J'arpente le couloir de la rédaction comme si je ne l'avais jamais quitté et me dirige la tête haute vers le bureau d'Henri. Je frappe et attends le fameux "entrez" qui ne tarde pas. J'ouvre la porte rapidement, mon ex-patron en pleine forme, il semble sincèrement heureux de me revoir depuis tous ces mois.
- Marie ! Comment vas-tu ?
- Henri salut, je vais très bien merci. Écoute, ça va te paraitre étrange, mais j'aimerais qu'on m'appelle par mon vrai prénom...
- Quand je pense à tout le mal que j'ai eu avant de m'adapter à Marie, maintenant tu me demandes encore une fois de changer.
Il éclate de rire et continue sur la même lancée.
- Urielle ! C'est bien ça ?
- Oui.
Il me prend les mains.
- Félicitations, pour ton mariage !
- Merci beaucoup.
- Bon, tu commences tout de suite bien sûr, je te conduis à ton bureau.
- Et comment va Eleanor ?
Il semble changer d'attitude d'un coup, comme s'il me cachait quelque chose.
- Elle va bien, elle est un peu moins présente en ce moment.
Je le suis sans relever mes doutes, mais lorsque j'arrive dans mon espace, une pièce flambant neuve, je ne peux m'empêcher de me demander ce qui se passe.
- Henri ?
À l'intonation de ma voix, il se raidit comme s'il sentait que j'allais le cuisiner.
- Oui.
- Ne me prends pas pour une idiote. Tu peux m'expliquer ?
- Je ne vois pas de quoi tu parles.
Il est effectivement mal à l'aise.
- Henri, je dois savoir. Y a-t-il un quelconque rapport avec mon mari ?
Il me met les bras sur mes épaules, il doit bien me dépasser de deux têtes.
- Écoute, je ne peux rien te dire, mais il ne faut pas que tu sois inquiète, tout va bien.
Je n'en peux plus, je commence à péter les plombs.
- Henri ! Tu vas me dire tout de suite ce qu'il s'est passé, ou je l'appelle maintenant et crois moi, je le saurais !
Il panique clairement quand il continue.
- Non, non. OK, je vais te le dire, mais promets moi de ne pas le mettre au courant de cette discussion.
- Oui, tu as ma parole.
- Ton mari est venu me voir la semaine dernière, il m'a demandé pourquoi je ne t'avais pas gardé, je lui ai expliqué qu'on avait des soucis de budget et qu'on ne pouvait pas se permettre de conserver dans l'équipe des petites pigistes. Il a dégainé un carnet de chèques et il voulait racheter le journal. Je ne l'ai pas pris au sérieux et je lui dis que ça ne marchait pas comme ça, alors il m'a demandé combien je gagnais par an. Je n'ai pas saisi sur le moment ce qu'il souhaitait, c'était tellement étrange, mais quand je lui ai montré la porte pour qu'il sorte, il m'a fait un chèque conséquent à mon nom et m'a confirmé que la rédaction n'allait plus avoir de problèmes de trésorerie dorénavant. En échange, il fallait que je te réembauche et que jamais tu ne devais être au courant de ce marché entre nous. Il était persuasif et vu le montant qu'il a signé, tu imagines bien que je n'ai pas pu refuser. Tu comprends, j'ai pu payer toutes mes dettes ! Quelques jours plus tard, le journal a reçu de quoi renflouer toutes ses caisses... Je t'en supplie Mar...Urielle ne dit rien à ton mari, il voudrait reprendre tout ce qu'il nous a donné...
Je suis complètement stupéfaite, un mélange de rage et de frustration s'empare de moi. Mais lorsque je vois Henri dans cet état, je décide évidemment de ne rien dire à Ezéchiel, mais au plus profond de moi, je fulmine, je sais qu'il ne perd rien pour attendre.
- Très bien Henri, j'espère que tu n'es pas trop déçu de réembaucher par la force des choses une petite pigiste !
- Non, je t'assure, je t'aurais bien gardé, mais nous devions trouver le moyen de faire du chiffre et...
- Bon, écoute, ce n'est pas grave, je ferai de toute façon mon maximum pour ton journal.
Je lui lance un clin d'œil et il s'éclipse la tête basse en fermant la porte derrière lui. Je suis dans une colère noire, je ne sais pas à quoi Ezéchiel joue, mais je commence à perdre patience. D'un geste, je place le pendentif autour de mon cou, car même s'il m'a promis de ne pas m'espionner, je ne dois pas prendre de risques, le connaissant il pourrait tout aussi bien être dans les parages. Il me prend vraiment pour une idiote ! C'est insupportable, il contrôle ma vie et s'assure d'avoir des alliés à tous les coins de rue. Je me sens épiée de tous les côtés et je n'ai qu'une envie, c'est de disparaitre quelque temps, juste pour donner le change. Je finis par me calmer et quand vient l'heure de déjeuner je saisis mes affaires. Malgré les consignes d'Ezéchiel, je sors sans le prévenir, j'en profiterai pour prendre un sandwich. J'ai gardé mon collier autour du cou, ce qui me permet d'être sereine, en même temps, je ne vois pas ce qu'il pourrait finalement me faire s'il l'apprenait. De retour à la rédaction, je me rends compte que cette première escapade m'a fait du bien et je remercie Clara pour son petit bijou bien pratique...
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MB MORGANE - Ezéchiel - Tome 3 [Terminé]
ParanormalAttention, voici le Tome 3 de la série fantastique : Urielle, Abel et Ezéchiel. Vous devez pour bien tout comprendre lire les deux tomes précédents. Avril 2020 : en cours d'écriture... mais je poste tout de même les Épisodes au fur et à mesure. "Abe...