Prise sur le Fait

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PDV FLORA :

Il dort vraiment, hein ?
J'avais fait un cauchemar, et comment dire...
Rester seule dans cette grande pièce qu'était ma chambre ne m'inspirait pas vraiment.
J'avais du mal à marcher, mais ce ne devait pas être trop grave, après tout, je parvenais à poser le pied ! J'aurais été bien embêtée si je ne pouvais pas... rejoindre Pierre discrètement dans sa chambre pour dormir et repartir sans qu'il ne s'en rende compte.
J'étais très heureuse que mes amies aient trouvé le bonheur : Touko, malgré l'accident, cela se voyait, était retombée amoureuse. Peut-être de son frère que j'avais vu ?
Ensuite, Mei et Hugh n'étaient désormais plus un faux couple. Ils avaient enfin fait le point, surtout Hugh. J'étais contente qu'il lui fasse part de son dégoût de lui même et qu'elle lui pardonne.
Serena, elle, était malheureusement toujours morose, mais avait fait une déclaration dans son émission, et j'espérais vraiment que Kalem se reconnaîtrait.
J'étais sûre qu'elle l'aimait. Et aussi que même s'il ne s'en rendait pas compte c'était réciproque.
Enfin, Gloria n'était plus seule, elle non plus : un arrogant sur pattes qui pouvait faire preuve d'une grande sensibilité et nous, ses amies étaient à ses côtés.
La seule histoire qui n'avait aucune chance était belle et bien la mienne.
J'ouvris timidement sa porte, ma peluche au bras, avant de marcher tout doucement, de toute manière j'étais obligée, jusqu'à lui. Je levais délicatement la couverture, la plaçais aussi sur moi, et l'enlaçais délicatement par derrière.
Mais même si cette histoire n'aboutissait pas, tant que je pouvais vivre avec lui, ça m'allait.
Je m'endormis alors paisiblement dans un sourire sans refaire le moindre cauchemar. Demain... c'était samedi.

{ Ellipse }

Je sentais qu'on m'enlaçait en réponse, me tirant tout doucement de mon sommeil profond. Des bras bien plus grands, forts et musclés que les miens. Corps que je serrais en retour depuis hier fermement. Corps parfaitement sculpté et dessiné, à se demander comment il faisait vu la quantité de sucre qu'il pouvait ingurgiter.
Oh non... Seigneur. J'ai oublié de me lever... il m'a vue ? Pitié qu'il dorme encore.
Sa tête était posée sur la mienne, et il ne bougeait pas.
J'ouvris discrètement les yeux, priant pour ne pas m'être fait repérer.
Ouf, il dort !
Ses cheveux étaient emmêlés et dispersés sur son visage, et sa respiration semblait lente. Je pouvais dorénavant sentir son souffle régulier.
Il dort torse nu quand je suis pas là ! J'avais pas vu hier.
Je suis tentée d'une bêtise... mais s'il s'en rend compte...
Le souvenir de la peur qui m'avait envahie lors de son avertissement retentissait, mais l'envie de sentir ce contact que j'avais tant attendu mais qui n'était jamais venu était plus fort.
Ses lèvres étaient légèrement entrouvertes, pulpeuses et ne bougeaient pas.
Peut-être que je pouvais ? Après tout, il ne serait jamais au courant si j'étais discrète...
J'approchais mon visage avec une lenteur indéchiffrable, toujours dans l'objectif qu'il ne se rende compte de rien.
Ça me fera office de dédommagement et de... vengeance.
Nos lèvres allaient de nouveau se frôler mais...
Pierre : Non mais je rêve... tu es sérieuse ?

Il avait eu un mouvement de recul, effrayé sûrement par ce réveil particulier. Je me retirais d'un coup, alors que ses paupières s'étaient brusquement ouvertes et ses joues avaient rougies, avant de brusquement me retirer et me lever puis courir vers le salon.
Pierre: Si je t'attrape, je te garantis que tu ne t'en sortiras pas aussi facilement. Je t'avais prévenue, tu ne fais que tirer sur la corde ! Je n'en peux plus, j'abandonne ! Je suis à bout !

Il me suivait de près, mais je manquais de tomber à chaque pas que je tentais de faire. S'entama une course poursuite dans la maison, la collocation que nous partagions, en pyjama pour ma part, et lui torse nu. Au bout d'un long moment à se chamailler, je lui lançais un oreiller au visage, qu'il intercepta de sa main avant de le jeter de nouveau à l'autre bout de la pièce.
- Aïe...

J'étais dorénavant dans la salle de bain, les mains collées au lavabo pour tenter vainement de me soutenir. Ma cheville me faisait bien trop mal.
Pierre arriva à ma suite, un regard à faire peur et un sourire des plus étranges, avant de me porter comme un sac à patates.
Il me posa délicatement sur le canapé avant de s'installer à côté de moi, comme si ma douleur l'avait calmé.
Pierre: Je suis désolé.
- Pourquoi tu ?
Pierre: J'avais oublié, je l'admets, pour ta cheville.
- C'est... pas grave.

Il me dévisageait longuement d'un air sévère, avant de reprendre la parole devant mon visage gêné.
Pierre : Je peux savoir pourquoi tu as fait ça ? Enfin... tu allais, plutôt.

Je rougis de plus belle, avant de murmurer.
- Une tentation, je suppose...
Pierre : Déjà, je peux savoir qu'est-ce que tu faisais là ?
- La tentation aussi...

Je vais pas lui dire que c'était à cause d'un cauchemar, c'est ridicule.
Pierre : Ah oui ?

Je n'osais rien répondre, j'étais paralysée et pratiquement sûre, au ton de sa voix, qu'il m'en voulait. Je chuchotais entre mes dents.
- De base, je te croyais endormi... ç'aurait été passé inaperçu...
Pierre : Pas de bol, j'étais réveillé depuis le début. J'avoue avoir aussi été tenté de savoir ce que tu comptais vraiment faire.
- Pardon...
Pierre : Donne-moi la véritable raison, Flora. J'ai appris, maintenant... à voir quand tu mens.
- Je ne...
Pierre : Dis-le. Je te préviens, tu ne m'écoutes pas. Alors que pourtant... tu sais que c'est dangereux et mal. Et pourtant, tu continues de jouer avec moi. Alors quoi ? C'est amusant pour toi, de me tenter, parce que tu sais que n'ai rien le droit de te faire ? En sachant que je fais tout ce que je peux pour te résister ? Parce que moi, je commence à en avoir plus qu'assez.
- Je ne joue certainement pas... attends, c'est comme ça que tu me vois ?

J'étais choquée et offensée qu'il pense ceci de moi. Et quand il disait cela... je pouvais entendre qu'il n'en pouvait vraiment plus. Les larmes me montaient aux yeux. Il ouvrit de grands yeux surpris alors que je commençais à crier.
- Parce que tu crois que j'ai fait exprès, de tomber dans cette foutue colloc ? Tu crois que j'ai fait exprès, alors que ma famille a refusé que je les suive, de devoir en trouver une pour payer les loyers ? Quoi ? Tu crois que j'ai fait exprès, de tomber amoureuse de toi ? Parce que c'est pas le cas !

J'essayais de me relever, posais le pied et grimaçais, avant de me maintenir debout avec le mur et d'avancer vers ma chambre en sanglotant.

PDV PIERRE :

Hein...?
Je ne parvenais pas à bouger suite à ce qu'elle m'avait dit.
Sa famille... a refusé de la prendre avec eux ? C'est immonde !
Et... comment ça, elle m'aime...?
Parvenant enfin à réagir, je me levais en sursaut avant de foncer vers sa porte.
Si je l'ouvrais, j'allais devoir démissionner et changer d'endroit... sinon... devoir mentir.
Mon choix était rapide.
Désolé, Kabu, Sally, les autres. Mais...
Elle avait besoin de quelqu'un : si ce n'était pas ses parents, son frère, sa famille...
Ce serait moi, et personne d'autre. Je le refusais. Malgré tout.
J'enfonçais la porte pour la trouver debout, appuyée sur son meuble, toujours sanglotant légèrement.
Je la poussais sans aucune hésitation alors qu'elle retombait lourdement sur son lit ( NDA : calmez-vous, et la réponse est non ! ) et m'installai sur elle avant d'approcher mon visage du sien tout en la maintenant en place.
Je m'arrêtais à quelques centimètres, comme la dernière fois, du contact.
- Je ne le dirai qu'une fois. Moi aussi. Je t'aime.

Je ne bougeais pas, attendant qu'elle même s'avance, en fronçant les sourcils d'appréhension.
Je l'ai dit. Libre à elle de me rejeter, ce qui serait le plus raisonnable...
Ses yeux marrons étaient humides, et elle était d'une couleur rosée adorable. Elle me semblait... dans un état de choc. Contre toute attente, elle se pinça le bras sans aucune pitié.
- Sérieusement ?

Voyant certainement que ce n'était pas un rêve, alors que défaitiste j'allais partir non sans un ( seum ) ressentiment de peine et de compréhension à la fois, elle colla ses lèvres aux miennes.
Enfin...
Cette récompense en valait au moins mille : jamais, au grand jamais, je n'avais autant désiré un contact, même aussi futile.
J'approfondissais le baiser légèrement.
Lorsque je décidais enfin à m'en détacher, il était bien trop tard pour faire demi-tour, mais j'y étais préparé.
Sa famille l'a certes en quelque sorte abandonné mais...
Je resterai, moi.

Le coeur à L'ouvrage Où les histoires vivent. Découvrez maintenant