Ma respiration se coupa d'un coup net, tout comme celle d'Ontari. Nos yeux se rejoignirent et elle m'intima fortement de ne plus faire de bruit. Il s'en suivit alors un moment de silence avant que cette inconnue n'enclenche l'eau de l'un des lavabos présents dans la pièce. Ontari arrêta sa fixation pour lever les yeux au ciel, écoutant attentivement les gestes de l'inconnue alors que je continuais progressivement de suffoquer.
Le bruit de la porte qui se referma sonna enfin ma libération et je fus obligée de prendre appui sur mes genoux pour récupérer mon souffle auquel s'ajouta quelques quintes de toux. Ontari laissa passer plusieurs secondes avant de venir relever mon menton.
« Reprends-toi Clarke, car tu sais ce qu'on fait des jouets cassés n'est-ce pas ? On les fait disparaitre avant d'en choisir un autre et je dois avouer que ce serait dommage, j'aurais du mal à me passer d'une poupée aussi jolie que toi. »
Elle me souriait et je me figeais littéralement sur place. Son expression n'avait jamais été aussi froide, aussi dure. Ses paroles venaient de me glacer le sang et mes jambes ne tenaient plus. Je glissais alors au sol alors que j'entendis la porte se refermer à nouveau.
Mon corps se replia sur lui-même, genoux contre poitrine, mes bras entourant mes jambes. Depuis combien de temps Ontari me manipulait de cette façon ? Depuis quand me prenait-elle pour sa marionnette ? Depuis que j'étais entrée au lycée ou bien avant ça ? Je la connaissais depuis si longtemps que j'avais peur d'en connaitre la réponse.
Je ne savais plus qui j'étais.
Je craquais, des larmes s'écoulèrent continuellement sur mes joues et cela pour une durée qui m'avait paru indéterminée. Plus rien ne m'importait de toute façon.
« Il y a quelqu'un ? »
Cette voix, c'était la même que précédemment pourtant mes sanglots ne s'arrêtèrent pas, j'en avais marre de garder la face devant tout le monde, ici ou ailleurs. J'en avais marre de me battre alors que je comprenais petit à petit que je ne pourrais jamais gagner.
« Hey... Tu vas bien ? »
Les froissements des vêtements et la proximité de sa voix m'indiquèrent que cette personne s'était mise à mon niveau. Ensuite, il n'y avait plus eu que le bruit de mes sanglots qui résonnaient à travers la pièce.
Éventuellement, je finis par relever la tête et je me retrouvai face à une fille brune dont les cheveux étaient tirés vers l'arrière en une queue de cheval. Ses traits n'étaient pas très nets à cause des larmes qui obstruaient ma vue.
Avec chacune de mes paumes j'essuyais grossièrement mes yeux afin de mieux l'observer. L'expression de son visage était compatissante et je décelais dans ses yeux la tristesse que je lui inspirais ; d'ailleurs c'est grâce à cela que je l'ai reconnu. Ces dernières semaines je l'avais déjà croisé avec cette même expression sur le visage lorsque nos regards s'accrochaient.
« Tu as besoin d'aide ? Qu'est-ce qui s'est passé ? »
« Rien. »
Ma réponse sonnait plutôt comme un murmure et je détournais vite le regard. Je ne pouvais rien dire, surtout pas après la conversation que je venais d'avoir avec Ontari. Pourtant cette fille ne semblait pas décider à me laisser tranquille et je devais m'en débarrasser ; on ne sait jamais, Ontari aurait pu revenir se réjouir de l'état dans lequel elle m'avait mise ou m'obliger à venir assister à son entrainement. La seule solution qui s'offrait à cet instant là pour moi était la fuite.
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Lutte contre le destin
Hayran KurguHarcèlement : soumettre quelqu'un à d'incessantes petites attaques. Une explication concise pour définir l'immensité des actes qu'il représente. Des moqueries, des humiliations, des coups, des paroles... les formes qu'il peut prendre sont aussi nom...