Me retrouver dehors me rappelle ma course de la veille, et je peux enfin voir, tout ce qui était invisible à mes yeux. J'avance au milieu de l'herbe verte, à quelques mètres du chemin pentu, et me mets à penser à ma mère. Je me demande si elle ressent quelque chose qui pourrait lui faire comprendre que j'ai des ennuis. Enfin, ce ne sont pas vraiment des ennuis si on oublie la façon dont tout ça s'est produit.
- Comment ça va en bas ?
Instinctivement, je lève les yeux au ciel et voit quelque chose qui défie toute logique. Gabriel. Je le regarde descendre lentement jusqu'à ce qu'il pose ses pieds sur la terre ferme. Vu le regard ébahi que je dois avoir, cela ne m'étonne pas de le voir éclater de rire.
- Tu en tires une tête !
- Désolé. Mais chez moi, les gens ne font pas ça. Donc ...
- C'est vrai j'oubliais. Excuse-moi.
Il a sincèrement l'air désolé mais il n'y a pas de quoi. Nous nous regardons quelques secondes et je remarque seulement maintenant qu'il est bien plus grand que moi. Et assez musclé je dois dire. Il a également un très beau sourire.
- Du coup, tu maîtrises l'air c'est ça ? Mais alors quoi ? Tu voles et tu créés des ouragans ?
Un regard surpris se dessine sur son visage comme s'il ne s'attendait pas à ce que je m'intéresse à tout ça.
- Entre autres oui, mais je peux faire pas mal d'autres choses aussi. Mais tu sais, tu n'es pas obligée de faire semblant de t'intéresser à ça.
- Non je ne fais pas semblant. J'ai toujours rêvé de pouvoir voler. Malheureusement ce n'est pas possible pour moi, mais le fait de te voir le faire c'est vraiment impressionnant.
Entendant cela, je vois son regard s'illuminer et bizarrement, cela me fait esquisser un sourire. Sourire que je remplace assez vite par de l'incompréhension en le voyant s'approcher de moi, les bras grands ouverts.
- Qu'est-ce que tu fais ? Je ne crois pas que ce soit approprié et...
- Fais-moi confiance.
Pour je ne sais quelle raison, je le laisse faire. Il me soulève juste un peu, de sorte que mes pieds se retrouvent sur les siens, et tient fermement mes hanches de ses deux mains.
- Accroche toi à moi, et surtout ne ferme pas les yeux.
Je ne sais pas trop à quoi m'attendre, c'est une situation assez inhabituelle pour moi car je n'ai jamais été très proche des garçons. Je suis trop timide et j'aime rester dans mon coin, donc cette proximité avec Gabriel me met un peu mal à l'aise. J'enroule mes bras autour de sa taille et attend de voir ce qu'il se passe. En quelques secondes, je passe d'un état statique à la sensation étrange d'être dans un ascenseur en mouvement, et je dois avouer que je ne comprends pas trop ce qui est en train d'arriver.
- Alors Léna, que penses-tu de la vue ?
Maintenant je réalise parfaitement ce qu'il se passe. Je vole !
Il a dû me demander de mettre mes pieds sur les siens pour ne pas tomber et de m'agripper à sa taille pour ma sécurité. C'est à peine croyable !
- Gabriel c'est fantastique !
Je l'entends rigoler pendant que nous continuons de monter. Lorsque nous arrivons bien plus haut, il marque une pause pour me laisser le temps d'admirer la vue. C'est magnifique. Je peux voir plusieurs petits villages au loin ainsi que l'eau de la mer briller, et je ne peux m'empêcher de crier. Ce genre de cri que vous poussez quand vous avez un trop plein d'émotion, et qui une fois sorti, vous fais vous sentir entièrement vide. Gabriel redescend ensuite jusqu'à ce que nos pieds touchent le sol. Nous nous détachons l'un de l'autre en nous regardant, et les larmes aux yeux, je m'autorise à le prendre dans mes bras de nouveau.
- Merci de m'avoir donné l'opportunité de vivre mon rêve.
Il propose ensuite de me faire visiter les environs, chose que j'accepte sans hésitation.
- Dis-moi, tu as toujours eu ces pouvoirs où s'est arrivé complètement au hasard ?
- C'est arrivé lorsque j'avais 10 ans. Grâce, ou à cause, tout dépend du point de vue bien sûr, à un pari idiot que j'avais fait avec mes copains. Je suis originaire du village Ignisalis qui se situe au sud-ouest du Royaume, et très souvent, les jeunes s'amusaient à escalader les gros arbres pour sauter dans le petit court d'eau qui traverse le village. J'ai un grand frère qui se moquait souvent de moi avec ses amis car je n'étais pas très habile. Je voulais faire partie de leur bande tu vois ce que je veux dire ? Et un jour ces idiots m'ont dit que si je voulais faire partie de leur groupe, je devais monter tout en haut du plus gros arbre et sauter dans l'eau. C'était dangereux pour un enfant de mon âge mais je voulais montrer que j'étais téméraire alors j'ai accepté. Mes parents m'ont engueulé quand ils ont appris ça mais je m'égare. J'ai commencé à grimper, un pas puis deux puis trois, j'étais arrivé à mi-hauteur c'est à dire à peu près trois mètres quand je pensais m'être accroché à une prise solide mais malheureusement ma main a glissé. Déconcentré par ça, j'ai perdu l'équilibre et j'ai fait une chute. Je me rappelle avoir vu ma vie défilée devant mes yeux ainsi que de m'être arrêté de chuter à moins d'un mètre du sol. Je lévitais. C'était un truc de dingue tu aurais dû voir ça ! Après ça, mon frère s'est fait punir de sortie pendant un mois et moi j'ai eu le droit à une visite de l'institut pour passer toutes sortes de tests. Et jusqu'à mes 18 ans, je suis souvent venu ici pour faire des stages pour apprendre à canaliser tout ça. Maintenant j'ai 24 ans, je maîtrise ma faculté et je me suis bien habitué à ma vie ici.
Je suis très surprise car il me raconte ça avec une telle aisance, comme s'il me lisait une histoire ou qu'il me racontait quelque chose de totalement normal.
- Et tu arrives à voir ta famille ? Est ce qu'ils viennent souvent ?
- Oui je peux les voir quand j'ai un peu de temps libre mais eux ne peuvent pas venir. Tu vois le portail juste avant la descente ? Nous pouvons le franchir librement pour sortir de l'institut, mais pour y entrer, nous devons poser notre main sur le lecteur d'empreinte pour que le portail s'ouvre. Seules les personnes vivant à l'institut peuvent passer.
Tout en discutant, nous nous dirigeons à droite de l'institut, et après avoir traversé quelques parterres de fleurs et suivi un chemin terreux, nous arrivons à l'entrée d'une grande forêt bordée par une clôture de fer.
- Tu vois toute cette forêt ? C'est ce qu'on appelle une zone d'entraînement. C'est pour ça qu'elle est délimitée par cette clôture. Pour que Dimitry sache se repérer dans sa zone.
- Mais oui bien sûr, Dimitry maîtrise l'élément Terre ça tombe sous le sens qu'il s'entraîne dans une forêt.
- Exactement. Et seules les personnes maîtrisant cet élément peuvent entrer dans cette zone. C'est ainsi pour éviter tout conflit entre les éléments. Continuons de contourner la forêt si tu veux bien.
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Le Royaume d'Aleyna T.1 [ EN REECRITURE]
FantasiaLéna est une jeune fille banale mais ambitieuse de 23 ans, vivant avec sa mère. Elle a déjà planifié sa vie il y a plusieurs années : finir sa fac de lettres, écrire son premier roman, être publiée, se trouver un gentil petit ami ... Mais ça, c'éta...