2 confinés et 1 chien

Action 36. - Sur le lit

Cette nuit-là aura été la pire de ma vie.

Je n'ai véritablement pas fermé l'œil de la nuit, trop effrayé de voir Liam près de moi pour le faire.

J'ai passé cette nuit entre vidéos et musique.

Oui, comme quoi tout arrive.

Avant que Louis n'aille s'enfermer pour les prochaines vingt-quatre heures dans notre chambre, je lui ai demandé sa playlist, sachant pertinemment que je ne me serais jamais endormi cette nuit.

Le canapé n'étant pas assez spacieux pour deux, avec Liam, nous dormons à même le sol. Heureusement, Louis et moi possédons deux matelas de camping, suite aux nombreux que nous avons fait, qui nous permettent de moins souffrir. Mais je n'ai de loin pas passé ma nuit sur ce matelas, mais sur la terrasse. Même si je me suis longtemps congelé, je ne suis pas rentré, ne voulant en rien de rien me retrouver à moins de cinq mètres de Liam.

J'ai peur. Je tremble carrément... Pas de froid, mais de peur.

Le soleil pointe à l'horizon, entre les bâtiments londoniens. Mes yeux sont fixés dessus depuis de longues minutes, mais mon esprit n'est en rien concentré sur ce spectacle de la nature.

Avant que Louis ne s'approprie la chambre, j'ai pioché dans un tas de sweat shirt trop grands, prenant le plus large que je trouvais.

Cette idée peut paraître ridicule, mais j'ai voulu perdre mon corps. Littéralement. 

Sous ce pull, je ne suis plus visible, je suis noyé, perdu entre les tissus.

Ne croyez pas que je l'ai fait simplement parce que j'aime les habits trop grands. Ça c'est le truc de Louis, pas de moi.

Mais je me suis dit qu'en cachant mon corps, mes bras, mon torse, Liam n'allait plus me regarder et plus rien me faire. C'est ce que je veux en ce moment... Disparaître.

Ou pleurer.

Pleurer parce que je n'y arriverai jamais.

Depuis des années, j'essaie de m'accepter comme je suis, d'accepter mon corps, mes envies, mes besoins. Depuis que Louis est dans ma vie, tout m'a semblé plus facile. Il ne m'a jamais jugé lorsque je me mettais du vernis, lorsque je choisissais une bague plutôt qu'une montre... Louis m'a aveuglément aidé à avancer, me découvrir, me faire m'accepter.

Cela a pris des années. Cette quête avait commencé bien avant lui. Depuis ce jours où j'avais fini par me rendre à l'évidence que les filles ne m'intéressaient pas.

Louis est arrivé et a réussi par ses simples conseils, paroles, par son seul soutien, à souder toutes les petites choses que j'avais réussi à apprécier en moi, formant un grand tout pour que je m'aime enfin.

Ce chemin que j'ai parcouru, seul moi et Louis le connaissons.

Même si mes parents et ma sœur m'ont toujours accepté, ne m'ont jamais jugé, ils ne peuvent pas tout comprendre. Quand aux autres hommes qui ont traversé ma vie, ils ne portaient jamais assez d'attention à moi pour voir que je me cherchais encore.

Puis il y eu Louis qui m'a soutenu comme je l'ai soutenu.

Je suis son premier partenaire masculin. Il n'y connaissait rien, c'est ce qu'il m'a dit. Il ne savais rien, à l'exception de l'affection profonde qu'il me témoignait.

C'est par une phrase de ce style qu'il m'a demandé de sortir avec lui, il m'avait nerveusement fait rire.

Je pense que c'est pour cela qu'entre nous ça marche si bien...