Episode 30

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Je reste à contempler le couteau qu'Axel m'a donné. Je ne sais pas s'il faut que je l'utilise ou pas. Mais ma réflexion est de courte durée, quand j'entends des pas dans couloir. Je cache tout de suite la lame sous les coussins et vois apparaitre Byleth quelques secondes plus tard. Il est plus féroce que jamais.

- Viens avec moi !

Il me tire par le coude et me fait sortir de la chambre pour littéralement me trainer vers une autre pièce. Il ouvre la porte et j'aperçois Mé. Je pousse un cri, et essaye de la rejoindre, mais il m'en empêche. Elle a les bras attachés sur un lit et porte différentes marques sur le visage. Quand elle me reconnait, elle tente un gémissement à travers son bâillon. Je regarde avec rage Byleth, mais il parait toujours plus en colère.

- OK, petite conne ! Si tu recommences, c'est elle qui prendra !

Il me saisit les cheveux et me retourne la tête dans sa direction.

- C'est bien compris ?

Je suis calmée, il est impossible pour moi de le défier sans que mon amie prenne à ma place. Je dois me faire à cette réalité, Ezéchiel ne viendra pas, il l'aurait déjà fait... Alors je baisse les yeux et j'annonce d'une voix vacillante.

- C'est compris...

Sans me lâcher les cheveux, nous sortons de la pièce.

- Parfait ! Maintenant, tu me suis.

Je sens que le moment est arrivé pour moi. Puis il attrape ma main et me fait longer le couloir. Le désespoir se lit sur mon visage, je suis livide et j'ai mal à la tête.

Soudain, une porte s'ouvre sur Axel et Byleth s'arrête devant lui.

-Quoi ! Qu'est-ce que tu veux ?

Mon ex croise les bras nonchalamment, et lui dit froidement.

- Mon fric !

- Pas maintenant, plus tard.

Axel pose sa main sur l'épaule du démon.

- Non maintenant, j'ai rempli mon contrat et je dois partir sur le champ.

Il grogne, puis il me pousse en me menaçant.

- Toi tu ne bouges pas d'ici !

Puis il s'avance en faisant signe pour qu'il le suive. C'est à cet instant, alors qu'il a le dos tourné, qu'Axel place au creux de mes mains un trousseau de clés. Je reste surprise lorsqu'il pose son index sur sa bouche. Il me montre l'ascenseur et me fait un sourire avant d'aller avec Byleth dans une autre pièce.

Ils disparaissent, et je me précipite comme une furie devant l'ascenseur. Je dois trouver la clé qui peut déverrouiller sa porte. Le temps presse, il y en a de nombreuses et j'en essaye plusieurs le cœur battant à tout rompre. Où est cette foutue clé ? Soudain j'entends quelques pas qui viennent vers moi, il doit s'agir d'un des sbires de Byleth. Dans un dernier test, je saisis enfin la bonne et l'ascenseur s'ouvre. Je rentre à l'intérieur et j'appuie frénétiquement sur le bouton du sous-sol. Il se referme sur moi, au moment où l'homme se rapprochait dangereusement. Je respire en voyant défiler les étages. J'en profite pour tenir fermement la clé de voiture, me préparer mentalement à l'ouvrir et à la démarrer. Je suis enfin dans le parking sous-terrain et je me précipite vers le véhicule d'Axel, je le déverrouille à distance et m'assieds à la place du conducteur. Je prends dans la boite à gang le bip et tout en faisant une marche arrière j'appuie dessus. Je sors comme une folle du parking et accélère en grillant deux feux rouges. Je me retrouve rapidement dans des rues adjacentes, heureusement qu'il est tard, il n'y a presque personne. Je commence à me détendre quand je vois que personne ne semble me suivre. Alors j'aperçois un bouton de lancement d'appel sur le volant, si seulement la voiture avait sa propre carte sim ce serait une chance extraordinaire... j'entends une voix féminine :

« Quel numéro voulez-vous appeler ? »

J'énumère chaque chiffre, un par un, avec beaucoup de calme et j'entends avec soulagement la tonalité.

- Décroche ! Allez décroche !

La communication s'arrête au bout de quelques sonneries alors je recommence en paniquant, s'il avait déjà mis fin à ses jours, si Aurel l'avait tué ! Je ne veux pas le croire, c'est impossible...

« Quel numéro voulez-vous appeler ? »

Là, je donne les chiffres, je suis plus stressée que jamais...

- Décroche !

Je suis au bord des larmes...

- Oui.

Alors je fais une embardée... et reprends le contrôle de la voiture en poussant un cri.

- C'est moi !

- Merde, ma sœur où es-tu ?

Je fonds en pleurs quand je parle.

- Ils ont Mé, putain Mé, ils l'ont frappée...

- Urielle, calme toi, où es-tu !

J'entends qu'on lui prend le téléphone des mains.

- Dis-nous où tu es !

- Ezéchiel, j'ai cru que j'allais mourir...

- Tu es en voiture ?

- Oui.

- Avec qui ?

- Seule ! Ils ont Mé, il était là... je me suis ouvert les veines. Axel, c'est lui...

- OK, écoute ma voix attentivement. Où es-tu ?

- Je ne sais pas...

- Donne-moi un indice, qu'est-ce que tu vois ?

- Je vois, je ne vois rien. Je conduis.

- Oui, mon amour. Je sais, c'est bien. Tu vois des bâtiments connus ? Tu vois des restaurants ? Des bars ?

Soudain, je stoppe devant un carrefour et j'hésite.

- Je ne sais pas où aller. Je vais mourir. Ils vont tuer Mé...

- Tourne la tête, le nom d'une rue...

Mes paupières oscillent, ma vue se floute...

- Le... nom... d'une rue...

Je tremble, le contre coup de tout ce que je viens de subir. Des flashs commencent à pulser devant mes yeux. Mais au moment de m'évanouir, j'entends hurler dans l'habitacle.

- Urielle ! Donne-moi le nom d'une rue, tout de suite !

D'un coup, je me réveille, cet ordre me sort un peu de ma torpeur. Alors je tourne la tête, je suis toujours arrêtée quand je lis :

- Albert Camus.

- OK, on arrive, tu restes où tu es !

Je mets les warnings et pose mon front sur le volant en pleurant. Ils vont la tuer, c'est de ma faute...

Les clignotants émettent des sons comme un métronome, le temps avance, je ne sais plus si je suis dans un rêve ou pas...

Je suis à bout de force quand on frappe à la fenêtre. En relevant la tête nerveusement, je vois un motard devant ma vitre et je commence à enlever ma ceinture de sécurité pour reculer sur le siège du passager. Mais il retire son casque, c'est mon frère, il est en panique, et me demande de déverrouiller l'habitacle. Je cherche le bouton et j'appuie dessus, la porte derrière moi s'ouvre et quelqu'un me soulève pour me tenir dans ses bras. Je reconnais son odeur, je relâche mes muscles avant de serrer mes poings sur son sweat en pleurant. Il place ses mains en coupe autour de mon visage et me regarde avec intensité. Il est aussi blanc que moi et dépose avec force un baiser sur mes lèvres sans que je puisse dire un mot.

En se retirant, il murmure.

- J'ai manqué de discernement, je suis un imbécile, un fou ! Pourquoi t'ai-je mis dans cette situation ? Je suis orgueilleux et faible... Pardonne-moi...

Aurel contourne la voiture et se poste à côté de nous. Il amène une main sur l'épaule d'Ezéchiel.

- Mathusalem, je crois qu'il faut voir le bon côté des choses. Elle est là et n'a rien.

Ses yeux sont désarmés quand il se retourne d'un coup vers lui. Je m'agrippe à lui comme si j'allais tomber, mais soudain...

MB MORGANE - Ezéchiel - Tome 3 [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant