Ressenti Véritable

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CROSS 4)

PDV KALEM :

{ FLASHBACK }

- SERENA !

Elle ne m'entendait plus, et était déjà à l'autre bout de ce foutu couloir. Elle avait une émission juste après, en plus. Comment le savais-je ? Je regardais désormais chaque émission dans laquelle elle passait avec ma famille fane d'elle. Celle-ci était d'ailleurs dans un état de choc profond quand je leur eus dit que je souhaitais voir ça avec eux.
- Serena...

J'étais dans un état de détresse profond, ma poitrine était serrée à un point qu'elle m'en faisait mal. Ma gorge était toujours aussi sèche. Mes genoux tombèrent au sol, le stress retombait, laissant sa place à un dégoût de moi même tellement puissant que j'eus une nausée.
Je suppose que c'est bien fait pour moi.

{ FIN FLASHBACK }

J'avais séché le cross. Après tout, qu'en avais-je à faire, de regarder des abrutis courir pour une première place qui, ne mentons pas, ne servira jamais à rien ?
J'étais alors devant chez moi, cannette à la main, à regarder le ciel en tenant fermement mon cahier de l'autre. Par terre, se trouvaient des feuilles pliées en boule, que bien entendu je comptais jeter après, trahissant mes nombreux échecs.
J'essayais tant bien que mal de redessiner ce beau visage endormi, mais mon souvenir n'était pas aussi net que la réalité. Je n'avais réussi qu'à former son crâne et son cou, mais comment pouvais-je dessiner ses lèvres parfaites ? Comment pouvais-je deviner la rondeur exacte de ses joues pleines ? Comment pouvais-je dessiner les contours de ses yeux marrons aux longs cils ?
Cela m'était impossible sans le modèle, qu'un certain rouquin prenait plaisir à admirer chaque jours tellement plus près que moi.
J'avais par ailleurs une fois de plus payé le prix de cette tentative d'approche.
Je regardais avec attention les restes de mon cahier aux mille merveilles. Mille merveilles complètement chiffonnées et abîmées.
Je fronçais les sourcils avant de jeter le tout avec un dernier haut-le-coeur.
Comme moi, même s'attacher à un objet peut faire mal.
Je retournais chez moi en soupirant longuement. Ma petite soeur m'attendait.
- Je suis rentré.
Sannah : Pile à l'heure ! Elle est en direct !
- Mmm ?

Elle me dévisageait avec un sourire narquois.
Sannah : Sous le charme ? Je dirais pas non pour que tu nous ramènes la grande Serena à la maison.
- Ne dis pas de bêtises. C'est une star.

Après un ultime soupir, je m'avachissais sur mon canapé aux côtés de ma soeur avec un visage blasé. Elle me regardait toujours avec des étoiles dans les yeux, avant de sauter sur place.
Sannah : Tu n'as pas nié quand même ! Papaaaaaa, mamaaaaan !
- Ferme-la !

Je passai ma main sur sa bouche avec une pression pour l'empêcher de parler.
Ma gaffe me coûtera cher.
Je la lâchais avant d'attraper un nouveau cahier au hasard dans les tiroirs pour me réinstaller, crayon à la main.
Sannah : Dis ?
- Mmmm ?
Sannah: Tu peux essayer de la dessiner ?

Elle attendait ma réponse avec ce qui me semblait être de l'impatience et de l'espoir.
- En échange de ?
Sannah : Mon silence. Quand même, mon grand-frère en pince pour...
- Tais-toi !

Je sentis mon visage chauffer, et regardais avec attention la télévision en préparant mes mains pour couvrir ma gêne.
Ce ne sera pas pareil que celui que j'avais fait dans le garage, mais bon...
Je commençais à former son visage, bien que le plan était bien plus petit que celui de l'autre fois. Ensuite apparaissait sur papier ses épaules fines, sa poitrine ferme puis ses hanches en sablier parfait. Je dessinais pour terminer les contours ses cuisses et mollets, essayant d'imiter au mieux la réalité.
Sannah: Donne-moi ton talent.
- Achète-toi une personnalité.
Sannah: Ce que tu es grincheux!

Le coeur à L'ouvrage Où les histoires vivent. Découvrez maintenant