PDV TOUKO :
Il avait tout bonnement disparu de la circulation. Ni plus, ni moins.
Ses longs cheveux verts n'étaient plus là.
Après le cross, il ne donnait plus aucun signe de vie.
Le dernier souvenir que j'en gardais était ce sourire douloureux qu'il m'avait adressé après m'avoir donné son présent, dont je ne me séparais plus. J'étais entourée de des amies depuis qui parlaient de tout et rien, mais je pensais à ces yeux verts profonds m'observant sans même écouter leur conversation.
J'étais partie le trouver à son travail après mes cours, inquiète pour lui, mais rien : il était tout bonnement parti on ne savait où, et sans raison apparente. Du moins, il ne l'avait expliquée à personne.
Depuis, certains sentiments se sont effacés : j'avais l'impression d'avoir, pour la deuxième fois, vécu ce tragique accident. Mais je ne savais pourquoi, mais ne serait-ce qu'imaginer N dans le même état me faisait faire des crises d'angoisses. La nuit dernière par exemple.
Prise d'un énorme cauchemar dans lequel je voyais non pas Ray mais N mourir en hurlant que la faute me revenait, son sang dégoulinant de son visage. Son corps baignant dans ce liquide rouge au beau milieu des fleurs. Je m'étais réveillée en sueur, en hurlant, pleurant, le corps tremblant de peur de l'avoir perdu pour de vrai. Ma respiration était on ne peut plus rapide, et je n'arrivais pas à me calmer malgré mes efforts.
N... où es-tu ?
J'avais beau essayer de comprendre, je n'y parvenais pas. Pourtant...
Je voulais comprendre.{ FLASHBACK }
Ray : Tu sais... j'aime beaucoup... fabriquer des bijoux. Et...
- Ooooooh ! Tu pourras m'en faire un ?Je l'admirais, des étoiles dans les yeux, pendant qu'il souriait timidement.
Ray : O-oui ! Je te le promets ! Tu verras, tu vas l'adorer ! Tellement, que tu le... porteras tous les jours !
- Je le chérirai, juré !Je le regardais droit dans les yeux et lui tendis mon petit doigt. Il sursauta légèrement, avant de sourire et de me tendre le sien.
Ce jour là, nous avions marqué notre promesse.
Mais quelle était la couleur de ses yeux, déjà ?
Bleus... n'est-ce pas ?{ FIN FLASHBACK }
Je jetais avec rage mon élastique et ma casquette qui retombaient lourdement sur le sol propre.
Je pris mon téléphone, et me dirigeai en tapant du pied vers le parc d'attraction après avoir prévenu ma mère qui avait l'air de se faire un sang d'encre pour moi. Après tout... j'étais de nouveau au fond du trou.
Nous avions promis d'y retourner un jour. Allait-il briser cela ? Et si je ne le revoyais jamais ?
Mes pas se dirigèrent automatiquement vers une attraction.
Elle était majestueuse, au centre même du parc. Elle tournait lentement mais sûrement toujours dans le même sens comme une horloge qui, peu importe combien de fois elle revenait au même endroit, continuerait d'avancer. Elle semblait me regarder de haut, moi et mes chagrins, moi et mes peines. Elle riait de moi, j'en étais certaine.
À l'intérieur, des gens s'enivraient de la beauté du ciel et du monde, dévorant de leurs yeux curieux d'enfants rêveurs, d'adolescents amoureux ou d'adultes rassasiés. D'autres discutaient de leur journée avec leur proche et juraient de revenir.
Enfin, la dernière partie s'aimait, se promettait leurs voeux, s'embrassaient sous ce beau firmament étoilé aux mille découvertes encore possibles.
Mais moi, je ne faisais partie, à ce moment là, d'aucune des catégories.
J'étais seule dans cette Grande Roue.
Peut-être espérais-je que, par miracle, l'être perdu soit retrouvé à l'intérieur. Qu'il m'y attende, m'accueille en souriant, me jure en me tenant dans ses bras que plus jamais il ne partira loin de moi. Il m'avait comme Ray laissée pour morte.
On ne se rend compte de l'importance des choses que lorsqu'on les perd. C'est vrai. Tellement vrai...
Mon oeil gauche se fit humide, et l'autre suivit. Je pouvais parfaitement imaginer la main de N posée sur la mienne, je pouvais sentir son regard me transpercer, m'observer de tous les coins, mettant à nu mes émotions et mon corps sans me juger. Je pouvais sentir ce regard m'aimer, se contenir, se haïr.
Ce jour là, lorsque le vent soufflait et que nos petits doigts d'enfants étaient enlacés... ses yeux étaient-ils vraiment bleus ? Ou étaient-ils...
Pourquoi me posais-je cette question, alors qu'il pleuvait sur mes joues ?
Parce que je doutais de quelque chose, quelqu'un. Quelqu'un en qui j'avais confiance. Quelqu'un que je croyais aimer. Parce qu'au fur et à mesure que j'apprenais à connaitre N...
Je me rendais compte qu'il lui ressemblait, à ce petit garçon timide qui le lendemain avait radicalement changé de caractère.
Ce jour là, et le lendemain, le comportement de celui que j'appelais Ray, de celui que je disais aimer, était différent. Trop différent.
Pourtant, celui dont j'étais amoureuse, c'était ce garçon qui m'observait tous les jours, ce garçon timide à qui j'avais fait une promesse : celle du bijou. Celui que je jurais être Ray.
Mais...
Ses yeux étaient-ils bleus ? Ou... étaient-ils verts ?
Je ne savais pourquoi j'avais un doute.
À la fin de mon tour, je sortis en traînant des pieds, ma question toujours en tête.Lorsque je revenais chez moi, enragée et fatiguée de l'attendre, je pris mon sac et le jetai à l'autre bout de ma chambre sans prêter garde à son contenu. Je soupirai profondément, avant de pleurer à chaudes larmes, une peluche en forme d'ours coincé entre mes bras.
Je serrai dans ma paume le beau bracelet que N m'avait offert.
J'ouvris ma main, caressant de mes doigts l'objet, faisant attention aux plus petits des détails avec attention : il avait du mettre tellement longtemps à le réaliser, et pourtant, il l'avait fait... pour moi.
Je le retournais délicatement, comme le plus précieux des trésors.
Quand un détail me frappa.
Une signature derrière était gravée.
Une signature que j'étais sûre d'avoir déjà vue quelque part.
Je me relevais, manquant de trébucher, avant de me diriger vers un miroir.
Sur celui-ci était reflété mes cheveux bruns volumineux, des yeux marrons dont le contour était rougi par les pleurs. Des cernes affreuses qui les entouraient. Mon coeur tambourinait dans ma poitrine.
Je relevais mes cheveux, laissant apercevoir sur mon cou mon collier.
Prise d'un instinct familier que j'avais auparavant déjà ressenti, je le retirais soigneusement, avant de retourner le présent comme j'avais retourné l'autre : la même signature était inscrite.
Signature dans laquelle se trouvait un N, ainsi qu'un nom.
Ransey.C'est lui... N... c'est toi ! N Ransey... !
Une fois de plus, je faillis manger le sol en prenant mon élan pour courir, rentrant dans les murs par accident, me prenant mes pieds dans la porte tant j'étais pressée.
Maman : Où vas-tu ?
- Chercher cet imbécile.J'ouvris la porte avec le pied, enfourchai mon vélo, avant de me précipiter vers la maison de l'homme aux cheveux verts.
Le paysage défilait en même temps que mes souvenirs.
Mais quelle idiote !{ FLASHBACK }
Ray : Tiens. Garde-le. Il te fera toujours penser à moi seulement.
- Euh... merci ?
Ray : Adorable...{ FIN FLASHBACK }
Je venais de comprendre ce regard douloureux. Ce sourire faux. Ces hésitations, et la tristesse lorsqu'il avait vu le pendentif.
Ce n'était pas Ray, ce jour là.
Le garçon timide dont j'étais amoureuse...
C'était N.
Mais comme une idiote, je n'avais rien vu à la supercherie de Ray. Et pourtant.. ils ne se ressemblaient pas.
L'un était assez introverti, avait le regard vide qui, quand on cherchait, dégageait une tristesse infinie. Un sourire qui lui ressemblait.
L'autre était bien plus ouvert et ne mâchait pas ses mots. Il avait toujours le sourire.Le collier n'était pas du défunt, mais bien du vivant. De celui que je pensais ne pas connaître, ne pas aimer. Celui que je pensais être juste un substitut.
Celui qui en fait, était mon premier et mon unique amour.
Ses yeux... ils étaient verts.
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Le coeur à L'ouvrage
FanfictionCeci est l'histoire de plusieurs personnes : Flora & Pierre Mei & Hugh N & Touko Travis & Akane Kalem & Serena Un lycée, cinq histoires d'amour plus ou moins compliquées... en un recueil. ( personnages de Pokemon mais histoire dans un monde normal )...