Chapitre 14 - Partie 1

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« Clarke, tes grands-parents vont arriver. Tu es prête ? »

« Presque papa, j'arrive tout de suite. »

Je terminais d'attacher mes cheveux, il ne restait plus que ma robe à enfiler ensuite. Mes grands-parents maternels et paternels allaient arriver pour fêter le réveillon de Noël.

L'idée ne m'enchantait pas plus que ça mais je n'avais pas réellement le choix, c'était la tradition. Chaque année nous étions réunis ici et personne ne le voyait autrement, enfin surtout les parents de ma mère. Coincés dans leurs vieux principes, ils avaient bien évidemment trouvé ridicule que cette année fasse exception lorsque ma mère les avait appelés pour au départ annuler.

J'étais donc épuisée d'avance à l'idée qu'il allait falloir être irréprochable devant eux sinon ma mère n'aurait sans cesse de me le reprocher, car il était certain qu'elle ne leur avait rien dit à mon propos.

Je me regardais donc une dernière fois dans le miroir avant de descendre. En y voyant mon reflet, mes doigts effleurèrent le haut mes avant-bras puis de mes bras. Ces derniers étaient recouverts de griffures plus ou moins profondes ; certaines n'avaient d'ailleurs pas encore complètement cicatrisées.

Leur vision me replongea à leur origine :

Après mon dernier moment avec Ontari, j'avais eu mal, pas d'une douleur physique mais d'un mal être plus profond qui me consumait de l'intérieur. Dans l'espoir de l'atténuer, je m'étais assise à mon bureau devant une feuille blanche. Retranscrire tout sur papier avait déjà fonctionné, malheureusement ce ne fut pas suffisant cette fois.

Il avait fallu que je trouve quelque chose de plus intense, une douleur physique... Je m'étais emparée du premier objet un tant soit peu pointu à ma portée : mes ciseaux. Ils avaient alors caressé mon avant-bras en douceur, s'arrêtant à la base de mon poignet, mais juste avant de les avancer plus profondément dans ma peau j'avais flanché.

Je ne pouvais pas faire souffrir de nouveau mes proches et se furent les mots sans cesse répétés de Lexa qui firent reculer le tranchant de mon bras. Seulement, il fallait que je fasse sortir cette souffrance d'une façon ou d'une autre, alors l'outil prit une direction plus haute sur mon avant-bras. Ce serait moins voyant et « moins dangereux ».

La lame s'enfonça légèrement dans un premier temps, puis en constatant que ce n'était pas suffisant j'avais mis plus de pression. J'avais lâché un petit cri de douleur mais paradoxalement il me fit un bien fou. Le poids dans ma poitrine disparut pour laisser la douleur se concentrer uniquement dans mon bras. J'avais ainsi continué, suffisamment pour m'épuiser mentalement et n'être plus capable de pouvoir penser à ma journée.

Depuis ce soir-là, j'en fis une échappatoire. Quand je me sentais submergée par cette douleur intérieure, je prenais soin de fermer prudemment ma chambre à clé, de m'asseoir à mon bureau et de saisir mes ciseaux si bien que rapidement mes bras n'eurent plus de place discrète suffisante.

« Clarke. »

Ma mère m'appela depuis le bas des escaliers et le voile de mes souvenirs disparut. Comme à mon habitude depuis plusieurs jours, je pris rapidement dans mon armoire un gilet suffisamment épais pour tout cacher et je descendis.

« Clarke, ma puce, que tu es magnifique. » Ma grand-mère paternelle vint aussitôt me serrer dans ses bras.

« Bonjour mamie. »

Les embrassades s'enchainèrent et celles avec les parents de ma mère furent plus formelles, comme toujours. La soirée se déroula sans trop de difficulté, je m'étais tenue suffisamment à l'écart pour ne pas attirer l'attention mais pas assez pour qu'on me demande s'il y avait un quelconque problème. Ma stratégie fonctionna jusqu'au milieu du plat.

Lutte contre le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant