Chapitre 10 - Partie 3

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Dimanche 16 décembre, 00h14.


Elle flottait dans ce liquide froid et sombre, ses cheveux dorés, ses bras ainsi que tout son corps étaient en suspension. Mes bras se tendirent vers elle tandis que mes jambes s'actionnaient pour m'aider à la rejoindre et la ramener vers moi. Seulement, plus je nageais dans sa direction, plus elle s'éloignait.

A mon tour, je vins à manquer d'air pourtant je continuais de descendre dans cet océan sans fond, et bientôt l'inévitable arriva. L'eau s'infiltra dans ma gorge puis dans mes poumons, c'est alors que sa chevelure dorée disparut, tout comme moi.


En un soubresaut, j'étais soudainement dans mon lit, assise, tremblante et transpirante. Ce n'était qu'un rêve... Je n'en pris pas conscience immédiatement et il fallut que je reconnaisse petit à petit les éléments constituant ma chambre.

Quelques minutes passèrent avant que je ne retrouve un rythme cardiaque normal, toutefois l'impression de mal-être que j'avais eu en me réveillant était toujours là. En fait elle s'intensifiait, et plus j'y pensais, plus elle se répandait.

Cela était en lien avec mon cauchemar, donc Clarke, je ne pouvais pas le nier. J'avais attrapé mon portable et mes yeux durent s'acclimater à la lumière vive et soudaine. Pendant ce laps de temps mes doigts pianotaient sur le clavier afin de composer son numéro et avant d'appuyer sur l'icône vert je remarquais l'heure 00h18. J'avais dormi à peine cinq heures mais il m'aurait été impossible de me rendormir sans lui avoir parlé.

Les tonalités d'attentes produites par le téléphone déclenchèrent une nouvelle accélération du rythme de mon cœur et par la même occasion milles et une pensées. Clarke devait probablement dormir, est-ce que je devais raccrocher ?

Lorsque je pris la décision de me rétracter, les bips aigus et réguliers cessèrent pour laisser place à une voix.

« Tiens, tiens Lexa. Je savais que tu appellerais mais t'aurais pu attendre le petit matin. Je dormais si bien. »

« Ontari ? »

« Qui veux-tu que ce soit ? »

« Que fais-tu avec le téléphone de Clarke !? »

« Quel ton accusateur, elle l'a simplement oublié chez moi, lors de notre petite soirée... »

« Dis-moi ce tu as fait pour que je puisse te donner ce que tu mérites. » J'aurais voulu lui hurler avec plus de force, cependant la boule dans ma gorge fit sortir ma plainte d'une façon étouffée.

« Oh Lexa, tu sais très bien ce qui va arriver si jamais tu tentes quoi que ce soit. »

« Fais ce que tu veux, ça ne m'importe plus. Je ne te laisserais plus toucher à un seul cheveu de Clarke. »

« Là, tu m'intéresses... » Je restais muette ne comprenant pas réellement où elle voulait en venir. « Tu serais prête à ce que je révèle ton petit secret pour ne plus que j'approche de Clarke. J'en connais une qui est tombée sous le charme d'une petite blondinette. »

« Clarke est mon amie... »

« Oui oui bien sûr. Il me semble que Costia était aussi ton « amie » ».

« Tu n'as aucun droit de prononcer son nom ! »

« Pourquoi ? Elle a été mon « amie » aussi après tout. » Mes doigts comprimèrent mon téléphone et des larmes de colère mélangées à de la tristesse coulaient silencieusement sur mes joues.

« Tu as profité de sa naïveté et de sa gentillesse avant de lui bourrer le crâne. »

« Profité, voyons Lexa pour qui me prends-tu ? » Elle prit un air faussement outré avant de rire méchamment. « Je lui ai simplement montré qui tu étais vraiment, avant de lui donner ce que tu refusais de lui donner. »

« AAARGH ! » J'avais balancé mon téléphone au travers de ma chambre, atterrissant contre le mur, pourtant la lumière émanait toujours de l'écran mais je ne m'en souciais plus.


Afin d'éviter de tout casser autour de moi, je fis ce qu'Anya m'avait appris pour gérer cette rage trop intense qui me rongeait parfois. J'entourais mes jambes de mes bras, serrant aussi fort que possible et comptant jusqu'à dix sans oublier de respirer. Toutefois, je n'eus pas le temps d'arriver à trois que la porte de ma chambre s'ouvrit.

« Bordel, qu'est-ce que tu fous ? » Elle chuchota, puis le silence revint un instant avant que je ne sente mon matelas s'affaisser. « Tu as fait un cauchemar, ce n'est rien. »

Ce n'était pas un cauchemar mais bien la réalité cependant je n'avais pas eu le courage de la contredire. Anya dégagea des cheveux de mon visage d'une main, tandis que l'autre frottait mon dos. Seul mes décomptes coupaient le silence et elle attendit que je me calme moi-même avant d'intervenir verbalement.

« Tu veux en parler ? »

Le front toujours collé contre mes genoux, ma tête bougea négativement, cependant je n'avais pas résisté à l'envie de venir me caler contre elle. Nous n'étions pas du genre tactile et affectueux dans notre famille, en particulier Anya et elle l'a toujours fait savoir mais j'en avais besoin et je savais qu'elle ne me le refuserait pas, pas à moi. J'eus raison car bientôt, je m'étais engouffrée dans ses bras et sa tête reposa sur le haut de mon crâne.

« Je vois. Allez, calme-toi. Je reste là. »


Inconsciemment, j'avais soupiré de soulagement. La conversation avec Ontari avait été bien réelle pourtant elle m'avait ramené mes pires cauchemars. Elle me ramenait à l'époque où toute ma vie fut chamboulée ; d'abord de la meilleure des manières puis de la pire et une fois de plus je m'étais laissée submerger.

Mais comment aurais-je pu ne pas l'être, ces dernières vingt-quatre heures avaient été en certains points similaires à celles qui avaient eu lieu il y avait presqu'un an, et même si cette fois j'avais réussi à éviter un enterrement, je ne savais pas s'il était mieux pour Clarke de vivre avec ce qu'elle avait vécu, peu importe de quoi il retournait.

Le besoin de m'assurer qu'elle était en vie était toujours présent et bien vivant, seulement j'étais exténuée et la présence réconfortante d'Anya me fit finalement replonger dans le monde du sommeil sans que je n'aie eu la force de répliquer. 

Lutte contre le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant