Primaire

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PDV MEI :
Quand j'étais petite, en primaire, il y avait un garçon dans ma classe assez populaire. Il s'appelait « Hugh ». Moi, j'étais accompagnée d'un petit groupe d'amis dont Touko, mon amie d'enfance, faisait partie bien évidemment.
J'étais une petite fille très joyeuse, je pleurnichais beaucoup, mais repartais toujours du bon pied très rapidement. Et ce fut cela jusqu'à ce que, du jour au lendemain, Hugh, un garçon aux cheveux bleus foncés bizarres, presque violets, en forme de pics et des yeux marrons, commença à m'embêter constamment, sans raison.

{ FLASHBACK }

Hugh : Ben alors, tu viens pas la chercher, ta peluche toute moche ?
- Rends la moi, Hugh !

Je sautais désespérément en essayant d'attraper ma peluche en forme de loup des mains du garçon, sous les rires amusés des autres, en vain. Ma petite taille d'enfant me gênait et me complexait. Je sentis les larmes me monter aux yeux, et je partis en marchant avec des grandes enjambées, provoquant un bruit sourd à chaque pas.
Le lendemain, j'avais retrouvé ma peluche... dans une flaque d'eau, avec une patte en moins. Je l'attrapai doucement, quitte à me mouiller, et la serrai contre ma poitrine.
Cette peluche, c'était ma grand-mère qui me l'avait offerte à ma naissance, j'y tenais énormément.
Je marchais doucement jusqu'à l'école, le moral complètement plombé et effrayée à l'idée de de nouveau subir les moqueries de Hugh. Mon coeur se serrait d'effroi à cette idée, et je n'avais aucune envie d'aller en cours, là où se trouvait la source de mes problèmes.
Une fois arrivée, je m'installai à ma place, regardant avec attention autour de moi. Hugh m'observait avec un sourire narquois qui me faisait froid dans le dos.
En effet, une fois la récréation terminée, il vint me voir accompagné de sa bande de moutons stupides, et me dévisageait.
Hugh : Beh alors, t'es trempée, l'idiote ?
- Tais-toi.
Hugh : Pardon ? Fais gaffe à qui tu parles, l'idiote.

Comme pour donner vie à sa menace, il m'attrapa durement les chignons que j'avais difficilement fait, et me les défit tout en tirant dessus.
- Aie, mais lâche-moi !

Il n'en fit rien, et continuait en pouffant de rire. Le professeur nous observait mais ne faisait rien, comme s'il croyait qu'on jouait. Je pleurais une fois de plus de douleur, pendant qu'il prit un ciseau dans ma trousse et me coupait la longue mèche qui dépassait. Je voyais celle-ci délicatement tomber au sol, pendant que je tentais de le faire me relâcher.
La récré terminée, je sortis en courant de la salle de classe, cachant désespérément mes cheveux meurtris.
Je suis bonne pour aller chez le coiffeur, maintenant...
C'est ce que nous fîmes, ma mère est moi, le lendemain. J'avais séché toute l'après-midi d'école, mais je n'avais aucun regrets. Mes pauvres cheveux étaient coupés en un dégradé incroyablement laid. Ce qui était sûr, c'était que Hugh ne ferait jamais coiffeur, vu son manque de talent.
La dame me détacha ceux-ci, et semblait me plaindre profondément. Ma mère ne m'avait pas posé de questions en voyant mon état.
Coiffeuse : Que t'es t-il arrivé, ma pauvre...?
- On me les a coupés.
Coiffeuse : Ta maman ?
- Non. Un garçon de ma classe.
Coiffeuse : Pourquoi ?
- Je ne sais pas.

Je ne voulais pas en dire plus, alors je baissai les yeux.
Le lendemain, j'arrivais à l'école avec la même coupe que d'habitude, mais beaucoup plus courte. Mes chignons étaient moins épais et volumineux. Hugh semblait dégoûté de voir que rien n'avais changé et que j'avais un grand sourire sur les lèvres.
Hugh : Beh alors l'idiote, tu n'as pas changé de coupe alors que je t'ai donné l'opportunité d'être moins moche ?
- ...

Je n'osais rien dire de peur de vivre la même chose que la veille. Mon ventre se tordait d'un stress intense.
Hugh : Réponds quand je te cause.

Je levais la tête vers lui, sans toutefois oser le regarder dans les yeux.
La claque que je venais de me prendre sur la joue laissait place à une grosse marque rouge et des larmes sur celle-ci.
Cela faisait très exactement dix mois que je supportais tout cela. Et ce jour là, je n'en pouvais plus. Je me levais et allais voir mon professeur, le prévenant, encore une fois, de mon absence pour l'après-midi.
Je n'étais plus jamais allée à cette école, la peur laissant place à la haine. Je n'avais plus jamais revu Hugh depuis ce jour là, à l'exception d'une.
De toute manière, je pensais que le jour où je le reverrai, je lui mettrai la plus grosse claque qu'il ne se serait jamais pris de toute son inutile et misérable existence.
Sa mère avait dû payer les frais du coiffeur, ainsi que ceux des rendez-vous au docteur pour mes blessures après un ultime rendez-vous foireux.

{ FIN FLASHBACK }

Aujourd'hui, cela faisait une semaine que Flora était arrivée dans notre classe. Je la trouvais un peu étrange quand le professeur Stone était dans les parages, et quelques fois certaines conversations discrètes qu'ils avaient me laissaient perplexe.
« On mange quoi au dîner ? »
« Monsieur, je vous prierai d'arrêter de nettoyer constamment les vitres alors qu'elles sont propres, ça pue le produit ménager dans toute la maison. »
« Tu pourrais éviter de faire traîner tes affaires ? »
« Monsieur, vous nettoyez toujours tout mais vous n'êtes pas capable de ranger vos vêtements avec les vôtres et non dans les miens ? »
La pauvre Gloria quant à elle  se faisait raquetter, mais je n'osais pas intervenir car dans les yeux de ces gens, je revoyais Hugh qui m'hantait. Pourtant, j'appréciais cette fille, elle était tellement gentille. Je percevais en elle la petite enfant que j'étais.
Touko, elle, semblait très... nostalgique, en ce moment. Comme si elle regrettait quelque chose. Encore une fois, je n'osais pas demander par peur de faire ressurgir un mauvais souvenir.
Une nouvelle était arrivée. Elle s'appelait « Serena ». C'était une actrice connue, et Kalem semblait ne pas vraiment l'apprécier. Il la regardait comme on regarderait un extraterrestre.
Un beau jour, que je pensais être comme un autre, je vis des garçons demander à Gloria des devoirs.
Garçon 1) : Hé, Gloria.
Gloria :Oui ?
Garçon 2) : T'as fait le devoir donné qui apparemment fait cinq pages par Stone ?
Gloria : Pourquoi cette question ?
Garçon 1) : Donne les réponses.

Je la plaignais de tout mon être. Je l'admirais d'un air triste pendant que certains imbéciles riaient.
Flora : La pauvre...
Touko : C'est triste, hein ? Le pire c'est qu'on ne peut rien faire.

Et au moment où on pensait cela, je vis quelqu'un arriver et la défendre. Son manteau ressemblait aux tenues que Sally mettait. Flora hoqueta de surprise.
Flora : C'est celui qui était allé la voir et qui parlait d'un air hautain... le deuxième meilleur. Il fait partie du conseil d'administration... Travis, je crois.

Elle me parlait, mais je n'écoutais plus ce qu'elle me disait.
Non...
Je reconnaissais dans l'embrasure de la porte celui qui vivait dans mes cauchemars. Celui qui m'avait fait subir tant de misères.
Des cheveux en pics.
Des yeux marrons.
Hugh était là. Il me regardait lui aussi longuement, pendant que je me levais brusquement de ma chaise.
Touko l'avait reconnue elle aussi.
Je m'avançai vers lui, pendant que Travis entraînait Gloria avec lui. Les garçons étaient partis. Je levai ma main vers lui, et le frappai, fort. Aussi fort qu'étaient mes sentiments en cet instant.
Cette haine. Cette colère. Cette tristesse. J'espérais qu'il pouvait ressentir ce que je pensais de cet être abject en ce moment même. Il me jeta un coup d'oeil, pendant que toute la classe hurlait des « oooooh ». Les filles, hormis mes amies, semblaient outrées.
Fille1) : Comment as-tu osé frapper notre Hugh, sal*** ?!

Je ne répondis pas. J'étais juste en cet instant fière de mon acte, fière de moi tout simplement. Mes cheveux volaient derrière moi quand je retournais calmement à ma place.
- Il le méritait amplement.

Ses yeux me lançaient des éclairs de fureur. Il s'approcha à grand pas de moi, allait me frapper à son tour, mais Serena, l'actrice oui, s'interposa.
Serena : On ne frappe pas une fille, tututu !
Hugh : Elle m'a frappé d'abord, je mérite remboursement.
Serena : Tu devais le mériter, justement. Je ne suis pas arrivée il y a longtemps, mais Mei n'est pas du genre à en venir aux mains comme ça.

Je levais le menton, pendant que Hugh sifflait de rage. Il partit en direction du couloir, suivi d'un « troupeau » de fanes.
- Toujours aussi pathétique... Serena...? Merci, je te revaudrai ça ! lui dis-je avec un grand sourire.
Serena : C'est tout naturel, Mei.

Je lui serrai amicalement la main, avant d'être appelée pour ma retenue avec Violette, la patronne de mon club de journalisme.
J'étais intéressée par ce domaine car on  dénonçait des faits, et j'aimais vraiment justement... dénoncer les problèmes du monde.
Mais sinon, plus tard, je veux devenir avocate.
Je quittai alors la salle et vis Hugh me regarder au loin avec le même regard que tout à l'heure.
C'est bien fait pour toi.

Coucou ! Voici mon chapitre cinq, du point de vue de Mei. J'espère qu'il vous a plû !
Sur ceux, à la prochaine 😘😘

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