39. Emotions

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Sasuke

Est-ce qu'il te manque ? enfin .. est-ce qu'il te manque plus que tes parents ou les autres membres de ta famille ?demande-t-elle alors avec une légère hésitation, à peine perceptible dans le silence de ce début de nuit. Pour la première fois depuis la tragédie, et sûrement pour la première fois de toute ma vie, quelqu'un me demande ce que je ressens. Ou plutôt c'est la première fois que je prends le temps d'y réfléchir et de donner une vraie réponse. Je n'ai pas peur de me dévoiler. Je n'ai plus peur. Et je le lui dois bien. 

Mais révéler ce que j'ai au fond de mon âme est bien plus douloureux que je ne l'aurai cru. Itachi est finalement la personne de ma famille qui me manque le plus depuis qu'ils ont tous péri. Mon frère. Mon repère. Sa mort a été tellement difficile à encaisser que j'ai extériorisé ma peine d'une façon peu glorieuse : développant ainsi mon côté froid, arrogant et autoritaire. Et alors que je réalise pleinement que mon comportement de ces dernières années est le simple reflet de ma propre souffrance intérieure une autre vérité m'éclate encore plus au visage. Sakura. 

Je me retourne alors vers elle, moi qui m'étais levé pour cacher ces larmes que je n'assume toujours pas mais que je ne peux retenir en sa présence. Mes yeux mouillés rencontrent l'émeraude profond des siens. Mon âme est ainsi mise à nue devant elle sans que je ne puisse l'empêcher mais que j'accepte pleinement à cet instant. Elle seule est capable de faire cela. Elle seule est capable d'entendre les hurlements blessés de tout mon être et d'y apporter cette douceur dont j'ai besoin. Réconfort. Tendresse. Amour. 

Et tu es arrivée dans ma vie...Mais j'ai été trop aveuglé. Trop blessé. Trop apeuré pour comprendre qu'Itachi m'envoyait depuis l'au-delà une autre personne capable de m'épauler et de m'aider à avancer dans la vie qui s'offrait à moi. J'ai été sourd. J'ai été le pire des salauds avec toi. J'ai ignoré l'amour que tu m'offrais sans conditions à par celle de t'aimer en retour. Mais là aussi je n'ai pas compris. Je n'ai pas voulu l'admettre et le reconnaître. Car espérer cela possible c'était prendre le risque de te perdre aussi. J'avais déjà tout perdu. J'avais perdu Itachi et revivre cette expérience était impensable. Alors je t'ai blessée de la pire des façons. J'ai piétiné tes sentiments. J'ai voulu te contrôler, ôter cette liberté qui est propre à chacun. Et à chaque fois que je te repoussais c'est parce que je sentais que je finirai par craquer parce qu'une part de moi-même voulait tellement que tu sois réelle. Que tu ne sois pas qu'une expérience conclue avec le club. Alors oui, je t'ai méprisée. Je voulais que tu partes, que tu me quittes pour que j'ai cette preuve que tu n'étais pas réelle. Que tu n'avais jamais existé. Et j'ai finalement réussi. Quand tu es partie ce jour-là, je n'ai rien fait pour t'arrêter car j'avais baissé les bras. A quoi bon te retenir? Je n'avais que ce que je méritais, ce que j'avais moi-même provoqué. 

Je ne la quitte pas des yeux. Elle encaisse tout ce que je lui dis avec cette même force qu'elle possède au fond d'elle-même. J'ai envie de m'approcher d'elle, de la serrer contre moi, mais mon corps lutte avec mes pensées. Je ne la mérite pas. L'ai-je méritée ne serait-ce qu'un instant ? Alors mon corps se tend et se crispe. Pas encore. Ce n'est pas encore le moment de la tendresse. 

Je te demande pardon Sakura. Je sais c'est facile à dire. Mais je le pense sincèrement. Je ne l'ai compris que bien trop tard. Il fallait que je m'enfonce encore plus loin dans la débauche, dans la perte de moi-même dans des comportements de plus en plus destructeurs. Moi qui avait toujours veillé à préserver ma vie privée, j'ai commencé à tolérer que ma vie dissolue soit exposée au grand jour. Qui pouvait me juger ? Ma famille n'était plus là. Itachi n'était plus là pour me rappeler à l'ordre. L'arrogance. L'orgueil. La vanité. Tout cela mélangé a renforcé l'ignoble individu que je suis devenu. Je n'allais plus au club car les Angel's me connaissaient et puis autant s'en prendre à des jeunes femmes innocentes et crédules. Je n'avais qu'à claquer des doigts et j'en avais une nouvelle, prête à me promette amour inconditionnel. Mais aucune n'avait ta sincérité. Aucune n'avait ta force intérieure. Aucune ne t'a jamais arrivé à la cheville. Aucune ne pourrait avoir cette prétention. Car tu es unique Sakura. Tu es un être exceptionnel. Mais là encore, je ne l'avais pas compris. 

Deux âmes perduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant