Lutte contre le destin

Chapitre 1 - Partie 1

La chaleur de l'été disparaissait au fil des jours et la verdure laissait progressivement place aux couleurs orangées de l'automne. Bientôt, ces couleurs chaleureuses allaient disparaitre et il ne resterait alors de ce paysage qu'une image froide et sans vie. L'automne, puis l'hiver engloutiraient peu à peu l'endroit qui me servait de refuge.

Je rangeais mon carnet dans lequel je retranscrivais ces couleurs pour les dernières fois de l'année. J'avais pris quelques secondes afin de me préparer à ce qui allait très probablement arriver dès l'instant où je comptais sortir de ma cachette et qu'elle m'apercevrait dans les couloirs.

Mes mains accrochèrent fermement les bretelles de mon sac, mon cœur battit à tout rompre et mes jambes se dirigèrent automatiquement vers ma prochaine salle de cours tandis que mes yeux observèrent le sol, en espérant ne pas la croiser.

« Ma petite Clarke, tu t'es encore échappé de la maternelle pour venir voir les grands. »

Mes épaules se retrouvèrent entourées avec violence par un bras fin mais puissant. L'étreinte se resserra avec plus de pression alors que mes yeux se fermèrent par pur instinct de protection.

Nous marchâmes dans cette position pendant encore quelques pas avant qu'elle ne se lasse et que son rire, ainsi que ceux des filles qui gravitaient autour d'elle, s'éloignent. Je pus enfin expirer l'air contenu dans mes poumons.

Après s'être immobilisées quelques secondes, mes jambes reprirent leur chemin en évitant soigneusement les regards de tous ceux qui observaient du coin de l'œil cette scène troublante mais qui n'aurait jamais rien dit. Je ne pouvais cependant pas leur en vouloir, après tout ils étaient conscients de l'influence qu'elle détenait au sein du lycée et les dégâts irréversibles qu'elle pouvait provoquer sur le reste de leur scolarité.

J'avais fini par atteindre ma salle de classe sans encombre supplémentaire où je m'installais sans rien dire sur l'une des premières rangées de pupitres, et la seule chose que je souhaitais, c'était d'avoir la paix pour la prochaine heure car je savais, je sentais ses yeux fixer l'arrière de mon crâne.

Jamais alors je n'aurais douté que ma vie prendrait ce tournant. J'étais devenue si faible et si pathétique.

Je l'avais laissé faire en croyant bêtement tout ce qu'elle me disait. Je pensais être spéciale ; nos mères se connaissent depuis leur internat de médecine et même si elle était légèrement plus âgée que moi, nous avions passé en grande partie notre enfance ensemble.

Elle n'était pas toujours d'une gentillesse irréprochable avec les autres mais avec moi ce cliché de la petite fille, puis de la pom-pom girl hautaine disparaissait totalement. Cependant, il est certain que j'ai été naïve de croire que grâce à ça j'aurais la protection de la capitaine des pom-pom girl alors que j'étais déjà pointé du doigt par mon intégration directe dans les classes supérieures à mon arrivée au lycée.

Cela dit, ce fut le cas pendant plusieurs mois mais en ce début de troisième année de lycée (deuxième pour moi) je n'avais que de la peur au ventre dès l'instant où je l'apercevais au détour d'un couloir, dans ma classe ou sur le parking du lycée. J'étais tétanisée quand j'apprenais qu'elle et sa mère venaient diner à la maison ou pire quand nous devions y aller.

Elle était partout et elle savait très bien que je ne pouvais rien faire face à elle. J'étais seule, car ma seule et unique amie du collège, ma meilleure amie Octavia, m'avait laissé tomber moins d'une semaine après notre rentrée ici, évitant soudainement tout contact avec moi.

Je n'avais donc plus personne tandis qu'Octavia se faisait une toute nouvelle bande d'amis au fil des jours passant. J'étais seule mais elle, elle m'a intégré tout de suite dans son groupe d'amis et je n'ai pas cherché à refuser.