Ce mois vient de s'écouler comme un rêve, je ne pense plus à mes problèmes, juste à la vie parfaite que m'offre Ezéchiel. Il n'y a plus de mensonges, de doutes, d'appréhension. Tout est merveilleusement doux et calme. Mé est sortie de l'hôpital depuis quelques semaines, mais Axel y est toujours. Il se remet lentement de ses nombreuses blessures et de ses fractures. Je suis allée le voir plusieurs fois, mais aujourd'hui Ezéchiel m'accompagne. Il gare sa voiture dans le parking, je sais qu'il fait certains efforts pour venir le rencontrer. Lorsque nous sommes face à sa chambre. J'hésite à frapper, comme si j'appréhendais une situation que je ne désire pas vraiment. Mais c'est Mathusalem qui fait le geste avant moi. On répond aux trois coups par un « entrez » franc et sec. J'ouvre la porte et le vois devant la baie vitrée en train de fumer. Il se retourne un sourire aux lèvres avant de se fermer en posant ses yeux sur mon mari. Il écrase sa cigarette contre l'encadrement de la fenêtre, au vu des nombreuses marques marron sur le plastique, ce n'est pas la première. Il ne décroche pas un mot et prend ses béquilles pour rejoindre son lit. Le silence qui règne est plus que déstabilisant alors j'ose le rompre.
- Axel, comment vas-tu ?
Il souffle en s'asseyant et esquisse un rictus de douleur tout en disant :
- C'est la forme olympique, ça ne se voit pas ?
Je ne comprends pas sa froideur, il ne m'avait pas semblé qu'il soit comme ça quand je lui ai rendu visite. En même temps, c'est la troisième fois que je viens le visiter. La première, il avait été plongé dans le coma, la deuxième, il sortait à peine de ce dernier et l'on avait pu échanger quelques mots, il paraissait pourtant sincèrement heureux que je me sois déplacée pour lui. Je ne pouvais bien évidemment pas l'oublier, après ce qu'il a fait pour moi chez Byleth.
- Je trouve que tu récupères vite...
Il éclate de rire sans me regarder, puis je continue ne sachant pas comment réagir.
- Je te présente Ezéchiel...
- Je sais qui il est... ne te donne pas la peine de le faire.
Il pose ses béquilles sur le rebord du lit, c'est à cet instant que mon mari s'avance pour lui tendre la main.
- Bonjour Axel...
Mais il reste sans bouger, il ne lui rend pas sa poignée et se tourne vers lui, son regard ne plaisante pas, la colère se lit avec évidence. Ils se toisent un moment avant qu'Ezéchiel ne se ravise en se redressant.
- Je voulais vous remercier pour ce que vous avez fait pour ma femme.
Axel plante ses yeux dans ceux d'Ezéchiel, son expression est clairement dédaigneuse, il saisit un paquet de cigarettes et en sort une, il la tapote un peu sur le carton. Il entreprend ensuite de l'allumer, prend une large bouffée tout en disant calmement.
- Va te faire foutre...
Alors les poings de mon mari se referment lentement et je m'approche doucement, n'en croyant pas mes oreilles. Je me place à côté de lui et regarde ses iris qui se parent de rouge. Axel essaye de se mettre debout devant lui avec une certaine difficulté et lui souffle sa fumée dans le visage. Je me raidis, j'espère qu'il va garder son self-control quand mon ex amène ses doigts vers la poche de la veste de Mathusalem pour en saisir ses lunettes de soleil et lui tendre avec dédain. Ezéchiel tente de reprendre le dessus sur ses émotions et attrape avec rapidité ses Ray Ban pour les placer sur son nez.
Aussi Axel esquisse un sourire dans ma direction.
- Pourquoi es-tu venue me voir Urielle ? En souvenir du bon vieux temps, c'est ça ?
Ezéchiel fait un pas vers lui menaçant, mais je plaque ma main sur son buste pour l'arrêter, je m'avance vers lui et lui chuchote.
- Tu peux nous laisser seuls quelques minutes, s'il te plait ?
Il hésite un instant, son esprit évaluant la situation rapidement. Puis il me prend avec force mes lèvres pour me déposer un baiser sauvage et passionné avant de tourner les talons et de quitter la chambre en jetant un denier regard assassin à Axel. Je change d'attitude d'un coup.
- Axel ! Non, mais, tu dérailles !
Il se met à rire tout en m'envoyant à moi aussi de la fumée dans le visage, que j'évacue d'un revers de la main en toussant.
- Ça te fait rire ? Tu sais ce que ça lui a couté de venir ici ?
Mais il tourne sa tête vers moi, il est à nouveau froid.
- Tu te fous de moi ? Je dois maintenant être compatissant... Mais merde ! Je ne t'ai rien demandé, Urielle. Barre-toi de ma vie !
Je croise les bras.
- Ha, je vois le connard est de retour !
Il ne répond rien, ne bouge plus et me regarde, je crois percevoir une forme de tendresse qui est bien vite effacée par ce qu'il s'apprête à dire.
- Tu sembles apprécier les connards, non ?
Je reste stupéfaite par tant de provocations.
- Mais de quoi parles-tu ?
- De ton mec, c'est le plus grand connard que je connaisse.
- Tu es infâme, je te déteste...
- Parfait, comme ça tu vas me foutre la paix...
Il écrase encore une fois sa cigarette sur le rebord de la fenêtre et je suis terriblement en colère quand je lui lance.
- Merci pour ça ! Je ne me sens plus coupable pour tes blessures.
- Mais ma pauvre Urielle, il n'y a qu'un seul coupable ici. C'est lui !
- Tu aurais voulu me laisser à Byleth ? C'est ça ?
Il frappe du poing la table devant lui.
- Tu ne comprends rien de rien... c'est affligeant.
- Parce que toi, tu sais tout, c'est ça ?
- Figure-toi que j'en sais plus que toi, oui !
- Parfait, je t'écoute.
- Ton mec se sert de toi, comme tout le monde se sert de toi et s'est déjà servi de toi !
- C'est faux !
- Tu es bien naïve...
Il s'avance en boitant et pose une main sur mon épaule.
- Et si je te disais que tout est prévu, tout est écrit...
Je le regarde avec intérêt, cela me rappelle la discussion que j'avais eue avec Abel justement sur ce qui me semblait être une évidence. Il continue en se moquant ouvertement de moi.
- Tu es touchante et bien écervelée comme l'a toujours voulu ton père.
Alors je le gifle d'un coup, il lève lui aussi sa main sur moi, mais se ravise au dernier moment. J'ai des larmes qui coulent sur mon visage lorsque je plonge mes yeux dans les siens. Je me retourne et vais pour quitter la pièce quand il me retient par le bras.
- Urielle, je n'ai jamais voulu ça pour toi.
- Tu parles, ça te fait bien marrer de me faire souffrir...
- Détrompe-toi. Écoute, si un jour tu te réveilles, tu pourras venir me voir.
Je ne comprends rien à ce qu'il insinue alors je me détache de lui et ouvre la porte quand j'entends une dernière fois sa voix.
- Si j'étais toi, je ferais un test de grossesse...
Je bloque une demi-seconde dans ma position, puis je claque la porte et vais rejoindre Ezéchiel au rez-de-chaussée...
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MB MORGANE - Ezéchiel - Tome 3 [Terminé]
ParanormalAttention, voici le Tome 3 de la série fantastique : Urielle, Abel et Ezéchiel. Vous devez pour bien tout comprendre lire les deux tomes précédents. Avril 2020 : en cours d'écriture... mais je poste tout de même les Épisodes au fur et à mesure. "Abe...