Le Royaume d'Aleyna T.1 [ EN REECRITURE]

𝙿𝚛𝚘𝚕𝚘𝚐𝚞𝚎

Me voilà maintenant, seule contre tous. Réveillée depuis peu, tous les sens en alerte, je suis là, je cours sans m'arrêter. Je fuis. Je fuis ces cinq paires d'yeux qui étaient totalement bloquées sur moi. Je ne sais même pas où je me trouve. Tout est sombre, je ne reconnais rien. Quoi qu'il puisse arriver à partir de maintenant, je dois partir d'ici. Alors je continue de courir.

Je saute par-dessus les branches, je me penche pour en éviter d'autres, mon cœur s'accélère. Ma course effrénée me mène au milieu de la forêt, où les arbres se resserrent. Je me sens prise au piège, me rappelant chaque détail qui m'a conduite dans cet endroit depuis que je l'ai vu devant moi. L'homme au regard perçant. Il se tenait là, accompagné de tous ces individus qui ont participé à mon enlèvement.

Il disait être le nouvel assistant du directeur lorsqu'il m'a demandé de le suivre hors de l'amphithéâtre. Ses yeux. Je ne pourrais jamais les oublier.

Quelle conne j'ai été ! Je l'ai suivi, je me souviens très nettement de l'odeur du chloroforme imprégnée sur le mouchoir qu'il a plaqué sur ma bouche et mon nez. Et puis cette salle dans laquelle je me suis réveillée, il y faisait froid, sombre, et s'en dégageait des senteurs inconnues.

Mais pourquoi ça m'arrive, à moi ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Où je suis ?

Mes joues sont humides à cause de mes larmes. Elles ne cessent de couler au fur et à mesure que j'avance dans la nuit. Une branche craque au sol. J'ai le sentiment que les arbres me regardent, qu'ils chuchotent entre eux. Merde, je suis en train de péter un câble.

Ma gorge s'assèche. Je le sens. Ma respiration devient de plus en plus pénible. J'ai froid. Malheureusement, je ne vois rien qui puisse m'aider. Je suis seule, perdue, au milieu de cette grande forêt.

Putain ! Je ne sais pas quoi faire ! Et ce froid m'empêche de rester concentrée ! Je dois m'arrêter, même si je risque de me faire surprendre. Je dois rassembler mes idées.

J'ai beau vouloir trouver une solution, tout ce qui m'entoure m'effraie. Je me pose sous un arbre, gelée, et là, un cri. Pas n'importe lequel. On hurle mon nom. Ils arrivent ! Merde !

Je tente de ne pas respirer trop fort. Une main sur ma bouche. Je tends l'oreille. Je sens que quelqu'un m'observe. Qu'on me surveille, qu'une présence n'est pas loin. J'entends du bruit au-dessus de ma tête. Les feuilles de l'arbre bougent, une silhouette se dessine au milieu des branches. Je suis pétrifiée. Par le froid, par la peur.

La chose se jette dans le vide et se redresse devant moi. Je suis tétanisée. Mon corps et mon cerveau ne répondent plus.

— Tu es Léna, c'est ça ?

J'aimerais m'enfuir. Mais mes jambes ne bougent pas. L'air est devenu plus glacial. Plus violent. Je le sens sur mon visage.

— Ok, tu es dans un sale état. ROSA ! JE L'AI TROUVÉE !

Rosa ? Mais bon sang, c'est qui ça encore ? Il s'avance près de moi. Je n'arrive pas à me débattre. Mon corps ne m'obéit plus. Il tend ses bras dans ma direction.

— Lâch... Lâchez... Moi...

Un voile commence à couvrir mes yeux. Puis l'obscurité.