Chapitre 5

9.5K 497 88
                                    

Holly a toujours été impatiente

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Holly a toujours été impatiente. Deux minutes de retard et on l'entend grogner à des kilomètres. Elle m'a déjà envoyé deux messages, que je ne lis qu'après avoir enfilé mes Converse blanches. Son irritation transperce mon écran.  Je prends en vitesse mon sac à dos sur mon lit pour la rejoindre avant qu'elle ne fasse une syncope en pleine rue.

Avant de quitter ma chambre, mon regard est attiré par le cadre qui trône sur ma commode. C'est une photo des quatre ans de Romy, en juillet dernier. Elle a une longue natte avec des fleurs coincées dans ses cheveux et elle est vêtue de la robe violette de Raiponce. C'est sa princesse préférée. Ma petite sœur a bien de la veine d'avoir les cheveux blonds et les yeux bleus de notre père.

Lorsque je sens mon portable vibrer dans mon pantalon, je sais que c'est ma meilleure amie qui m'appelle. Pourtant les cours ne commencent que dans quinze minutes, et le lycée n'est qu'à quelques rues de chez nous.

Assis face à l'îlot de la cuisine, papa boit tranquillement son café en lisant le journal. Ses lunettes, qu'il n'utilise que pour lire, le font paraître plus vieux. Tout comme sa barbe. Il a quarante-huit ans mais il en paraît dix de moins une fois rasé. Ce qu'il fait rarement, persuadé que la barbe le rend plus beau. Comme s'il en avait besoin.

Notre père est français, originaire de Nice, mais ses cheveux clairs décoiffés et ses yeux bleus sont typiques du surfeur californien. De la France, il n'a gardé que son accent.

Le français est la deuxième chose que nous a appris papa, si bien que Drew et moi le maîtrisons à la perfection. Romy, elle, est encore en apprentissage.

—  On va surfer, ce week-end ? me demande papa en reposant ses lunettes sur l'îlot.

J'ai droit à cette question une fois par semaine, lorsque ce n'est pas plus. Et à chaque fois, ça me fait rouler des yeux. Je déteste qu'il insiste à ce propos.

—  Je ne surfe plus depuis trois ans, papa. Il faut te faire une raison.

Il a toujours été fier que ses enfants apprécient le sport autant que lui, forcément il a été déçu de me voir abandonner le surf. Heureusement, Andrew a de grandes chances de devenir quaterback pro s'il continue d'être aussi doué. L'université de Californie du Sud lui a même offert une bourse pour qu'il les rejoigne. Désormais, c'est lui la fierté de la maison et du lycée. Je suis heureuse pour mon frère, ça semble lui plaire d'être le centre de l'attention.

—  Comme tu t'es fait une raison ? marmonne notre père en croisant les bras contre son torse. Je ne peux pas croire que tu aies pu laisser tomber le surf après tous tes efforts pour être la meilleure.

Toujours le même refrain. Mon père n'abandonnera jamais, persuadé qu'un matin je vais me lever en voulant surfer. Quand bien même ça m'arriverait, ce n'est pas en insistant que l'envie me reviendra.

—  Je ne suis pas toi, répliqué-je en prenant mon repas de ce midi dans le frigo. Je suis ta fille, tu te souviens ? Pour les journalistes, j'ai abandonné parce que je n'étais pas à la hauteur de notre nom.

Nos Imparfaits - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant