Tout Avait Commencé

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Tout avait commencé ce jour là.
Ce jour où, dans des circonstances particulières, cette jeune fille était arrivée dans cet établissement, dans ce lycée, et était entrée dans sa classe bercée par les mots de son professeur principal. Ce jour où elle avait rencontré Mei et Touko, et où Serena les avait rejointes, pour enfin que Gloria arrive dans leur bande.
Chacune avait un trait de personnalité, avait une histoire, un passé.
Et chacune de leurs blessures avaient été pansées par une personne.
La première, Flora, forcée d'habiter en collocation après le rejet de ses parents, n'avait d'autre réconfort que Pierre, qui l'avait longuement soutenue.
Il était du genre à rire beaucoup et gourmand, comme un enfant, et plaisantait en se moquant la plupart du temps ( gentiment ) de sa protégée. Il avait fini par l'aimer malgré un statut au-dessus, malgré l'âge et les circonstances. Tellement, qu'il en avait abandonné tout, son poste, sa vie personnelle pour elle, et lui avait confié son coeur et son corps.
La deuxième, Gloria, avait perdu son père, parti en guerre, et sa mère ne revenait que rarement de son travail. Elle était du genre à se forcer, à faire en sorte qu'on l'apprécie avec un masque de sourire. Et beaucoup en profitaient.
Jusqu'à ce qu'un certain mouton prétentieux s'en mêle.
Il était toujours premier dans toutes les matières, avant elle. Il l'haïssait. Mais en même temps... il était curieux de cette personne qui osait lui tenir tête. Leur rivalité s'était peu à peu transformée en quelque chose d'autre. Quelque chose de beau, qui avait sorti la fillette de tous ses soucis. Il lui avait offert une épaule pour pleurer, un coeur pour prier, une main à soutenir. Une main qu'elle ne lâchera jamais plus.
La troisième, c'était Mei. Une fille au sourire d'ange, au coeur sur la main. Une fille qui cachait beaucoup de souffrance : souffrance qui venait d'un garçon nommé Hugh.
Un harceleur, une harcelée, leur destin était entrelacé pour former rancune, rancoeur, tristesse, mais aussi...
Amour. 
Car en effet, il l'avait toujours aimée. Mais il était tellement jeune, tellement bête pour s'en rendre compte. Tellement peureux de ces sensations nouvelles qu'il pensait anormales. Dont il avait voulu se débarrasser. À tel point que cela avait mal tourné.
Mais au final, la roue avait tourné. Par cette gifle qui avait atteint ce coeur fragile, Mei avait ravivé une flamme que Hugh pensait éteinte. La flamme des regrets. Malgré leurs différents, ils avaient réussi à s'entraider, se détester et s'aimer... formant ainsi aujourd'hui quelque chose de magnifique, de fort : la Rédemption.
La quatrième, il s'agissait de Touko. Touko, qui était je pense la plus malheureuse parmi toutes. Elle avait perdu quelqu'un, quelqu'un qu'elle aimait. Du moins... qu'elle pensait l'aimer. Car en effet, tout ce qu'elle pensait avait été brouillé par mensonges et jalousie. Deux frères l'aimaient. L'un était Ray, l'autre N.
Et la personne qu'elle disait aimer n'était pas la bonne. Et ça, elle s'en était rendu compte avec un présent, avec une signature vulgaire. Signature qui avait ressurgit dans la profondeur de ses yeux d'un vert magnifique. N était du genre renfermé, et il était hanté par le soulagement et la souffrance, créant en lui une voix semblable à celle de son défunt et détesté frère. Et tout ce dont Ray avait besoin pour s'envoler en paix, c'était le pardon. N devait se pardonner, et aimer librement; même si c'était elle.
Pour terminer, il y avait lui. Et... elle.
Serena et Kalem.
Deux opposés parfaits, l'une sociable appréciée : une star. Belle, intelligente, tactile et maladroite. L'autre n'avait pas d'histoire, pas d'amis, pas d'amour, il n'avait rien, mais de son plein gré. Il avait peur d'aimer et de s'attacher dans cette société pleine de menteurs et d'égoïstes, et où les peines étaient multiples.
Et malgré lui, il ne parvenait pas à s'éloigner d'elle. Et pourtant, ce n'est pas faute d'avoir essayé ! Mais que pouvait-il faire ? Lui aussi était tombé dans ses filets, elle aussi était intriguée par cette solitude incarnée et ces grognements cachant une personne si belle, protectrice et forte.

Et toutes ces personnes étaient aujourd'hui là, réunies dans ce café à parler d'eux, de l'avenir, à rire et à se moquer. Comme cela est nostalgique !
Flora était confortablement installée sur les genoux de son ex-professeur, qui enseignait dorénavant dans le lycée de la ville voisine. Les au-revoir avaient été compliqués, mais tous acceptèrent son départ après avoir entendu sa véritable raison. Quelques fois, ceux-ci passaient pour voir les tourtereaux se chamailler. C'était si... divertissant. Pierre enlaçait délicatement ses hanches comme l'on enlacerait quelque chose de fragile. Il riait de bon coeur de Travis, rouge pivoine après une magnifique déclaration d'amour non intentionnelle à l'égard de Gloria dont la tête était posée sur son épaule. Elle riait, elle aussi, pendant que le garçon tentait de se cacher avec son épais manteau. Chose inutile mais tellement adorable selon elle. Kalem était tout autant exaspéré que Flora, et tentait vainement d'échapper à l'étreinte de Serena pour éviter de frôler la crise cardiaque qui semblait le menacer. Lui aussi rougissait, tant que même N souriait de ce spectacle. Finalement, le brun, en soufflant et faisant mine d'être agacé malgré le picotement qu'il ressentit au niveau de son ventre lui annonçant son bien-être, passa le bras autour des épaules de la jeune actrice qui avait fait scandale après la scène au studio. Leur couple avait été très apprécié, et la classe peinait à y croire... Trovato, notamment, qui pestait rien qu'en les voyant.
Touko portait sur elle le pull du vert, et elle le reniflait bruyamment sous le regard d'incompréhension de Kalem, qui dévisageait Serena ensuite pour vérifier qu'elle n'avait pas ces manies douteuses. Elle lui a rendu en réponse un beau sourire qui firent soupirer le ténébreux. N et elle étaient à une petite distance de sécurité d'au moins cinq centimètres, mais ce que personne ne voyait, c'était leurs doigts entrelacés sous la table, ainsi que leurs genoux croisés pour les cacher.
Après avoir beaucoup pleuré ce jour là, la mère de N s'était excusé, et Touko s'était ensuite officiellement déclarée. N n'a jamais plus entendu la voix de Ray, mais peut-être avait-il entendu un « merci » le jour où ils sont revenus ensemble au parc d'attraction, dans cette fameuse grande roue. Il lui avait par ailleurs donné un dernier présent, un collier, qui cette fois avait été donné par la bonne personne. L'autre ? Il était dans une belle boite d'argent, et elle le conversait.
Les seuls qui n'étaient pas là étaient bel et bien venus : mais ensemble, rieurs, ils s'étaient éclipsés comme des enfants qui feraient une belle bêtise dans le dos de leurs parents. Pierre les avait remarqués mais avait souri silencieusement. Ils s'étaient retrouvés sur ce balcon, alors que le soleil se couchait, main dans la main.
Dans un « je t'aime » murmuré, dans leur souffle mélangés, leurs lèvres se scellèrent sous ce paysage de rêve comme pour une promesse. Une promesse, comme l'avait dit Flora, pour que Hugh devienne fort, et l'aime comme une nouvelle fois. Il en était retombé amoureux, il fallait bien un nouveau départ ! Et ce, pour se rattraper de tant de souffrance.
Leurs lèvres collées ne semblaient pas vouloir se détacher, leur regard disait tout.
Regard qui disait...
Je te jure que ces morceaux de passé dont nous sommes faits, je te les dévouerai et te remplacerai ces souvenirs douloureux par de nouveaux, de plus beaux. Je mettrai mon Coeur à L'ouvrage pour ton beau sourire.
Je t'aime.

FIN.

Le coeur à L'ouvrage Où les histoires vivent. Découvrez maintenant