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— Lâchez-moi ! Lâchez-moi !

Plusieurs portes s'ouvrent à la volée et de nombreux inconnus accourent vers nous, y compris ceux que j'avais aperçus avant de me retrouver piégée.

— Mais Castiel qu'est ce que tu fabriques ? Arrête bon sang ! Tu vas la blesser !

— Elle allait se casser je ne sais pas où ! Vous vouliez qu'on ait une disparition sur les bras ? Comme si on avait besoin de ça en ce moment ! Qu'est-ce qu'elle foutait seule d'abord ? Pourquoi personne n'a eu la bonne idée de la surveiller ? Ou au moins, monter la garde ?

Plusieurs personnes m'encerclent : le groupe présent avant ma fuite dans la forêt, et trois autres. Parmi eux, je reconnais le garçon qui m'a récupéré dehors, et à ses côtés, celle qui ose hausser le ton contre mon assaillant.

— Bon les gars, et si on essayait de se détendre un peu non ?

— Oh toi le piaf, ferme-la.

Le présumé « piaf » baisse les yeux au sol sans rétorquer pendant que la fille nous regarde, sourcils froncés.

— Tout le monde se calme, c'est clair ? Est-ce que vous savez l'heure qu'il est ?

Tous se retournent, et la pression autour de mon poignet disparaît. Mes yeux s'écarquillent, ma respiration se coupe. L'homme au regard perçant. Suivi de plusieurs autres personnes, il se tient devant moi.

— Alors ? Pourquoi je n'ai pas de réponse ? Qu'est-ce que vous faites tous debout ?

Le silence enveloppe l'atmosphère pesante qui régnait jusque-là. J'observe les visages se pencher en avant, excepté celui de Castiel.

— Monsieur Eagleton, cette idiote cherchait à partir. Je l'ai retenue et ils sont tous arrivés en criant comme si j'allais tuer quelqu'un.

Tel un félin guettant sa proie, il s'approche de moi et place ses mains sur mes épaules sans me perdre des yeux.

— Vous allez tous retourner dans vos chambres. Je vais m'occuper de notre nouvelle recrue.

Nouvelle recrue ? C'est quoi ce bordel ?

Un frisson parcourt mon corps pendant que les autres se dirigent vers leur dortoir. Tous mes membres commencent à trembler, une seule solution me vient en tête.

— Ne partez pas s'il vous plaît !

Ils font volte-face, mais ne bougent pas. Ma poitrine cogne dans ma cage thoracique.

Personne ne va m'aider...

— Cet homme m'a enlevé. Il m'a drogué avec du chloroforme. Je me suis réveillée ici et oui, j'ai voulu m'enfuir. Ne me laissez pas seule avec lui.

Mon cœur explose et je crains que mes larmes ne se manifestent rapidement. Castiel et les trois autres font les gros yeux, la bouche s'ouvrant sans qu'aucun son ne sorte.

— Pardonnez-moi, monsieur Eagleton, mais c'est vrai ce qu'elle raconte ?

Le « piaf » regarde à la fois celui qui me tient et ceux qui viennent d'apprendre la nouvelle. Sa voix est grave et ses poings se serrent lorsque la fille rapplique à côté de lui.

— Non, mais vous déconnez ? Madame Lestra, dites-moi que c'est une erreur !

La plus vieille du groupe reste muette pendant que la demoiselle se met à agiter les bras en l'air.

— Mais c'est quoi ces histoires ? Personne ne peut nous expliquer ou quoi ? Les gars soutenez moi, non ?

— Ça suffit ici !

La dernière porte ouverte, une dame se tient dans l'embrasure faisant taire toute l'assemblée. De toute sa hauteur, elle nous observe de son air sévère pendant que tous s'écartent de moi.

— Tout le monde regagne sa chambre. Rosa, restez ici. Nous allons emprunter la vôtre quelques instants, mademoiselle Wall et moi-même.

Sa voix demeure calme, mais franche. Sèche sans pour autant contenir d'animosité ou d'énervement. Tous s'exécutent sans répliquer avant de disparaître. Elle reporte son attention sur moi puis s'approche, sa longue cape vert émeraude brodée de motifs noirs glissant sur le sol.

— Bienvenue à la cité d'Aleyna, Léna. Je déplore l'attitude de mes élèves et j'ose espérer que monsieur Eagleton ne s'est pas montré trop brutal avec vous en vous emmenant ici, me sourit-elle.

Les mots me manquent. Ma bouche s'assèche et mes lèvres laissent échapper un petit filet d'air. Les muscles de mon corps se crispent pendant qu'elle me scrute de haut en bas. Je tente de réfréner les larmes naissantes au coin de mes yeux en mordillant ma lèvre inférieure qui ne fait que trembler.

— N'ayez pas peur de moi, mademoiselle Wall, me glisse-t-elle en se replaçant devant moi.

— Co... Co... Comment vous...

— Comment je sais ?

Elle rehausse ses lunettes en les poussant en dessous du verre droit.

— Votre température corporelle ne cesse d'augmenter. Vous pourriez être stressée ou énervée, mais la façon dont vous êtes figée et la pâleur qui peint votre visage montrent que vous n'êtes pas en colère, mais plutôt sur la défensive ce que je peux comprendre. Je peux sentir les gouttes de sueur couler le long de ma colonne vertébrale et à chaque centimètre parcouru, elles me provoquent un frisson.

— J'aimerais pouvoir tout vous expliquer, mais pour cela vous devez me suivre.

Comme si l'on braquait un flingue sur ma tempe, j'avance pas à pas dans cette atmosphère pesante et silencieuse. Nous arpentons le long couloir avant d'arriver devant la pièce dans laquelle je me suis réveillée. Une fois entrées, elle s'installe dans un des fauteuils pendant que je prends place en face d'elle.

— Je me doute que vous devez vous poser une quantité de questions, mais je souhaiterais tout vous expliquer avant ça.

Je m'enfonce au fond de la chaise le regard fuyant celui de la vieille dame. Mes doigts s'emmêlent, se démêlent ; mon pied tape nerveusement contre le sol et mes dents mordillent ma lèvre inférieure.

— La citée d'Aleyna se trouve dans un univers parallèle à celui d'où vous venez. Chaque année, le Haut Conseil des sorcières sélectionne une personne de votre monde au hasard, à condition qu'elle ait entre dix-huit et vingt-cinq ans. Pourquoi ? Afin de nous aider et de vivre des choses qui dépassent votre logique.

Citée d'Aleyna ? Univers parallèle ? Sorcière ? C'est quoi ce bordel ? Je me suis endormie en cours, il n'y a pas d'autre explication !

Le Royaume d'Aleyna T.1 [ EN REECRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant