Episode 26

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Nous arrivons en centre-ville, je reconnais le quartier du bar où nous étions avec Mé lorsque je me suis fait enlever par Byleth. Je comprends que s'il était présent à l'époque, il y aurait de grandes chances qu'il soit encore dans les parages ce soir. Il ne se gare pas devant et contourne pour s'engouffrer dans une autre rue adjacente. Il stoppe la voiture et me regarde intensément avant de se jeter sur ma bouche avec passion et désir. Je suis si surprise que je lâche un petit gémissement. Il pose ses mains derrière ma nuque et semble de donner toute la force dont j'ai besoin dans cette étrange épreuve. Il me fait presque mal aux lèvres tant son baiser est tendu. Puis il se retire lentement, en suspendant son geste. Je ne peux m'empêcher d'avoir les larmes aux yeux alors il me sert dans ses bras.

- Chut... Ne t'inquiète pas, je suis Mathusalem et de surcroit ton mari... je ne laisserai personne te faire du mal.

- Je ne sais pas comment m'y prendre.

- Sois naturelle, fais ce que tu as envie de faire. Tu peux marcher, descendre boire un verre... Ils te trouveront de toute façon...

- Et s'ils me font du mal avant de me conduire à Byleth ?

- Non, ils ne peuvent pas. C'est lui qui décide ce qu'il fera de toi, comme il l'a déjà fait auparavant. Nous serons à distance, mais jamais loin de toi.

Il est si proche de moi que je profite une dernière fois de son odeur si familière que j'aime tant, mais je remarque quelque chose sous le col de son sweat. Je m'avance et entreprends de voir ce que c'est. Je prends le bijou, c'est le même qui m'avait tant fasciné l'autre soir au cou d'Aurel. Il palpite et je le saisis en ressentant une sorte de pouvoir étrange qui se développe en moi. J'ai une furieuse envie de lui arracher, pour l'avoir à moi, c'est comme si l'objet m'appelait. Mais il pose sa main sur la mienne en le recouvrant de tissu pour le cacher de nouveau.

- Ne t'occupe pas de ça... Tout va bien se passer.

Puis il se recule un peu et me caresse la joue avec tendresse.

- Je t'aime.

Je lui réponds sans réfléchir.

- Moi aussi.

Puis je quitte la voiture sans échanger un dernier regard. Je me dirige vers le début de la rue en passant devant Aurel qui porte toujours son casque. Il ne dit rien, mais ses mouvements suivent mon avancée. Lorsque je suis au carrefour, je décide finalement de ne pas aller au bar, puisque les démons sont déjà au courant de ma sortie et qu'ils ne détectent pas la présence de mes gardes du corps grâce aux pendentifs, ils sauront se manifester en temps et en heure. Je prends mon casque audio et fais jouer une playlist aux rythmes plutôt soutenus. Je vérifie que le mouchard est toujours là tout en me raisonnant qu'il faut que je lui fasse confiance.

Les minutes s'écoulent, mais rien ne se passe et je ne m'en plains pas. J'avance tranquillement et viens de parcourir une grande distance quand je remarque en face de moi un groupe de jeune. Je me souviens de la dernière fois et je traverse au beau milieu de la route pour changer de trottoir. Je n'ai quand même pas envie de tenter autre chose que des démons... J'évite les problèmes sans penser à ceux qui vont clairement me tomber dessus bientôt. Mais, le temps file, cela fait presque une heure que je marche au hasard, peut-être se doutent-ils de quelque chose ? Je m'imagine rentrer chez moi saine et sauve finalement...

Je lève les yeux et me rends compte du quartier dans lequel j'ai débarqué. Il y a plusieurs théâtres ou petites salles de concert, au même instant des gens sortent en riant. Je me place sur le côté pour voir qui joue ce soir, c'est un groupe de Jazz. Je suis tentée et je pousse la porte battante pour pénétrer dans un couloir au sol en velours rouge. Je suis guidée par la musique et j'arrive dans une salle feutrée. Il y a des tables disposées dans la peine ombre avec un bougeoir sur chacune d'entre elles. Je cherche une place libre, mais c'est bondé. Je me retrouve au bar et je commande un verre de soft. Le serveur est prévenant et me demande si je veux autre chose, mais je le remercie en payant ma consommation. Je me retourne vers la scène, le groupe de jazz est bon et je profite de ce moment avec sérénité.

Soudain, une main se pose sur mon épaule. Je sursaute et entends au même moment.

- Marie ?

Je reconnais cette voix, mais je n'ose pas le croire.

- Axel ! Mais qu'est ce que tu fais là ?

Il éclate de rire.

- Comme toi, j'écoute du jazz. Tu es seule ?

- Oui. Enfin, non... enfin si en fait.

Il s'assoit à côté de moi sur le banc et commande un verre de Vodka. Je suis surprise.

- Mais depuis quand bois-tu ?

- Depuis que je me suis fait larguer par mon mec...

C'est quand même bizarre à entendre, mais bon... je chasse de mon esprit les images qui me viennent en tête.

- Célibataire, donc.

- Oui et toi ?

Je rêve...

- Non.

- Ha. C'est dommage...

Il paraitrait presque déçu, je n'y comprends plus rien. Alors je me lance sans complexe.

- Heu, excuse-moi Axel, on se connait depuis combien de temps déjà ?

- Je dirais 3 ans bibliquement... mais plus maintenant que j'ai laissé le temps passer sans te contacter...

Il me met la main sur la mienne, mais je la retire instantanément.

- Pourquoi ai-je l'étrange impression que tu me dragues là ?

Il me sourit.

- Ça te dérange ?

- Un peu...

- Pourquoi ?

- Parce que je suis mariée...

Très bizarrement, il ne parait pas surpris.

- Oui et alors ?

- Peut-être parce que tu m'as trompé avec un mec...

Il affiche une mine contrite.

- Bon très bien, j'apprécie les hommes comme les femmes, quel est le problème ? Lorsqu'on est amoureux c'est de l'âme de l'autre, et peu importe son sexe, non ?

Je tombe littéralement des nues... quand il me prend les deux mains en les serrant fort contre lui.

- Marie, j'ai été merdique, je n'aurais jamais dû te faire ça.

C'est le pompon... j'ouvre la bouche, je suis tellement sidérée... Mais je me ressaisis rapidement.

- Axel ?

- Oui.

- Je suis mariée et je m'appelle Urielle...

Il se recule, il étire un large sourire vers moi.

- Parfait pour Urielle, et ne t'inquiète pas, je ne suis pas jaloux.

Je reste sans voix quand je sens qu'il ne va pas me lâcher.

- Axel, s'il te plait...

- Tu te souviens de notre voyage en Corse ?

Ho non, il ne va pas me faire le coup des souvenirs d'ex-couple...

- Oui, Axel, je m'en souviens...

- C'était merveilleux, tu étais si magnifique.

Je regarde l'heure et je sens que les choses vont commencer à dégénérer quand il commande un deuxième verre de Vodka. À contrecœur je me lève, j'aurais bien voulu rester écouter encore un peu la musique.

- Axel, je te souhaite de trouver l'âme sœur... homme ou femme !

Il me saisit le bras en tentant de me rassoir, mais j'arrive à me défaire de son emprise avant de me tourner en direction de la sortie. Je commence à marcher rapidement dans le couloir de velours rouge, il est derrière moi, il me rattrape quand soudain, il déverrouille un accès de service sur le côté et m'oblige à le suivre dans une pièce plongée dans le noir. Je me débats machinalement, et j'essaye d'ouvrir la porte en le poussant, mais il me bloque.

- Axel ! Laisse-moi passer...

Mais sans dire un seul mot, il s'avance et me fixe de toute sa hauteur, un lent sourire se dessine sur son visage.

Alors je le gifle, mais il ne répond rien, j'ai comme un drôle de pressentiment tout à coup...

MB MORGANE - Ezéchiel - Tome 3 [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant