Le coeur à L'ouvrage

Parés au plan

PDV HUGH :
{ FLASHBACK }

- Tu te fous de ma gueule j'espère ?!
Mei : J'allais pas dire « non, un co****d, mais il faut que tu l'invites quand même » !

Elle n'avait pas tort. Je fulminais sur place en écoutant ce qu'elle avait à me dire.
Un karaoké dans lequel sa classe croyait qu'on sort ensemble. Déjà, on parle d'un KARAOKÉ. J'allais mourir en entendant toutes ces casseroles. Pire, j'allais devoir faire semblant devant tous, Travis compris, d'être en couple avec Mei. Oui, c'était cela, elle voulait ma mort.
Mei : Il faut bien si on veut savoir.
- Oui, mais t'étais pas obligé de dire qu'on était ensemble l'idiote !
Mei : Je l'ai pas dit, c'est Serena qui a interprété mes paroles !
- Idiote ! Je suis sensé faire quoi ?!
Mei : Tu crois que ça m'enchante peut-être ?!

Encore une fois, elle n'avait pas tort.
- Tss. Et c'est quand ?
Mei : Samedi après-midi.

Ok. J'ai très exactement deux jours pour me préparer psychologiquement. Je suis dans la merde.
J'affichais le visage le plus blasé que je pouvais faire. Mei me regardait avec compassion, et cela ne me plaisait pas. Que devais-je faire ? La planter ? Ou sagement écouter, établir un plan et être tranquille ?
J'optais pour la deuxième option : voir mon ami déprimé et ne plus réagir à aucune pique était gonflant. Et Mei finirait pareil si je ne l'aidais pas alors que c'était moi qui avais proposé ce marché stupide. De plus, il fallait que je garde dans un coin de ma tête l'histoire Stone-Flora ou inconnue, et que je découvre si mon instinct me trompait ou non. Le négatif était arrivé rarement, d'ailleurs. J'avais l'impression d'être Beladonis, célèbre détective connu dans tout le pays.
Je soupirais avant d'hocher la tête face à la tête déterminée, encore une fois, de la fillette. Je ne pouvais pas refuser quoi que ce soit à un tel visage.
Mei : Parfait. Vraiment... je suis désolée.
- Tss. Y'a intérêt pour toi que ça marche.
Mei : Que faisons-nous, alors ?
- C'est simple.

{ FIN FLASHBACK }

J'avais supplié Travis de venir, ce qu'il décida de faire par pitié pour moi. De plus, grâce à Mei, j'avais pu avoir la confirmation de la venue de Sugisaky et de celle de l'autre imbécile que je me ferai un plaisir incroyable d'humilier dès que j'en aurai l'occasion pour ce qu'il allait me faire faire.
J'attendais, encore et encore, dans cette pièce ronde aux meubles modernes, aux tableaux familiaux et au magnifique et confortable canapé. Le soleil était au plus haut, les oiseaux chantaient... et dans une heure, les ennuis allaient commencer pour nous deux. Le coeur battant, j'attendais, encore et encore.
Mei était en train de se préparer dans sa salle de bain, et franchement, je me demandais bien ce qui lui prenait autant de temps. C'était pas bien compliqué pourtant, se débarbouiller, puis s'habiller vite-fait : même pas cinq minutes.
Les filles sont vraiment chiantes.
Le plus compliqué ? Ça avait été les explications à sa mère lorsqu'elle m'avait vu arriver devant chez elle, la même maison qu'autrefois. Celle-ci ressemblait énormément à sa fille, par ailleurs. Elle m'avait littéralement crié dessus, insulté, et avait même voulu me virer de sa maison. Cela se comprenait, mais j'admets que j'eus été vexé par son attitude froide. Mei m'avait, contre toute attente, défendu, et avait expliqué sous mes yeux ébahis la situation : de quoi réchauffer le cœur même le plus froid.
Je buvais mon thé, encore chaud, en compagnie de la femme en prenant soin de ne pas le renverser pour ne pas aggraver ma situation. Ses yeux se tournaient régulièrement vers moi, visiblement méfiante, avant de rompre soudain le silence pesant.
Mère Mei : Dis-moi.
- Oui, Madame ?
Mère Mei : As-tu réellement changé, Hugh ?

La question avait été formulée sans flancher, et je ne savais que dire.
C'était vrai, avais-je changé ? Moi même je n'avais pas la réponse. J'en doutais : je ne savais même pas pourquoi je m'étais acharné ainsi seulement sur elle, et encore moins pourquoi aujourd'hui ses réactions m'amusaient toujours autant.