Chapitre 6

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"Le bain"

"Le bain"

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PDV : Yerin


J'étais supposée me déshabiller. Point de vue technique pour prendre un bain me direz-vous. 

Or il n'y avait pas de verrou et je n'allais certainement pas me mettre nue, ici, dans cet salle de bain avec deux inconnus de l'autre côté de la cloison, sans verrou sur la porte. Je fini par me résoudre à garder le t-shirt et le caleçon que je portais. Je m'approchais de la baignoire.

Ça faisait des années que je n'avais pas pris de bain. Tellement loin que je ne rappelais pas avoir déjà pris un vrai bain chaud. 

À la maison il y avait un lavabo et une baignoire cassée, inutilisable. On se lavait au gant. Les pieds sur le carrelage gelé de la petite salle d'eau, cachés par des serviettes humides et râpeuses. L'eau froide ne me dérangeait pas en hiver, mais Jungkook tombait souvent malade à cause de ça.

La sensation sur mes doigts quand je les plongeais dans l'eau me sortit de mes pensées. Elle était brûlante. C'était réconfortant et en même temps un peu désagréable sans que je sache pourquoi. Un frisson violent me parcouru l'échine, j'avais froid.

Sans réfléchir plus longtemps j'agrippais les rebords de la baignoire avant d'entrer un pied, puis un autre dans l'eau fumante, légèrement mousseuse. Une douce chaleur me saisit les chevilles puis les mollets.

Pourquoi maman ne voulait pas que j'approche trop longtemps l'eau chaude déjà ?

Ma tête se mit à tourner légèrement, comme embrumée et je finis par m'asseoir pour ne pas tomber. Alors que l'eau réconfortait doucement la totalité de mon corps, je pris machinalement le premier flacon que je vis sur le rebord : « Gel douche ». Parfait. 

J'en pris une grande quantité dans ma main avant de frotter mes cheveux, mon visage, mon cou, mes bras et mes jambes. Je fus bien vite couverte d'une mousse épaisse au parfum chimique, et les habits que je portais se gorgèrent rapidement, tachés par le sang et la saleté qui avaient séché sur mes membres.

Étrangement, j'avais du mal à respirer. L'air semblait lourd, chargé en vapeur et me comprimaient un peu la poitrine. Bien que je sois dans l'eau chaude, le tissu collant à ma peau, je grelottais. Il fallait que je me rince. Je pris le pommeau dans mes mains avant d'ouvrir le jet. L'eau était à la même température que celle du bain mais elle me parut fraîche, alors je me mis à visser le robinet de température jusqu'à ce qu'il se bloque.

Je me rinçais les cheveux, les mains tremblantes à l'image de tout mon corps. Mes membres tressautaient sans raison, comme si quelque chose s'agitait en moi. J'avais l'impression de réagir par réflexe à un danger que je ne percevais pas. J'haletais, l'oxygène se bloquait dans ma gorge, incapable d'entrer ou de sortir de mes poumons. La panique commença doucement à me comprimer l'estomac. 

Je senti ma tension monter involontairement et mon corps se crispa alors que je fermais le robinet froid au minimum. Une fumée inquiétante s'évaporait maintenant de la baignoire, venant tacher de buée le grand miroir disposé au-dessus des lavabos. Ma peau rougissait à vue d'œil, mais j'avais encore froid. Je mourrais de froid.

Rapidement je ne parvins plus à répondre de rien, tétanisée.

Ah oui. C'était pour ça que je n'avais pas le droit de m'approcher de la cheminée.

Ma vue se troubla et des taches noires apparurent dans mon champ de vision déjà restreint. Dans ma détresse je réussi à lâcher un cri de détresse. Je ne reconnaissais même plus ma voix, comme si j'étais possédée, déconnectée. La porte de la salle s'ouvrir à la volée sur Jin, inquiet. Et à cet instant précis je remerciais le seigneur qu'il n'y ait finalement pas eu de verrou. 

Il se figea une seconde et analysa la situation. En me voyant recroquevillée sur moi-même, le souffle court, tremblant à m'en briser les os, tenant le pommeau d'une main contre ma nuque déversant une eau pratiquement bouillante, il sembla prendre violemment conscience du problème.

Il eut un hoquet de douleur en fermant de robinet d'eau chaude, le fer de celui-ci devait être brûlant. Ne sentant plus la chaleur dans mon cou je rabattis ma main contre mes genoux qui étaient déjà serrés contre ma poitrine. Il siffla entre ses dents en plongeant les mains dans l'eau fumante

* Noo...a  ... On a ... blème...* 

C'était Jungkook, mais je ne comprenais rien, ma tête ne répondait plus.

Sans me laisser comprendre ce qui se passait, Jin passa un bras sous mes jambes et dans mon dos, pour me sortir de la baignoire. Il se brûla presque au contact des vêtements trempés qui étaient toujours fermement collés à ma peau. Je tremblais violemment contre lui, incapable de maîtriser mes membres. Sans réfléchir une seconde à ses gestes, le brun saisit le bas du t-shirt et le retira d'un mouvement sec. Il fit de même avec le caleçon avant de jeter les vêtements encore fumants à l'autre bout de la pièce. Il empoigna la grande serviette derrière lui en m'enroula dedans en quelques secondes.

Et enfin, je sentis le froid me quitter, progressivement.

Quand mon cerveau se remit à fonctionner plus ou moins correctement, je ne comprenais plus rien à la situation, ça commençait presque à devenir une habitude. Le brun était assis par terre, à même le carrelage. J'étais assise sur ses genoux, ma tête posée sur son torse. Ses bras m'entouraient et sa main droite me frictionnait vivement le dos. Sa poitrine se soulevait et s'abaissait rapidement comme s'il venait de vivre une crise. En soit c'était le cas mais j'avais l'impression d'avoir été totalement absente, comme éteinte.

La seconde suivante je réalisais qu'il m'avait déshabillé. Pour mon bien certes, et avait rapidement couvert la totalité de mon corps sans réellement poser ses yeux sur ma nudité. Mais une chose était sure: il les avait vu. Lorsque mes tremblements furent définitivement passés et que je repris contenance, il se redressa pour me regarder :

« Mais t'es complètement folle ? Il se retenait de me hurler dessus, je le sentais à l'angoisse visible dans ses yeux.

- J-je... » J'étais totalement incapable de formuler une phrase correcte. Sans savoir si c'était à cause de ma crise ou de ses yeux encrés dans les miens. Son regard alternait entre mes deux orbes, ce qui fit trembler ses iris, accentuant encore sa panique.

« -Tu aurais pu faire fondre tes cristaux ! » Il cria vraiment cette fois ci. Son ton contrastait avec ses gestes. Délicatement il vint effleurer la serviette épaisse au-dessus de mon ventre au niveau de mon sternum.

Comment ... ?

J'ouvris la bouche, mais avant que le moindre son ne puisse en sortir il lâcha un grand soupir avant de resserrer son étreinte sur moi, comme pour m'inciter à me taire.

« Ne refais plus jamais ça ». Un peu sous le choc je hochais doucement la tête avant de vérifier mes cristaux du bout des doigts par-dessous le tissu. Ils étaient légèrement humides, comme s'ils avaient un peu fondu, mais ils n'étaient ni brisés, ni fendus.

« T-Tout va bien, ils sont normaux » je lui répondis à voix basse. Il eut un souffle soulagé et son regard s'adouci, soulagé.

« - Jin comment avez-vous su ? Jungkook vous a parlé ? Je demandais, la voix encore tremblante.

- Il n'a pas eu à le faire. Aki vous a senti au moment où elle vous a vu. Et j'ai apperçu l'éclat dans tes yeux le jour où je vous ai trouvé. J'ai su qu'ils étaient sur le point de changer de couleur ».

Ce qu'il venait de dire n'eut pas le temps de faire sens dans ma tête, un souvenir me frappa comme si je venais d'être heurtée par un bus.

... Jungkook !

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