Studio Télé

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PDV SERENA :

Au moins, ça m'avait libérée d'un poids. De toute manière, j'étais persuadée qu'il n'avait pas regardé l'émission... donc ce n'était pas si grave.
J'avançais dans les couloirs du studio pour rejoindre les coulisses et me changer. Les talons commençaient à me faire mal, mais je m'en moquais pas mal. Je regardais les autres acteurs sourire ou chuchoter à mon passage, comme outrés par ma révélation d'il y a quatre heures. Je soupirais d'avance, prévoyant les engueulades avec mon manager au sujet de Kalem, et poussai la porte de ce qui était comme une chambre pour moi. Je riais de moi-même, pratiquement certaine que ce que j'avais fait n'allais servir en rien.
Du moins, c'était ce que je pensais.
Manager : Serena. Un camarade de classe est là pour toi.

Mon coeur fit un bond dans ma poitrine. Je pensais qu'en ce jour, j'avais un nouveau record : jamais, au grand jamais, je ne m'étais relevée aussi vite. Mes pas se pressèrent vers la sortie, et je tombais nez-à-nez avec un nain.
Ses cheveux roux tombaient presque devant ses yeux et il semblait essoufflé.
Mon sentiment de dégoût pris place, j'étais profondément déçue. Peut-être avais-je un peu espéré après tout. Mais non. Il fallait que je vois la vérité en face : ce n'était pas la personne attendue.
Trovato : Serena...! Je viens de voir ton émission, et sache que c'est réciproque. J'ai jamais été aussi heureux !
- Hein ?

Place à l'exaspération et à l'incompréhension.
- Comment ça ?
Trovato : Je t'aime aussi.
- Comment ça, aussi ?

J'eus un mouvement de recul pendant qu'il avançait progressivement vers moi. Dans ma main se trouvait mon téléphone, prêt à l'emploi en cas de problème.
Il a cru que je parlais de lui ?
Trovato : Tellement heureux que ce ne soit pas cet abruti de Kalem ! Il est tellement... inexpressif, bête et méchant. Je suis sûr qu'il ne sait même pas ce qu'est aimer. Je vois que je me suis fait un sang d'encre pour rien et...
- Tu fais erreur... je suis désolée. Je ne parlais pas de toi.

Il me dévisagea comme s'il pensait avoir entendu un mirage. Ses bras tombèrent lourdement, et il pouffa de rire.
Je confirme. Il a un sacré souci celui-là.
Trovato : Quelle bonne blague ! J'ai presque failli y croire !

Il a compris, n'est-ce-pas ?
Trovato : Ne me fais plus peur comme ça ! Pendant un instant, j'ai cru que tu aimais vraiment Kalem ! Quelle belle plaisanterie !
- C'est le cas. J'aime Kalem.

Cette fois, il sembla bien avoir compris et son visage se fit déçu. Sa joie de vivre s'était visiblement envolé, et son rire qui avait éclaté quelques instants auparavant avait éclaté. Prenait alors place un sentiment de méfiance, et même plus tant l'atmosphère semblait noire et lourde.
Trovato : Malgré comment il est avec toi ? Je te l'ai déjà dit Serena. Il te déteste. L'aimer c'est des problèmes.
- ...

Je n'osais désormais plus rien dire, car je savais pertinemment qu'il avait raison. Cela en devenait difficilement supportable.
Je serrais douloureusement ma poitrine déjà meurtrie pendant que Trovato continuait tout un monologue devenu habituel, mais qui ne parvenait pas à s'installer dans mon coeur. Car malgré tout, j'espérais, même si ce n'était qu'un peu.
Peut-être qu'en comprenant mes intentions il allait me voir autrement ?
Non, Serena, c'était stupide. Mais pourtant... je le voulais...
D'un coup, le rouquin se retourna et partit poings liés en trombe.
Je retournais alors dans mon studio, et y versa quelques larmes, devenues également comme un rituel de la solitude que je pouvais bien ressentir. Car peut-être mes amies avaient-elles remarqué, peut-être me soutenaient-elles de loin, mais je tentais vainement de cacher ces faiblesses. Car je préférais que l'on me voit sourire.
Pourtant, c'était difficile, et le regarder en devenait pesant. Je savais qu'il me regardait aussi. Peut-être pour voir si je tournais la tête vers lui ? Je ne le savais pas.
Je savais pertinemment que si je continuais, cette fois, c'était moi qui décevrais.
Je ne faisais que semblant de ne pas avoir changé.

Le coeur à L'ouvrage Où les histoires vivent. Découvrez maintenant