sentir ce nœud dans ma gorge et ces larmes qui brûlent mes yeux. Je dois me reprendre. Je ne verserai pas une seule larme au risque que les gens ne se méprennent sur mes sentiments. Le décès de ma mère ne me bouleverse pas. C'est son existence qui m'a détruite.
Il paraît qu'elle s'est suicidée dans l'appartement qu'elle louait à quelques kilomètres de Santa Cruz. Pas assez loin de nous. Notre père a lu la lettre d'adieu qu'elle a laissé près d'elle, sur son lit. Sa lettre, si on peut l'appeler ainsi, contenait en tout et pour tout un seul mot : pardon. Comme si ça pouvait excuser tout ce qu'elle a fait. Comme si c'était suffisant pour que je la pardonne.
Ceux qui la pleurent aujourd'hui ignorent tout. Ils ne connaissent pas la véritable Raquel mais seulement ce qu'elle voulait bien montrer. Son vrai visage c'était à nous qu'elle le dévoilait, entre les quatre murs de notre maison.
— Elle pourrait pleurer tout de même, c'était sa mère, murmure-t-on près de moi.
Deux commères aux cheveux gris me dévisagent alors qu'elles viennent de me présenter leurs condoléances près de la sépulture de ma mère. Hypocrites.