𝙻a Citée 𝚍'𝙰𝚕𝚎𝚢𝚗𝚊 ( 1/4 )

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Tout a débuté hier. Comme tous les week-ends, maman m'a réveillé en fin de matinée, juste avant de partir pour sa mission d'intérim. J'ai pris mon petit-déjeuner et me suis rendue à mon travail étudiant, au Starbucks de Westminster.

Armée de ma doudoune blanche, j'ai suivi les ruelles jusqu'au centre-ville, lorsque cette horrible sensation qu'on m'observait m'a frappée. Je me souviens m'être arrêtée et avoir regardé autour de moi, mais rien. Juste des gens trop pressés pour faire attention où ils foutent leurs pieds ou s'excuser quand ils te percutent. L'air était imprégné d'odeurs mêlant remontée d'égout et pot d'échappement. Un vrai plaisir pour les narines et les poumons.

Quand j'ai franchi les portes du café, la clientèle était importante, et malgré ça, ma patronne restait fidèle à elle-même : chaleureuse et souriante. Tout en bavardant avec elle, j'ai vogué de table en table, cherchant d'éventuelles tâches à effectuer. Le service est passé plutôt rapidement, et au retour, j'ai entendu des pas juste derrière moi, lorsque j'ai emprunté une ruelle habituellement déserte. Encore une fois, rien. J'ai repris ma marche avec hâte, jusqu'à l'appartement.

Sur le palier, j'ai retrouvé ma mère dont je suis très proche. Sûrement dû au fait que nous avons toujours vécu que toutes les deux. Notre relation est très fusionnelle, bien loin d'une banale mère-fille.

La table était déjà prête et je me rappelle très bien la délicieuse odeur qui s'est insinuée dans mes narines. Après notre soirée télé du dimanche, je suis partie me coucher, afin d'être en forme pour les cours du lendemain.

J'aurais aimé savoir à ce moment-là ce qui allait m'arriver. Vous allez certainement me dire : « Mais Léna, si nous pouvions connaître le futur à l'avance, ça serait trop facile ». Effectivement, mais j'aurais préféré qu'on me dise que cet événement aurait lieu.

Mon alarme a sonné comme tous les jours, à 6 heures précises. Maman dormait encore, je suis allée la réveiller avant d'aller déjeuner. J'ai pris un chocolat chaud, des tartines de beurre, ainsi qu'un verre de jus de pomme ; le tout en regardant la télé. Rien ne changeait, ma routine matinale se déroulait parfaitement bien. Elle m'a rejointe à table, m'a serrée dans ses bras en guise de « bonjour », puis est allée faire couler un café dans la cuisine. Nous avons discuté de tout et de rien, malgré le fait que nous avions toutes les deux encore la tête dans le cul.

J'ai tout rangé, suis allée dans la salle de bain brosser mes dents, me coiffer et me maquiller, juste avant de m'habiller, bref, comme tous les jours. J'ai opté pour un jean gris et un pull à col roulé noir, vu les températures de ces derniers jours.

Après avoir embrassé ma mère avec amour et mis mes chaussures, je suis partie.

Affrontant ce putain de froid, je n'avais qu'une envie : me réfugier à l'intérieur du tube. Par chance, une place semblait m'attendre, entre un papi au crâne dégarni, et un jeune avec un skate dans une main. J'ai pris mon livre préféré : Harry Potter à l'école des sorciers, pour m'aider à patienter pendant ce court trajet.

Une voix est sortie des haut-parleurs pour annoncer la première mauvaise nouvelle de la journée.

« Mesdames et messieurs, votre métro doit s'arrêter pour des raisons techniques. Merci de ne pas essayer d'ouvrir les portes. Nous nous excusons pour la gêne occasionnée et reviendrons vers vous dès que possible. »

À ce moment-là, j'ai dit mot pour mot : « Putain de merde, fais chier ! », sous le regard énervé des personnes qui m'entouraient. Ce n'est pas la première fois que le tube connaissait des retards ou des arrêts en pleine voie, mais ce matin-là se déroulait le dernier cours avant nos partiels d'écriture créative. Ce n'était pas le bon jour pour être à la bourre. Lorsque tout a redémarré, une heure s'était déjà écoulée.

À l'ouverture des portes, je me suis précipité à l'extérieur, courant à travers les rues de Bloomsbury. J'ai gravi les marches du hall de la fac quatre à quatre, et ai pénétré en trombe dans le grand amphithéâtre. Tous les yeux se sont focalisés sur moi. J'ai toujours détesté être au centre de l'attention.

En remontant les rangées de la salle, je me suis assise tout en haut, afin d'être tranquille. La journée avait mal commencé, mais paraissait redevenir normale.

Je me souviens avoir regardé l'heure : 16 heures 30. Le cours battait son plein, lorsque quelqu'un a frappé à la porte. L'homme au regard perçant.

— Excusez-moi de vous couper pendant votre classe, mais le directeur souhaiterait s'entretenir avec mademoiselle Wall, informait-il.

Je l'ai suivi à travers les différents corridors, sans me soucier de rien, pas même de son air froid que je n'avais, à ce moment-là, pas remarqué.

Puis tout s'est passé très vite.

Un couloir vide. Aucun témoin.

En y repensant, je doute également que le proviseur fût dans son bureau. Sinon, il m'aurait entendu crier à ce moment précis. Cet instant, où l'individu qui se tenait devant moi, a maintenu mes bras dans mon dos d'une seule main, et de l'autre, a plaqué un bout de tissu contre mon nez et ma bouche. Tout est devenu noir.

Le Royaume d'Aleyna T.1 [ EN REECRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant