Chapitre 5 - Partie 2

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Durant plusieurs semaines nous avons donc continué d'échanger sous cette forme, même si au fil du temps mes dessins prenaient une plus grande place sur mes pages que mes mots. J'étais dans l'attente permanente de ses nouveaux mots même si l'angoisse me tenait au ventre. 

La peur qu'Ontari puisse tout découvrir occupait mon esprit chaque instant mais je ne pus me résoudre à arrêter. Ces lettres étaient la raison pour laquelle j'étais encore capable de supporter la présence constante d'Ontari dans mon quotidien.

Elle ne me lâchait pas d'une semelle malgré les cours de conduite offert par mes parents à mon anniversaire le mois dernier. Elle avait le contrôle sur le moindre de mes faits et gestes excepté ma correspondance secrète avec Lexa, et je me battais chaque seconde pour que cela reste ainsi.

J'évitais soigneusement le regard de Lexa lorsque j'étais avec Ontari et que nous la croisions ; je prenais sur moi pour ne pas sourire à chaque fois que je voyais le bout d'une enveloppe dépasser du livre qui nous servait d'intermédiaire alors qu'Ontari se trouvait à deux centimètres de moi. Je luttais pour ne pas l'observer ou la rejoindre quand nous étions uniquement séparées par quelques marches des gradins du gymnase lors des entrainements d'Ontari et de son frère, Lincoln.

Nous étions de parfaites inconnues aux yeux de tous alors que dans l'obscurité elle devenait au fil du temps ma seule et unique amie.


Cependant plus les jours défilaient, plus j'avais la conviction qu'elle n'en pouvait plus de cette distance que je nous imposais, mais surtout des gestes qu'Ontari pouvait avoir à mon égard. Cette dernière n'avait plus été aussi violente mais dès qu'elle apercevait Lexa, Ontari ne se gênait pas pour me rapprocher d'elle et malmener bien plus que lorsque nous étions seules.

A plusieurs reprises, je dus attirer son regard pour lui intimer discrètement et silencieusement de ne pas intervenir mais bientôt elle céda.

Je m'étais alors esquivée discrètement en direction de mon ancien repère ; grâce à la distraction qu'était John Murphy – joueur dans l'équipe de baseball – pour Ontari et leurs séances de bécotage. Lexa m'y avait surprise.

« C'est donc ici que tu disparais. »

« Lexa ?! »

J'avais eu une telle peur. Personne ne venait jamais sur ce toit qui était le plus haut du lycée. Recroquevillée contre un muret, mon carnet de dessin entre les mains, je la vis s'approcher jusqu'à ce qu'elle soit devant moi. Le soleil frappait son dos, me laissant seulement distinguer sa silhouette élancée.

« Je profite que cette pimbêche te lâche un peu pour venir te parler. Enfin... »

« Si elle nous voit... »

« Elle ne nous verra pas. »

« Comment peux-tu en être aussi sure ? »

« Parce que si elle avait déjà trouvé ta cachette, tu ne serais pas remontée ici, je me trompe ? »

« Bien vu Sherlock. » Je n'avais pu m'empêcher de répliquer.

Rapidement son rire atteignit mes oreilles et je ne pus que la suivre, avec plus de discrétion pourtant. C'était la première fois que nous nous parlions de vive voix depuis que nous avions étudié ensemble. La sensation était étrange, comme s'il n'y avait rien de plus naturel, pourtant, la voir en chair et en os en face de moi m'impressionnait.

C'était inhabituel de partager mes pensées avec une personne que je ne voyais jamais, et certainement beaucoup plus facile aussi de faire face à une feuille de papier qu'à une personne réelle, d'après moi. Inconsciemment mes pensées avait fait taire mon rire.

Lutte contre le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant