L'évaluation redoutée

219 10 58
                                    

PDV GLORIA : { FLASHBACK }

Travis : Elle n'est pas conscentante. Lâche-là tout de suite.
Nabil : Pourquoi ?

Comment est-ce que je m'étais retrouvée dans cette situation encore ?
Tout cela avait beau me tomber dessus, il y avait bien une chose qui me donnait le sourire : l'agacement express de Travis qui m'avait sauvée.
J'avais déjà repoussé Nabil, mais il n'avait pas l'air d'avoir compris. Tous me dévisageaient comme si il était normal qu'il force ainsi. Personne ne semblait choqué de son comportement.
Pourtant, moi, j'avais peur de ce qu'il pouvait bien faire. Mais personne ne comptait m'aider. Mes jambes tremblaient, mes mains aussi. Mais tout allait bien...
Il était là.
Fidèle à lui-même avec son manteau rose et ses bouclettes de mouton. Cet air hautain représentatif de sa personnalité particulière mais attachante et amusante à tourmenter.
La peur retombait progressivement, mais je n'étais pas encore tirée d'affaire.
Travis : Elle t'a dit non.
Nabil : Et alors ? C'est mon amie, il n'y a pas de mal. Tu vois le mal partout, mouton.

Il allait regretter ce surnom.
Comme je m'y attendais, il agrippa le cou de Nabil avant de relever son visage vers le sien. Il aurait un peu plus appuyé, j'étais quasiment sûre qu'il crierait de douleur.
Travis : Écoute-moi bien, sale insecte. Je vais pas me répéter encore une fois, je te fais l'honneur de te lâcher sans te casser les dents si tu ne l'approches jamais plus. Ah, quel prince que je fais. Par contre...

Nabil le dévisageait cruellement, mais c'était stupide : de quoi agacer encore plus mon sauveur. En temps normal, je l'aurais imité en riant, mais cette fois, je n'en fis rien et attendis simplement en priant en savourant le savon qui attendait le brun-violet.
Travis : Rappelle-moi mouton et ton nez partira en miettes. Seule Akane peut m'appeler ainsi.

Ses yeux violets étaient plantés dans ceux de mon prétendu « ami », avant de basculer vers les miens.
Il avait des beaux yeux.
Le coeur battant d'espoir, je croyais qu'il allait me lâcher. Mais un éclat de rire brisa ceux-ci.
Nabil : Pfff, tu te crois tout permis parce que tu es deuxième ? Rappelle-toi que si je l'ai embrassé c'est parce qu'elle le voulait.
Travis : Répète un peu ?

Travis semblait interloqué par sa phrase dernière. Comme s'il était prêt à y croire. Nabil lui adressa un sourire victorieux avant d'enchaîner.
Nabil : Elle s'est déclarée la première. Elle m'aime. Pas toi. Tu le sais. Alors... lâche-moi la grappe. Nous sortons ensemble, j'ai répondu à l'affirmative bien sûr.... dommage, hein, l'éternel deuxième !
- Menteur.

Ces mots étaient sortis tous seuls. Mais il fallait qu'ils sortent. J'avais peur que Travis le croie, je voulais qu'il sache. Parce que s'il le croyait, il m'éviterait encore. Et je n'en avais pas envie.
Parce que s'il se mettait à me détester je ne tiendrais pas le coup, cette fois.
Crois-moi.
- Travis. C'est faux. Je sais que je suis une fille que personne n'apprécie, qu'on considère comme solitaire et je ne mérite pas que tu t'occupes de moi. Je sais que ma stupidité peut être sans nom. Je sais aussi que je mérite peut-être ce qu'il m'arrive. Mais pitié... crois-moi... s'il te plaît... ne me déteste pas, toi aussi..

Je fermai les yeux, prête à encaisser les mots douloureux que j'avais l'habitude d'entendre. Mon coeur se serrait brusquement.
Travis... je veux que tu me crois. Crois-moi. Parce que je le montre peut-être pas... mais...
Travis : Je sais, abrutie.

Il frappa le dessous du menton de mon geôlier, le faisant me lâcher et basculer vers l'arrière. Celui-ci se tenait douloureusement le menton, pendant que je soupirai de soulagement. L'attaqué semblait choqué du fait que j'eus osé le contredire. Deux bras soutenaient soudain mes hanches, me faisant reculer vers un torse musclé.
Travis : C'est bon, je t'ai sauvée. Tu peux me remercier, j'ai conscience d'être génialissime mais je veux l'entendre de ta bouche.
- Tu es génialissime.
Travis : J'ai conscience de ça, je suis si parfait. Bon alors, Nabil, tu ne te relèves plus ? Tu as perdu ton courage ? Tu peux encore trouver des mensonges mais... crédibles, sinon ça ne fonctionne pas.
Nabil : Enflure.
Travis : Touche encore à ce qui est à moi, et ce ne sera pas que ton menton que je frapperai.

Il prit ma main et m'entraîna de force vers la sortie.
Une fois dehors, sous ce soleil couchant, je voulus éclater en sanglots. Pas de tristesse cependant : le stress était retombé d'un coup, et j'étais heureuse. Il m'avait crue et protégée. Alors que je m'attendais au pire.
- Travis... merci... merci... vraiment...

J'explosai. Il fallait que j'expulse, alors ce fus ce que je fis. Les bras de Travis vinrent s'enrouler autour de moi, et il me souriait mais pas comme d'habitude, ah ça non ! D'habitude, son sourire était fait pour se moquer de moi, me narguer, se mettre au-dessus des autres. Ce sourire là était différent : il semblait être rassuré, et fait également pour me calmer. C'était un spectacle tout bonnement rarissime. Presque autant que ce ciel rose pâle mêlé au orange. Presque autant que cette odeur de pluie mêlée au pollen et à son parfum. Il me serrait, fort. Je devais être dans un état épouvantable, bien loin de sa beauté à lui, mais je ne lui dirai jamais, mais je m'en moquais.
Travis : Ça va ?
- Merci...
Travis : Tu me l'as déjà dit, ça. Oh, et au fait.
- Ah ?

Il me fit une pichenette et je ne pus m'empêcher de sursauter. Il baissa sa tête de sorte à ce que je ne puisse voir la sienne sans lever la mienne.
Travis : Tu es une fille appréciable, et tu ne t'es jamais plaint. Alors ouais, je m'occupe d'une abrutie mais de mon plein gré. Et je te déteste pas. Enfin... je crois...
- Comment ça, tu crois juste ?!

Je relevais ma tête brusquement pour découvrir un mouton entièrement rose foncé. Une couleur que j'avais déjà vue sur ses joues mais jamais en aussi accentué.

Nous étions alors rentrés ensemble ; il y avait tenu, et nos mains étaient restés enlacées le temps que mes tremblements se calment, et quant-à lui son visage restait couvert par le manteau. J'étais apaisée.

{ FIN FLASHBACK }

Se concentrer était compliqué. J'étais en pleine évaluation d'histoire, matière que je haïssais. Travis m'avait informé également de sa prochaine évaluation, qu'il passait également actuellement. Ma prochaine était en biologie l'heure suivante. Mais seule celle-ci m'importait vraiment.
Il me fallait une meilleure note que mouton. Pour préserver mon humilité. Préserver mes jambes, aussi. Gagner ce pari était ma raison d'être depuis que nous l'avions fait.
Je devais gagner.

La fin de l'heure était alors annoncée : j'avais eu le temps de terminer la totalité de mes trois feuilles et j'étais assez sûre de moi.
J'allais gagner.

{ Ellipse }

...
La foule entourait le tableau des résultats du hall. Monsieur Stone gérait tous ceux qui, mécontents, criaient partout, l'air profondément exaspéré.
J'étais persuadée qu'il avait quelque chose en tête : Il avait l'air de particulièrement bien s'entendre, bien que non réciproquement, avec Hugh.
Celui-ci, par ailleurs, avait l'air d'éviter sa copine : Mei et lui avaient sûrement rompu, et dès que celle-ci essayait de lui adresser la parole, il ne répondait pas et pressait le pas voire courait. Cela la mettait dans une rage et une tristesse incroyable.
Serena, étrangement, avait elle aussi arrêté de coller Kalem. Peut-être lui avait-il crié dessus, mais j'en doutais quand je voyais l'incompréhension sur son visage d'habitude neutre.
Et même si ça ne me concernait pas, j'avais envie d'essayer de les aider.
Touko, l'amie de Mei, était tout son inverse : elle semblait revivre.
Quant à moi... j'étais devant ce fameux panneau, désespérée.
Nous avions tous les deux perdu le pari : nous avions le même résultat, très exactement 18,5.
Résumé ? Nous devions tous deux participer au cross.
Imaginer Travis courir m'amusait, mais dès que je me souvenais que j'allais moi aussi y passer, mon sourire s'estompait.
Dans quoi m'étais-je encore embarquée ?
- Je compte sur toi pour respecter ta part du marché. Je viendrai...
Travis : Comme si j'avais le choix. Me mettre aussi bas, quel déshonneur.
- Je compatis.
Travis : C'est de ta faute.
- Je tiens à te signaler que c'est toi qui a parié.
Travis : Sacrilège...

Il passa sa main dans ses cheveux avant de partir encore en tapant du pied, habitude chez lui. Je souriais à cette pensée :
Il était redevenu normal.

Le coeur à L'ouvrage Où les histoires vivent. Découvrez maintenant