Ce vendredi soir de décembre restera l'un des évènements les plus marquants de cette période de ma vie ; et non pas parce que le bal d'hiver était l'un des évènements incontournables de l'année pour quatre-vingt-dix pourcents des élèves ; mais parce que les évènements survenus durant celle-ci ont impacté ma vie d'une façon indélébile.
Jamais quelques heures auparavant je n'aurais imaginé que tout se déroule ainsi. Cette fin de semaine n'avait pourtant été en rien spécial : Ontari gagnait toujours plus d'emprise et elle devenait de plus en plus oppressante, étant la plupart du temps en contact direct avec moi mais surtout je n'avais eu aucune nouvelle de Lexa. Deux semaines jour pour jour que mes lettres restaient sans bouger au fond de mon casier et que leur vision au fil des jours faisait naitre une douleur progressive au creux de ma poitrine.
Pendant plus d'un mois je m'étais levée chaque matin, impatiente de découvrir notre livre contenant une nouvelle enveloppe et avec le recul, je prends conscience que je ne vivais que dans l'attente de ces moments. Alors quand tout s'arrêta précipitamment, la force que je puisais dans ses mots disparue totalement.
J'étais retombée plus bas que terre, plus profondément encore si cela fut possible. Je lui avais accordé le peu de confiance que je pouvais et le fait qu'elle m'ait lâchement abandonné – comme tout le monde – m'avait touché avec une telle intensité que cela en était risible.
La douleur que cela m'avait provoqué était différente de celle engendrée par Ontari mais elle n'était en rien moins conséquente, bien au contraire j'avais la sensation d'avoir le cœur brisé.
Le cœur brisé par la simple pensée de toutes ses lignes, de tous ses mots et de toutes les fois où elle m'a soutenu que je n'étais pas seule, mais surtout en sachant qu'elle connaissait mon véritable moi plus que n'importe qui et qu'elle m'avait quand même laissé tomber.
Finalement, tout n'était qu'un mensonge et peut-être même qu'Ontari avait tout manigancé depuis le début, je ne savais pas. Je me sentais trahie. Malgré tout, je m'entêtais à regarder chaque matin dans mon casier, je m'entêtais à lire discrètement le contenu de ses articles dans le journal du lycée où je retrouvais un peu de son style d'écriture qui la caractérise tant. Je m'entêtais mais c'était nécessaire, j'en avais eu besoin pour continuer à avancer et ne pas me laisser engloutir par mes sombres pensées de plus en plus présentes.
Pourtant, trois mots s'infiltraient dans mon esprit : pathétique, misérable et inutile. Ils étaient ancrés et il se répétaient pendant des heures alors même que cette soirée était sur le point de commencer.
Ma vision s'était perdue face à mon propre reflet que renvoyait le miroir de ma chambre ce soir-là tandis qu'Ontari se consacrait à ma coiffure.
« Laisse-moi attacher cette mèche et tu seras parfaite. » Ses paroles m'atteignirent à peine, ayant pris l'habitude de la laisser faire ce qu'elle voulait de moi, je ne réagissais plus vraiment. « Et voilà. »
« Merci Ontari. » Je lui avais répondu machinalement d'une voix faible.
« De rien, tu sais que j'adore te coiffer et t'habiller. J'ai l'impression d'avoir une poupée grandeur nature. » Elle avait ri alors que mon corps s'était raidi, répondant instinctivement à ses dires. « Je pourrais jouer avec toi pendant des jours si je pouvais...mais on ne se voit pas assez souvent pour ça. D'ailleurs, il se pourrait qu'on y remédie très bientôt. »
Chacun de mes membres, chacune de mes cellules restèrent pétrifiés à la suite de son discours. A mon goût, je la voyais déjà bien assez et si elle comptait rallonger le temps que nous passions ensemble, je n'étais pas certaine d'avoir les ressources nécessaires pour le supporter.
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Lutte contre le destin
FanfictionHarcèlement : soumettre quelqu'un à d'incessantes petites attaques. Une explication concise pour définir l'immensité des actes qu'il représente. Des moqueries, des humiliations, des coups, des paroles... les formes qu'il peut prendre sont aussi nom...