Le Royaume d'Aleyna T.1 [ EN REECRITURE]

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L'expression sur son visage est impayable : ses yeux vont et viennent du sol à ma main un bon nombre de fois, sa bouche est semi-ouverte, sans qu'aucun mot n'en sorte.

- Tout va bien Cina ?

- C'est impressionnant ! je n'ai jamais vu quelque chose comme ça d'aussi près.

- Je le referai quand tu veux. Si nous repartions ?

Sur la route, nous croisons plusieurs laineux en quête de câlins que nous leur donnons avec tendresse. D'après Cina, ce sont des créatures très amicales et joueuses qu'on pourrait facilement domestiquer, mais personne n'a voulu le faire, car ces animaux vivent bien mieux en liberté.

Nous enjambons plusieurs cours d'eau emplis de cailloux et passons devant un nombre incalculable d'arbres de toutes sortes, avant de commencer à apercevoir l'entrée du village.

Certains habitants viennent nous saluer avec sourire, et les enfants nous prennent dans leurs bras. Nous allons de maisonnettes en maisonnettes, jusqu'à apercevoir l'une d'entre elle, qui ravive en moi un assez bon souvenir : Nela. Voyant un groupe de filles s'avancer vers nous, et plus précisément vers Cina, je lui indique que je reviens et m'empresse de rejoindre la petite cabane, en regardant mon ami se faire harponner par les demoiselles.

- Nela ? Vous êtes chez vous ? C'est moi, Léna.

- Léna ma chère, entrez.

Elle n'a pas changé depuis la dernière fois que je l'ai vu. Sa maison non plus d'ailleurs, mis à part la présence d'un lit dans le petit salon.

Elle doit sûrement héberger un habitant du village Terrenumis.

- Comment allez-vous Nela ?

- Je vais bien, et comme vous pouvez le voir, j'ai de la visite en ce moment. Beaucoup d'entre nous accueillent des habitants qui ont subis le dernier incendie.

- Je suis soulagée de voir que tout semble aller pour tout le monde.

- Léna, vous ici ?

Je me retourne en un mouvement, et découvre la voyante que j'apprécie tant.

Serait-ce elle qui vit avec Nela ?

- Dame Lina, cela me fait plaisir de vous voir. Est-ce vous qui habitez ici ?

-Bien sûr. Quel que soit leurs âges, on ne sépare jamais deux vieilles copines voyons. Mais dites-moi, que faites-vous ici ? Quelque chose me dit que vous êtes tourmentée.

- Oui c'est exact, et je suis contente de tomber sur vous. Je crois que quelque chose se prépare.

Pendant que Dame Lina prend place sur une des chaises, je commence mon récit, et le fait de voir le visage de cette dernière s'assombrir de plus en plus me fait clairement comprendre que j'ai bien fais de leur en parler. Nela se tourne en direction de son amie, cherchant à lui attraper la main.

- Tu sais ce que ça veut dire Lina ?

- Oui. C'est le début.

Le début de quoi ? Je ne comprends pas où elles veulent en venir.

- De quoi parlez-vous Dame Lina ?

- Ecoutez moi bien. Un grand bouleversement va bientôt arriver dont la cause remonte à il y a bien longtemps. Vous ferez un tour dans votre passé, avant de revenir là où est vraiment votre place.

- Quel passé ? Et que signifie, « revenir là où est ma place » ?

- Vous soupçonner Madame Soleno n'est-ce pas Léna ?

- Où voulez-vous en venir ?

- Tout n'est pas aussi simple que ce que vous avez devant les yeux. Le moment venu, il faudra que vous soyez prête. Et surtout n'oubliez jamais : tenez le cristal, et vous aurez vos réponses.

Comme à leurs habitudes, les énigmes de Dame Lina sont toujours aussi indéchiffrables.

Je ne comprends pas un traître mot de ce qu'elle essaye de me dire.

- Dame Lina s'il vous plaît, vous qui avez un don de voyance, ne sauriez-vous pas qui est la personne que je cherche ?

- Vous n'êtes pas encore suffisamment forte pour avoir cette réponse. Revenez me voir lorsque vous saurez vraiment où est votre place. A ce moment là uniquement, je répondrais à votre question.

- Soyez raisonnable, le Royaume est en danger ! Vous ne pouvez pas parler en faisant autant de mystère dans un moment pareil.

- Je ne peux rien vous dire de plus aujourd'hui, pour votre sécurité, mais aussi la nôtre. Ayez confiance en vous, et le moment venu, vous saurez quoi faire.

J'ai la désagréable impression qu'ils se sont tous donnés le mot de me couper dans mes recherches. Flûte, j'en oublie presque Cina !

Je jette un coup d'œil par l'une des fenêtres : il semble toujours en pleine discussion avec les jeunes filles que nous avons croisé tout à l'heure. Je me tourne vers la dame aveugle, qui est restée plus ou moins silencieuse depuis mon arrivée.

- Nela, que pensez-vous de tout cela ? Vous ne m'avez encore rien dis à ce sujet.

- Je n'ai pas de don de divination comme mon amie, mais pour moi, la directrice de l'institut est une personne intègre. Vous n'avez peut-être pas compris pourquoi elle veut vous tenir à l'écart des problèmes actuels, mais la connaissant, elle doit avoir de très bonnes raisons. Aussi loin que je me rappelle, elle n'a jamais rien fait par hasard.

- Serait-il possible que les incendies aient pu être accidentels ?

- Accidentel ou non, nous partons du principe que rien n'arrive par hasard. Par conséquent, "l'accidentel" comme vous dites, n'existe pas.

Si tout le monde fonctionne comme ça, cela risque d'être compliqué pour moi, vu que pour ma part, le destin n'existe pas. Si on veut que quelque se produise, on doit le provoquer soi-même.

Je devrais partir. Cina doit s'impatienter, et je ne pense pas que j'arriverai à tirer quoi que ce soit de Nela et Dame Lina. Je les remercie de leur accueil et de leur aide, puis accours vers mon ami entouré de filles.

- J'espère que je ne t'ai pas trop fait attendre.

- Non, ne t'inquiète pas. Ces charmantes demoiselles m'ont tenu compagnie jusqu'à ton retour.

Je le regarde faire un sourire des plus charmeur au groupe de midinettes attroupé autour de nous, avant de me suivre en direction de la cascade.