MB MORGANE - Ezéchiel - Tome 3 [Terminé]

Episode 20

Le plafond est d'un blanc parfait, presque immaculé. La lumière traverse les persiennes et se projette dans la chambre en bougeant au rythme des feuilles. Je ne me rappelle plus vraiment de ce qui s'est passé hier soir. J'ai suivi Ezéchiel et Aurel dans un bar, il y a eu une altercation avec deux filles, mais sans doute autre chose, je tente de me souvenir, rien. J'entends des pas dans l'escalier, la porte s'ouvre sur un plateau-repas et sur lui. Il est sublime comme toujours et parait plus beau que jamais.

- Mon amour, comment vas-tu ?

- Bien. Enfin je crois...

Il fronce ses sourcils.

- C'est-à-dire ?

- Je ne suis pas idiote Ezéchiel, qu'est-ce qui s'est passé hier soir pour qu'Aurel efface ma mémoire ?

Il se lève et marche à travers la pièce.

- Effectivement, tu n'es pas idiote...

J'attends la suite sans broncher.

- Je ne t'ai pas prévenu, c'est de ma faute. Je pensais que tu...

Le silence s'installe encore une fois, mais je ne le laisse pas s'éterniser.

- Est-ce que tu peux finir tes phrases ?

Il se retourne d'un coup, il parait inquiet.

- Oui. La prochaine fois, on sera plus prudent. Ils étaient très nombreux...

- Ezéchiel !

Ma voix a résonné comme un glas.

- Tu as assisté à ce que je leur ai fait... je suis désolé.

Je baisse les yeux et comprends que la scène devait être incroyablement violente. Il vient s'assoir sur le lit et me prend les mains.

- Il n'y a pas trente-six solutions pour détruire un démon, il faut lui ôter son véhicule charnel et puis procéder à un exorcisme. C'est ce que j'ai fait hier, comme tous les autres soirs... Je ne pensais pas que tu allais réagir comme ça.

- Et comment ai-je réagi ?

Il n'ajoute rien, mais serre la mâchoire. Alors je soupire en fermant les yeux.

- Ezéchiel ?

- Oui.

- Je veux aller voir Abel...

Ses iris se chargent de rouge, son visage tressaille quand il ouvre doucement la bouche.

- Pourquoi ?

- J'ai des choses à lui demander.

- Tu peux me les demander...

Je lui souris tendrement.

- Je suis désolée.

Il se lève d'un bond et essaye de se contenir, mais je sens qu'il est proche de l'explosion. Il respire avec force en inspirant de larges bouffées d'air. Ses yeux vacillent entre le rouge et le brun.

- Je te promets que tout ira bien. S'il y a bien un endroit où je ne risque rien sans toi, c'est là-bas.

- Ce n'est pas la question.

- Tu ne peux pas m'empêcher de le faire et je te mets au courant. Il n'y a aucune dissimulation de ma part...

Je me lève pour aller vers lui, mais il se déplace vers la porte d'entrée.

- Je ne vois pas ce qu'il peut t'apporter de plus que moi.

- Tu dois me faire confiance comme tu souhaites que je te fasse confiance.

Il saisit le montant de l'encadrement et serre si fort, qu'il le broie entre ses doigts.

- Quand veux-tu y aller ?

- Quand tu veux...

Il sort de sa poche son téléphone portable, pianote et attends la communication en me dévisageant, il est sombre.

- Clara ! Tu peux venir tout de suite s'il te plait. Merci.

Puis il raccroche en s'approchant de moi.

- Plus vite ce sera fait, plus vite je me calmerais...

Ses yeux sont définitivement rouges maintenant quand il dit.

- Il y a néanmoins deux choses que je veux savoir avant de te laisser y aller.

J'attends avec appréhension en oscillant de la tête.

- Ce que tu vas lui demander... Est-ce que cela me concerne ? Ne me mens pas !

- Oui.

J'ai peur de ses réactions quand je vois ses mains se refermer sur elles-mêmes.

- OK, et la deuxième chose... est-ce que tu l'aimes !

Ses yeux me transpercent, je suis à vif... j'ouvre la bouche lentement. Je ne dois pas hésiter une seule seconde, mon sang se réchauffe comme pour me protéger...

- Je... Non.

Soudain il me prend le menton et essaye de déterminer si je mens ou pas. Il me perce, me jauge, me déshabille l'esprit. Mon cœur s'accélère et il s'approche de mon visage. Puis, il glisse vers mes lèvres, pose les siennes avec une passion folle et délirante. Ce contact me cambre, j'oublie mes craintes, mes doutes et je fonds en relâchant toutes les parties de mon corps. Il le verrouille, le soutient lorsqu'il décide de m'embrasser sans relâche jusqu'à ce que je perde la dernière particule d'oxygène de mes poumons. Puis d'un coup, il se retire et m'observe, je suis chancelante, j'ai les yeux fermés et la bouche brulante.

- Alors, souviens-toi de ça quand tu seras avec lui !

Puis il quitte la pièce en claquant la porte.