38. Sincérité

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Sakura

Parle-moi d'Itachi. Demandé-je timidement tout en fixant Sasuke ses yeux. Je m'attends à ce qu'il me refuse cette faveur. Après tout, cet après-midi à déjà bien été chargé en émotions. Même s'il n'est pas du genre à pleurer comme une madeleine, j'ai bien senti que l'émotion était palpable. Notamment lorsqu'il a compris que sa mère était déjà enceinte de son aîné lorsqu'elle a épousé son père.

Mais j'ai envie d'entendre Sasuke me parler de son grand frère. Les anecdotes de Tadashi sont utiles mais je veux entendre la version de Sasuke. Je veux connaître qu'elle était sa relation avec son aîné. Je vois bien dans les photos qu'Itachi et Sasuke étaient proches. Itachi a cette lueur protectrice dans le regard. Je veux comprendre.

Nous sommes pareils sur le fait de perdre nos parents. Mais moi je n'avais qu'eux : un père et une mère. Mes grands-parents étaient tous les 4 déjà décédés et mes parents n'avaient pas de frères ou sœurs. Moi non plus. Je ne sais pas ce que c'est de perdre plus que ses propres parents. Sasuke a perdu non seulement sa famille proche mais aussi tout son clan. Le traumatisme est forcément plus grand que le mien.
Je sais qu'il ne s'agit pas d'un concours de celui qui a le plus souffert. Mais je fais cette constatation : qu'est-ce que ça fait de perdre un frère ? Dans des circonstances aussi tragiques.

Tadashi ? Vous pouvez rentrer seul au domaine ? Demande Sasuke à son majordome en se tournant vers lui.

Ne vous inquiétez pas pour moi Sasuke. Mlle Sakura, nous nous reverrons demain ou après demain, avec grand plaisir.

Il me fait un baise-main et salue d'un signe de tête son patron. Sasuke se place derrière mon fauteuil et sort de la salle.

Par où dois-je passer pour rejoindre le jardin ? Me demande-t-il.

Je lui indique le chemin et nous n'échangeons aucune parole. A vrai dire, nous croisons quelques personnes du temps de traverser le centre et d'atteindre les allées du jardin. Ce n'est donc pas propice aux confidences.

Une fois dehors, je lui indique le chemin à suivre car j'aimerai qu'on aille du côté où il y a la vue sur la mer. L'étendue de l'eau a quelque chose d'apaisant et de propice aux discussions profondes. Mais le chemin est long et Sasuke tente de dévier mes pensées du sujet de son frère. Je n'ai pas besoin d'être devin pour le comprendre .

J'ai bien vu que tu ne tiens toujours pas longtemps sur tes jambes. Les médecins sont sûrs que physiologiquement tout est en ordre. Lance-t-il un peu suspicieux.

Sasuke !! J'ai été opérée par le plus grand chirurgien du Pays du Feu. Et Daisuke est le meilleur kinésithérapeute de Konoha.

Hn.

Ah non. Ne commence pas à douter.

Les meilleurs ne sont pas moins des êtres humains qui ne réussissent pas à tous les coups ! Mais je m'interroge quand même... j'ai le droit non ?

Je suis sortie du coma il y a moins de 6 mois. La rééducation est récente aussi. Statistiquement je me débrouille plus vite que la moyenne. Il faut certainement plus de temps maintenant. Mais je ne vais pas baisser les bras si c'est ce que tu crains ...

Il ne répond pas car il s'est arrêté à l'endroit où je voulais qu'on aille. La vue est magnifique, telle que je l'aime. Le soleil est en train de se coucher nous offrant ses nuances d'orange et de jaune sur la surface de l'eau. La nuit tombe vite, mais nous regardons tous les deux cette merveille de la nature.

Sasuke expire lentement et je l'entend murmurer : nii-san, tu aurais aimé voir ça.

Je tourne le haut de mon corps vers lui et voit briller ses orbes noires dans la pénombre. Cet homme est tellement beau en cet instant. Authentique. Sans maîtrise de lui-même et de ses sentiments. Instinctivement je bloque les roues de mon fauteuil et je me lève pour me positionner à ses côtés, l'album sous le bras . Il n'a pas bougé, toujours le regard fixé au loin, comme hypnotisé par la disparition du soleil à l'horizon. Je pose ma main droite sur sa gauche qui tient toujours les poignets du fauteuil.

Deux âmes perduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant