MB MORGANE - Ezéchiel - Tome 3 [Terminé]

Episode 7

- Urielle !

Clara me secoue avec nervosité, j'ai du mal à revenir dans mon corps. Je manque de tomber sur le côté quand elle me saisit l'épaule encore une fois.

- Réveille-toi, j'ai entendu la voiture de Mathusalem.

À ce nom, j'agrandis les yeux d'un coup et me lève comme je peux. Je regarde machinalement l'horloge, il est presque six heures. Comment ai-je pu partir aussi longtemps ? Je ne m'en suis pas rendu compte. Elle m'enlève la médaille et me la place dans la poche, elle fait de même avec la sienne quand la porte d'entrée s'ouvre. Ezéchiel s'avance, mais il boite...

- Vous ne dormez pas.

Il esquisse un petit rictus de douleur lorsqu'il s'assoit sur le canapé. Je m'approche de lui et tente de regarder ce qui le fait souffrir quand il m'amène à lui et dépose avec passion un baiser sur mes lèvres. Il sent la sueur, l'essence et le goudron.

- Mon amour, si tu savais comme je suis heureux que tu n'es pas fait de bêtises.

- Tu as mal ?

- Ça va passer...

Je vois du sang couler de sa jambe droite et me lève pour aller chercher des ciseaux. Il s'adresse à Clara en contenant sa voix.

- Aurel est dehors. Merci, Clara tu peux partir...

Ni une ni deux, elle enfile son blouson et quitte la maison en me faisant un signe de tête.

J'entreprends de découper son pantalon, mais au moment de le faire il me saisit le poignet.

- Attends, il va me falloir autre chose. Monte à l'étage et tu trouveras dans mon armoire une petite valise, amène-la, s'il te plait.

Il a parlé d'une traite et la douleur faisait faiblir sa voix au fur et à mesure. Je ne peux m'empêcher de m'inquiéter et je reste statique un moment.

- Mon amour, tout va bien se passer, tu dois suivre mes instructions.

Il a tourné son merveilleux visage vers moi, ses cheveux noirs désordonnés encore mouillés par l'effort pendent sur son front. Je m'exécute en montant rapidement les escaliers en direction de notre chambre. Je trouve effectivement cette valise et redescends aussitôt.

Il a découpé lui-même son jean et je pose mes yeux doucement et non sans appréhension sur ce qui le fait tant souffrir. C'est terrible et je pousse un cri à la vision de sa cuisse. Je sens que je vais tomber dans les pommes alors il me prend l'avant-bras tout en disant.

- Urielle, prends sur toi. Encore une fois, je t'assure que tout va bien se passer...

- Mais tu dois aller aux urgences...

- Non, ce n'est pas possible.

Il soulève sa jambe et ouvre la valise de l'autre main pour en sortir plusieurs instruments. Dont un, fin et muni d'une pince au bout.

- Tu as compris qu'il s'agit d'une balle et qu'il faut aller la chercher. Je peux essayer de le faire, mais si tu m'aides ça ira plus vite.

Je suis pétrifiée et d'un coup je me souviens de la blessure mortelle d'Abel. J'avais trouvé la force de retirer la lame noire, mais je n'ai jamais entrepris de regarder la plaie. On dirait que le projectile a explosé dans sa jambe, un cratère de chairs et de sang s'est formé et l'on ne voit pas la balle.

- Pourquoi n'as-tu pas demandé à Aurel de le faire ?

Son visage se ferme, il s'impatiente.

- Il a été blessé lui aussi. Maintenant, je dois savoir si tu peux m'aider ou pas !