Une Star un peu trop Sociable

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PDV KALEM :
Je ne savais pas combien de temps était passé depuis que les deux nouvelles sont arrivées, et pour tout dire... je m'en moquais.
Flora avait visiblement compris que sur mon front était écrit en grosses lettres invisibles mais indélébiles « ne me parlez pas », mais Serena... c'était une autre histoire.
Dès qu'elle en avait l'occasion, elle commençait à entamer une conversation... comment dire... sans intérêt. A chaque fois, je tournais la tête avec un regard mauvais en coin et je ne répondais que par des « Mmm ». Je préférais vraiment la solitude. L'amitié, l'amour et toutes ces choses inutiles ne me donnaient absolument pas envie. Trahisons, problèmes, râteaux foireux, hausser la voix... grâce à mon insociabilité, j'avais toujours pu tout éviter, et ainsi je n'avais pas connu tout cela.
Je sortis encore sur mon petit cahier, ennuyé par le cours de Sally. J'avais beau ne pas suivre, mes notes étaient toujours dans la moyenne, je pouvais donc me le permettre.
Je n'étais pas un héros d'histoire, si je puis dire. Je n'avais jamais été harcelé, ma famille allait bien et je n'avais jamais rien vécu de triste ou je ne sais quoi. Pour ainsi dire...
J'étais ennuyant à mourir, je n'avais rien à raconter, et donc aucun sujet de conversation.
Donc... autant être seul.
Je réarrangeais mes mèches lisses, que je refusais de couper, et entamai un nouveau dessin.
Un dragon chinois, pour une fois.
Je commençais à former la tête, le corps, les ailes sans appuyer sur ma mine pour pouvoir gommer ensuite. Je sentis qu'on me fixait, alors je relevais la tête pour voir qui était celui ou celle qui osait me déranger dans ma tranquillité. Je croisais le regard de la nouvelle star qui souriait.
Encore elle ? C'est quoi, son problème ?
Cela faisait trois fois que nos regards s'étaient croisés. Le souci, c'était que je ne comprenais pas pourquoi elle me regardait. Je ne savais pas non plus pourquoi je n'arrivais pas à empêcher ma tête de se tourner vers elle pour vérifier... tout le temps. Elle chuchota un truc à sa voisine, qui chuchota à son tour discrètement pendant que notre professeure faisait son monologue sur les fusées et son amour pour le rose qui, sans être vexant, n'avaient rien à voir avec le cours sur la première guerre mondiale française. Flora, ma voisine, releva ensuite la tête vers moi.
Oh non... une conversation.
Flora : Excuse-moi, je peux t'emprunter ton cahier ?

Je lui tendis en soufflant mon cahier avec le peu de notes des cours d'histoire que j'avais écrites, sans toutefois dire quelque chose.
Flora : Pas celui-là.

Je fronçais alors les sourcils sans comprendre où elle voulait en venir. Je suivis la direction dans laquelle elle jetait un coup d'oeil et vis qu'elle regardait « mon » dragon.
- Non.
Flora : S'il te plaît ?
- Pourquoi ?
Flora : Serena te le demande...

Je tournai une fois de plus la tête vers elle qui avait mis ses mains comme pour prier en faisant un clin d'oeil.
- Ça me donne encore moins envie de te le prêter.

La sonnerie retentit, fort, alors je me levais brusquement et partit dans un coin calme, là où personne ne pouvait me parler. Je soupirais en baissant la tête d'incompréhension. Je m'assis sur un côté et fermai les yeux, mon sac me servant d'oreiller. Je m'endormis par terre sans vraiment faire attention aux bruits autour de moi.

PDV SERENA :

On m'avait demandé d'aller chercher Kalem qui avait séché l'heure de sport. Kabu était incroyablement en colère, d'ailleurs. Mon emploi du temps était plein... si je ne me dépêchais pas, mon manager allait me tuer...
Sa réaction quand j'avais demandé son cahier de dessin m'avait incroyablement perturbée. Cela faisait peu de temps que j'étais là, et tous m'avaient souhaité la bienvenue... sauf lui. Et je voulais vraiment savoir pourquoi il me repoussait, du moins moi et tout le monde, comme cela. C'était... démoralisant.
Je finis finalement par le trouver près de la cantine, dans un coin comme un enfant le ferait quand il est grondé. Il dormait profondément sur son sac. Je secouais son épaule peut-être un peu trop brusquement pour tenter de le réveiller avec un grand sourire.
- Kalem, lève-toi, sinon, tu vas te faire tuer par Kabu...

Le coeur à L'ouvrage Où les histoires vivent. Découvrez maintenant