MB MORGANE - Ezéchiel - Tome 3 [Terminé]

Episode 38

Lorsque je suis rentrée, Ezéchiel m'attendait et commençait à s'inquiéter. Je suis terriblement honteuse des dissimulations que je lui fais. Je dois sortir Abel des enfers, je me conforte en me disant que je lui avais promis. Comment faire ? Mon mari m'a interdit de le faire, et m'a même menacé et pourtant depuis que j'ai pris cette décision, je me sens bien plus apaisée. C'est une sorte de certitude, quelque chose qui m'attire irrésistiblement et mon coeur s'allège...

Cette nuit, nous avons dormi dans les bras l'un de l'autre, mais cette impression que nous allons devoir mener un combat me poursuit, et j'ai besoin d'Abel, c'est une évidence, il me manque tellement.

Après le petit déjeuner, je décide de téléphoner à Clara et de lui demander son aide. S'il y en a une qui est bien de mon côté depuis toujours, c'est bien elle. Nous nous retrouvons dans un parc et à l'abri des regards, je lui confis mes peurs, mes doutes, mais aussi la manière dont le sang d'Abel et le bébé m'ont fait passer un message. Je dois patienter le temps qu'elle demande aux esprits leur opinion. Puis au bout d'un certain temps, elle revient vers moi, un joyeux sourire aux lèvres.

- J'ai ta réponse. Tu dois ouvrir la porte, sortir Abel et juste après la sceller à nouveau. Ils sont prêts à t'aider pour ça.

- Comment vont-ils faire ?

- Ils vont eux-mêmes descendre, aller le chercher et le guider vers cette porte. Une fois qu'il sera là, tu pourras définitivement la fermer et ne plus y penser.

- C'est si simple que ça ?

- Apparemment.

Le bébé manifeste sa présence et mon sang me brule, on dirait que depuis le début il m'appelle, qu'il a quelque chose à m'avouer...

- Quels sont les risques ?

- Aucun.

- Je suis d'accord, mais comment l'ouvrir ? As-tu des informations là-dessus ?

- Oui, quand tu seras prête, ils me guideront vers une faille tellurique. Tu sauras comment faire le moment venu.

Je la prends dans les bras, je suis heureuse et mon cœur se remplit de joie à l'idée de retrouver Abel, de le sortir des griffes de Lucifer. Ezéchiel le comprendra, peut-être même qu'il nous aidera dans ce futur que je pressens terriblement incertain.

Quelques jours plus tard, je suis enfin prête et prétexte une promenade dans la nature avec Clara quand mon mari me demande où je vais. Il me serre fort contre lui, je sens tout son amour pour moi.

- Prend soin de mon fils.

- Oui bien entendu.

Il pose une main sur ma nuque pour m'embrasser si intensément que mes jambes flageolent. Puis il murmure à quelques centimètres de mon visage.

- Vous faites partie de moi, vous êtes mon âme et toute ma vie. Je ne supporterais jamais de vous perdre, je pourrai tout détruire sur mon passage sans aucun scrupule.

Je n'ai pas entendu cette dernière phrase comme un avertissement, mais un frisson vient pourtant de me parcourir l'échine. Je me love dans ses bras, je me sens bien malgré ce que je m'apprête à faire dans son dos. Il m'aime assez pour comprendre et nous avons besoin d'Abel, c'est évident !

Il me berce quand il dit.

- Dis que tu es folle de moi, qu'il n'y a que moi qui compte.

- Il n'y a que toi qui comptes, quoiqu'il arrive.

Mais il se recule d'un coup, son regard vient d'évoluer vers le doute.

- Que signifient ces derniers mots ? Tu as quelque chose à me confier ?

- Non, c'est juste que je veux vous protéger tous les deux. Notre fils et toi, de tout ce qu'il peut arriver...

- Ce n'est pas à toi de nous protéger, mais à moi de le faire. Ne t'inquiète pas pour moi, je n'ai rien perdu de mes pouvoirs... Soit rassurée. Mes pas sont guidés par la confiance en notre amour que rien ne peut défaire.

Il pose ses deux mains sur mon ventre et au même instant, le bébé se met à bouger, il esquisse un sourire et je ne peux m'empêcher de le trouver merveilleusement beau. Toute cette douceur qu'il a déployée depuis tous ces mois le rend tellement plus apaisé, calme, serein. Je sens qu'il a acquis une plénitude presque divine. Je prends son visage et l'oblige à me regarder. Un temps j'hésite à lui parler, mais finalement j'effleure ses lèvres et me noie dans ses iris qui sont presque redevenus bleu nuit. J'ai toujours un désir non feint quand je vois la passion qu'il a pour moi dans ses yeux. Ils reflètent quelque chose de presque inimaginable, presque irréel, presque obsédant, une incroyable possession...

Lorsque je le quitte presque à contrecœur, Clara est déjà dehors et m'attend dans sa petite voiture de ville. Il est sur le parvis de notre maison, campé, droit, ferme et terriblement masculin. Je me retourne sur lui et ne cesse de le contempler jusqu'à ce qu'il disparaisse au loin en me faisant signe comme si je n'allais plus le revoir...