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- Léna ? Il faut se réveiller ma chérie.

J'ouvre les yeux petit à petit et commence à distinguer une silhouette féminine se tenant devant moi.

- Rosa ? Mais quelle heure est-il ?

- Rosa ? Qui est Rosa ?

S'habituant à la lumière, mes yeux me permettent alors de découvrir le visage de celle qui m'a réveillé.

- Maman ?

Elle est bien là je ne rêve pas. Je suis chez moi, je reconnais ma chambre.

Je me lève du lit dans lequel je suis couchée, et avance vers elle en ouvrant mes bras pour l'enlacer. Je me blottis contre elle et ne suis pas surprise de sentir des larmes arrivées aux coins de mes yeux.

- Maman tu me manques tellement.

- Je sais ma chérie, donc profitons de ce moment.

Elle me tire par le bras et nous passons le pas de la porte. Je m'attends à voir le couloir menant au salon, mais le décor change, et ma mère disparaît.

Si je ne me trompe pas, je suis au Royaume, le soir de l'incendie.

- Léna qu'est-ce que vous attendez ? Allez l'attraper !

- Dame Lina ? Mais de quoi parlez-vous ?

- Du voleur ! Vite, courrez !

Je m'élance dans la forêt à la poursuite de cette chimère, et plusieurs rires malfaisants d'hommes et de femmes se font entendre. Se dresse alors devant moi, la silhouette encapuchonnée.

- Qui êtes-vous ?!

Je n'entends rien d'autre que le feu qui crépite et les arbres qui tombent un à un avec fracas. Les bras de l'inconnu se lèvent dans ma direction, et une boule de feu apparaît. Je fais volte-face, prête à partir en courant, mais une fois les talons tournés, il est à nouveau devant moi.

Il faut que je lui fasse face. Comme me l'a dit Madame Soleno, rien ne peut m'arriver.

- Alors, qu'est-ce que vous attendez ? Je suis là et je ne fuirais pas !

Il envoie son projectile dans ma direction avec une telle rapidité, que j'arrive à l'esquiver de justesse. Je reprends à peine mon équilibre, que je dois échapper à une nouvelle attaque. Cette fois ci, je parviens à me cacher derrière un arbre en feu, prenant garde à ne pas me brûler. L'abris derrière lequel je me cachais tant bien que mal, ne tarde pas à tomber sous les flammes, me mettant à la merci de mon assaillant. Il m'envoie une autre boule de feu, et cette fois ci, mes mains semblent décider pour moi de la marche à suivre. Je les laisse me guider, et lorsque la source de chaleur arrive vers elles, elles la lui renvoient. Il réussit à l'éviter, et profitant d'un moment d'inattention de ma part, il s'enfuit. Je sens alors quelque chose me soulever dans le ciel sombre, jusqu'à ce que tout devienne noir.

J'ouvre mes yeux en sursautant, haletante comme si je venais de courir un marathon.

Je suis de retour.

J'essaie tant bien que mal de reprendre ma respiration pendant que la directrice m'apporte un verre d'eau.

- Tout va bien Léna, respirez profondément.

Je prends une grande inspiration, et sens peu à peu les battements de mon cœur se réguler. Je cherche des yeux le cadran affichant le résultat, mais sans succès.

Semblant comprendre ce que je veux trouver, Madame Soleno me le donne. Ma bouche s'entrouvre lorsque mon regard croise le symbole qui s'avère être positif.

Je possède bel et bien l'élément Feu.

Elle se tourne vers les professeurs en laissant échapper un soupir, deux doigts posés sur sa tempe.

- Je crois que nous devrions faire une pause. Allons dans mon bureau pour discuter de ce qu'il vient de se passer. Léna, vous devriez essayer de dormir un peu, nous vous réveillerons pour le prochain teste.

Les professeurs sortent de la salle d'alchimie pendant que Madame Soleno retire les capteurs en me regardant avec un air que je ne lui connaissais pas : un air compatissant.

Peu de temps après la sortie de la directrice, une petite tête blonde vient se glisser dans l'ouverture de la porte, les yeux grands ouverts et un sourire sur le visage.

- Toc toc toc, êtes-vous visible mademoiselle ?

- Mais Rosa, qu'est-ce que tu fais là ? Tu ne devrais pas être au village Aequoris ?

- Si, mais c'est ma pause déjeuner donc j'ai préféré venir te voir plutôt que de rester là-bas.

Elle entre et vient s'asseoir sur une chaise installée à côté de la couchette, et je lui raconte ce que je viens de subir. Lorsque je lui annonce le résultat, je sens qu'elle cherche ses mots, mais la seule chose qu'elle trouve à faire, c'est de prendre ma main dans la sienne.

- Je suis sûre qu'il y a une explication à tout ça. Aussi loin que je me rappelle, personne n'a jamais réussi à maîtriser plus d'un seul élément. Dans toutes les histoires que mes parents me racontaient sur l'institut et les patrouilleurs de l'époque, jamais ils n'ont mentionné un tel pouvoir. Sauf lors de la création du Royaume.

- Lors de sa création ? Qu'est-ce que tu veux dire ?

- Le Royaume a été créé par les quatre premiers patrouilleurs il y a de cela plusieurs siècles. Chacun d'eux maîtrisait deux éléments : le Feu et le Métal, l'Air et la Foudre, la Terre et le Végétal, ainsi que l'Eau et la Glace. Si je me rappelle bien, l'un d'eux avait la faculté de tous les maîtriser. Mais voulant être égal aux autres, il ne se servit que de deux. Ils ont eu des enfants qui eux-mêmes en ont eu, donc si on oublie le fait que tu as vécu dans un autre monde, ta mère est née et a vécu ici tout comme ton père. Possédant chacun un élément, tu pourrais très bien être une descendante lointaine du patrouilleur aux multiples pouvoirs.

Je dois avouer que son explication tient la route, mais il faut reconnaître que ce serait absolument dingue. Une descendante d'un des patrouilleurs, moi ? Il doit forcément y avoir une autre explication.

- Rosa tu devrais retourner au village. Je ne sais pas depuis combien de temps Madame Soleno est partie, mais si elle te trouve ici elle te tuera.

- Ce n'est pas faux. Courage pour le dernier teste. Sois tranquille car dans tous les cas, tu ne seras pas seule, nous serons là.

Elle m'embrasse sur le front avant de s'éclipser, et peu de temps après, mes professeurs et la directrice entrent à leur tour.

Elle s'avance vers moi, la seconde fiole à la main, et sans perdre de temps, j'en avale le contenue. 

Le Royaume d'Aleyna T.1 [ EN REECRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant