MB MORGANE - Ezéchiel - Tome 3 [Terminé]

Episode 37

Je suis arrivée à l'heure et il n'est pas là, j'aurais presque douté du point de rendez-vous lorsqu'il pousse enfin la porte. Il a une cigarette à la bouche qu'il continue à fumer bien que ce soit interdit. Il s'assoit en face de moi sans me dire un seul mot. Puis d'un geste, il récupère la carte de la table d'à côté, la jeune femme le regarde de travers quand visiblement la fumée lui vient dans les yeux. Mais il ne s'arrête pas pour autant. Il fait un mouvement sec au serveur qui s'approche gentiment.

- Monsieur, je suis désolé, mais c'est interdit de fumer ici.

- J'ai bientôt fini. Amène-moi un double sans sucre. Je suis pressé.

L'homme est si surpris qu'il n'ose rien répondre. Puis, Axel se tourne vers moi. Il a une cicatrice qui barre son cou et qui descend visiblement très bas. Il est blasé quand il pose ses yeux vers mon ventre tout en prenant une dernière bouffée avant d'écraser sa cigarette sur le sol.

- Alors, heureuse ?

Je serre mes dents les unes contre les autres, ses iris essayent de me percer à jour.

- Oui.

D'un coup, il se lève, saisit son blouson et fait un pas pour partir, quand je le retiens par le bras.

- Mais où vas-tu ?

- Je n'ai rien à faire ici.

- Attends.

Il attend en effet, mais je ne sais pas quoi quand il prend la parole sèchement.

- Urielle, tu me fais perdre mon temps.

Puis je le lâche et baisse des yeux pleins de larmes.

- J'ai peur...

Il s'assoit lentement et s'adosse au siège en croisant les bras. Il patiente, le temps que je finisse de me livrer, mais c'est terriblement éprouvant pour moi.

- Ezéchiel est fou de cet enfant, c'en est presque trop. Je ne sais pas pourquoi j'ai l'impression qu'il va se passer quelque chose d'ignoble dans l'avenir.

Le serveur apporte le café pendant que nos voisins de table tendent l'oreille. Je relève la tête pour entendre Axel les invectiver sèchement.

- Vous deux, vous voulez une feuille et un stylo ?

Son regard est terriblement assassin si bien que le couple se lève pour quitter le bar. Je respire, je n'avais vraiment pas envie de me donner en spectacle. Il s'approche de moi.

- Quand tu auras terminé de t'apitoyer sur ton sort, tu me le diras.

- Tu fais chier Axel !

Il me sourit toujours aussi désabusé et prend un ton ironique.

- Bon, aller je vais faire un effort. Ma pauvre petite chérie, tu penses donc que les choses vont mal se passer ?

- Oui.

- Et alors ?

- Est-ce que tu peux m'aider ?

Il éclate littéralement de rire, tous les gens se tournent vers nous.

- Urielle, qu'est-ce que tu es drôle !

- Je pensais que...

- ... tu penses mal. Je ne t'ai jamais dit que j'allais t'aider, j'ai juste dit que lorsque tu allais te réveiller je serais là. Et regarde...

Il projette ses bras de chaque côté de lui, puis pose un doigt sur sa poitrine en continuant.

- Je suis là.

- Je ne comprends pas.

- Oui c'est exact, tu ne comprends rien. Tu es pitoyable.

Il plonge ses yeux verts dans les miens.

- Il faudrait que tu trouves de l'aide, c'est vrai, mais oublie-moi pour ça.

- Mais qui ?

Il porte son café à sa bouche, mais n'ajoute rien, veut-il me faire passer un message ? Alors je commence à réfléchir, le seul qui pourrait m'aider et qui l'a toujours fait est coincé en enfer par ma faute... je murmure.

- Abel...

Il cille en retirant de ses lèvres la boisson.

- Oui et comment ?

- Comment quoi ?

- Décidément, tu es vraiment plus bête que je ne le croyais.

- Axel, si tu pouvais arrêter de m'humilier, ce serait sympa !

- Mais je ne t'humilie pas, tu me gonfles c'est tout !

Puis il me fait un geste pour que je continue mon raisonnement. Alors je cherche, et je me souviens de notre voyage en enfer et de la manière dont Lucifer avait réagi lorsque je lui ai annoncé qu'il devait y avoir un autre moyen d'ouvrir la porte des enfers sur terre. J'ai toujours pensé que Byleth était une des clés, mais... le sang d'Abel se met à frémir dans mes veines et le bébé intervient également. Le visage d'Axel se pare d'un sourire malicieux quand il perçoit enfin le trouble qui est en moi. D'un coup, je pose mes deux mains sur mon ventre et le fixe complètement ahurie.

- Bien, tu vois quand tu veux...

- L'enfant ? Mais Mathusalem n'est pas un archange ?

- Tu as raison, mais il l'est à demi et tu as le sang d'un archange dans tes veines qui nourrit ton rejeton... CQFD.

- C'est impossible, je peux ramener Abel !

Tout vibre en moi, le sang, le bébé, j'ai l'impression que je vais m'envoler, tout comme mon cœur à cet instant...

Axel se lève.

- L'addition est pour toi. Adieu, Urielle, et surtout bonne chance ! Tu vas en avoir besoin...

Je n'ajoute rien et le regarde sortir tout en allumant une autre cigarette.