La Colocation désastreuse

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PDV PIERRE :
Dîtes-moi que je rêve. C'est qu'une mauvaise blague, hein ?
Flora : Professeur ?!

Je me pinçais discrètement le bras pour vérifier si j'étais inconscient, mais la petite douleur qui vint se loger à la place de mes doigts me firent penser le contraire. Mon propriétaire nous dévisageait, l'air choqué, complètement perdu.
Propriétaire : Euh... comment ça, professeur ?
- Et bien... je n'aurais jamais cru... que ma nouvelle colocataire serait la nouvelle élève de ma classe.
Propriétaire : Que... quoi ?! Je suis vraiment, vraiment désolé, je savais votre métier et je... j'avais pas fait attention à ce détail, j'aurais dû...

Je le coupais d'un signe de main, alors que Flora nous dévisageait, en état de choc.
- C'est... pas grave. Tant pis... euh...

Pitié, que ses parents reviennent vite. C'est... malaisant, cette situation.
Je fis un signe de tête au propriétaire qui s'en alla aussitôt, laissant derrière lui un grand blanc. Sa voiture démarra, et il partit sans demander son reste.
- Bon... quand-est-ce que tes parents arrivent, pour savoir comment on répartit l'espace ?

Elle semblait chercher ses mots. Ses cheveux étaient beaucoup plus longs que ce que je croyais : quand je les eus vus, ils étaient attachés. Ses deux mèches pendaient sur son visage fin.
Flora : Comment dire... ils ne reviendront pas.

J'hoquetai de surprise.
Oh non... non... je ne vais pas vivre avec une élève, quand même ? Quel cauchemar...
- Pourquoi ?
Flora : Ils ne sont plus en France.

Elle se retourna et se rassit à la table du salon. Je l'observai, ahuri par la situation étonnante dans laquelle j'étais. Je me rendis compte de ce qu'elle écrivait, et souriais immédiatement.
Elle fait les devoirs que j'ai demandés. Au moins elle est attentive et sérieuse.
Elle releva finalement la tête vers moi, et me posa une question à laquelle je ne m'attendais pas.
Flora : Votre femme arrive bientôt ?

Le malaise était palpable. Comment devais-je lui dire que personne n'avait jamais voulu de moi ? Devais-je être franc, ou devais-je mentir un peu histoire de frimer ?
- Je suis célibataire.

Je lui tournai le dos, pendant que mes joues chauffaient.
Mon dieu, rougir pour des âneries pareilles. Elle va me prendre pour un imbécile.
Flora : Ah... je suis désolée.
- Ce n'est rien. Tu as vu ta chambre ?
Flora : Non, j'ai déposé mes affaires SOIGNEUSEMENT sur le côté en attendant. J'ai préféré ne pas fouiller.

Je remarquai qu'elle avait insisté sur le mot « soigneusement ».
Elle avait donc déjà remarqué pour ma manie de propreté. Je sentais que vivre là allait être un véritable enfer.
Adieu, vie détendue et privée. Je vais devoir agir en prof vingt-quatre heures sur vingt-quatre...
Je soupirai, avant de m'installer droit comme un piquet sur le canapé. Je n'osais même pas allumer la télévision. Je restais là sans parler ni bouger, à penser à ce qui était en train de m'arriver.
Que quelqu'un me réveille de ce rêve absurde...
Soudain, une voix timide se fit entendre dans mon dos.
Flora : Monsieur...? Si je n'abuse pas de votre gentillesse ou de votre temps, est-ce que vous pourriez m'expliquer ça ?

J'avançais vers elle, curieux.
Il y a à peine quelques secondes, elle n'en était qu'au début, mais je m'aperçus qu'elle eut presque fini.
Je la fixais, étonné de ses capacités d'apprentissage.
Flora : J'ai fait tant d'erreurs que ça ? J'étais pourtant sûre de moi...

Elle fit une mine déprimée, alors je jetai un coup d'oeil à ses réponses.
Il n'y avait presque aucune faute. Elle vient d'arriver, c'est surprenant.
Je ne sus pas pourquoi, mais en cet instant même je ressentais une certaine fierté.
Je passai alors un petit quart d'heure à lui expliquer simplement pour qu'elle comprenne.
- Voilà.
Flora : Merci, Monsieur !

Pour la première fois de la soirée, elle me fit un grand sourire qui, je supposais dans mon rôle de professeur, me réchauffait le coeur.
- Avec plaisir.

Je me réinstallai dans le canapé, et fermai les yeux. La fatigue de la journée me firent m'endormir assez rapidement.
Il devait être vingt heures quand je sentis une douce odeur me chatouiller les narines. Je levai les yeux, et vis une marmite pleine chauffer. Une couverture épaisse se trouvait sur moi, que je ne me souvenais pas avoir utilisée, pendant que la cravate de mon costume semblait prête à m'étrangler à tout moment.
Je veux prendre une douche et me changer.
Je me levai, l'esprit encore embrumé par ma sieste, et appuyai sur la poignée menant à la salle de bain.
J'avais complètement oublié l'existence de Flora, qui se trouvait maintenant devant moi en sous-vêtements dans la salle de bain.
Sa silhouette était fine, son sablier n'était pas complètement formé. Elle avait des jambes toutes petites, et pourtant elle même était assez grande.
Elle se mit à hurler, et je sortis alors en courant dans le salon, rouge de honte.
Je voulais m'enterrer loin, très loin d'elle.
Lors du repas, elle semblait faire la tête, l'air complètement vexée par la scène de tout à l'heure. Je n'osais rien dire, mangeant simplement son rôti de boeuf qui, à ma grande surprise, était incroyablement bon. Je finis mon assiette, avant de murmurer.
- Merci pour le repas... et... je suis désolé pour tout à l'heure.
Flora : Il y a de quoi.

Son ton était sec à en faire peur. Elle me lançait un regard assassin.
- On va faire une pancarte pour signaler quand la salle de bain sera occupée.
Flora : Y'a intérêt. Parce que la prochaine fois, professeur ou pas, je vous dégage par la peau du cou.

Ça rigole pas. J'avoue être en tort, mais là elle a vraiment l'air en colère. Elle est mieux souriante pourtant. Attends... la fatigue fait vraiment des ravages. À quoi je pense ? Occupons nous plutôt de ce regard, c'est flippant.
- Et que dois-je faire pour me faire pardonner, dis moi ?

Elle semblait réfléchir longuement à ma question, quand un sourire presque diabolique s'invita sur ses lèvres.
J'aurais mieux fait de me taire. Elle est encore plus flippante.
Flora : Pendant une semaine, donnez-nous moins de devoirs.
- En une journée tu en as déjà marre de mes cours ?
Flora : Non, votre cours a été intéressant, les pierres précieuses sont un thème que j'apprécie beaucoup. Les questions étaient simples en soit, mais c'était trop long. Cinq pages... c'est de la pure torture.

Je ne savais pas si je devais rire ou m'agacer devant cette franchise. Ce que je savais, c'était que je tenais bien à de nouveau goûter à ses plats, et que pour cela il fallait que je me tienne à carreaux. Défaitiste, je soupirai encore une fois avant d'accepter sa condition.
Par contre, prépare-toi pour dix pages la semaine qui suivra. Tu le regretteras amèrement, je te le garantis.
Mais ça... je décidai de ne pas lui dire, étant donné qu'elle avait retrouvé sa bonne humeur.
Elle me fit de nouveau un grand sourire, avant de littéralement engloutir sa part.
- Au fait, où as-tu appris à cuisiner ?
Flora : Toute seule.

Elle ne m'en dit pas plus et je n'osais pas poser plus de questions.
Impressionnant pour une gamine.
Je décidais alors de me taire et de cette fois partir me doucher sans me faire hurler dessus.
Lorsque je finis par revenir, attentif aux alentours, je vis Flora, allongée là où j'étais quelques temps plus tôt, complètement tombée dans les bras de Morphée.
Sa respiration était lente et régulière, faisant soulever son torse au même rythme que celle-ci. Elle avait de longs cils, et ses cheveux passaient sur son visage, la faisant se gratter de temps en temps.
- Franchement, il est même pas vingt-deux heures.

Je finis par doucement la porter et la déposer sur le lit de sa chambre. Je fermai alors sa porte et me contentai de pousser le plus gros soupir que je n'avais jamais fait.
Comment étais-je censé faire, moi ?
Vivre avec une élève, c'était tabou. Complètement insensé.
Après, rien ne risquait de se passer, donc il n'y avait rien de grave. Mais... allais-je devoir supporter ses crises d'adolescente insupportables ?
Non, de ce que j'en avais vu, elle n'avait pas l'air de ce genre là. Heureusement d'ailleurs, sinon je l'aurais poussée à la porte.
Mais... que diraient mes collègues s'ils l'apprenaient?
Je me devais de faire en sorte que ça ne se sache pas.
De plus, de ce que j'avais compris, ses parents n'étaient pas là. Et je me posais beaucoup de questions à ce sujet.
Je m'endormis dans ma chambre, la tête en vacarme et l'esprit occupé par des hésitations.

Coucou. Voici mon deuxième chapitre de cette fanfiction !
Le prochain sera du point de vue de... vous verrez ! ( il faut que je lance toutes les histoires ).
Gros bisous 😘

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