« Torture » et Tristesse

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PDV FLORA :
Il avait tenu sa promesse d'une semaine mais...
DIX PAGES, IL SE FICHAIT DE MOI ?
J'avais une profonde envie d'étrangler le professeur Stone, qui par ailleurs me regardait avec amusement depuis le canapé, jambes sur celui-ci. Il n'avait aucune pudeur ou gêne en ce moment même.
Si les filles de la classe le voyaient comme ça, elles ne diraient plus que c'est, je cite, « l'homme idéal »... franchement.
Il avait également troqué son costard noir à cravate contre une simple chemise bleue, de la même couleur que ses cheveux donc. Son pantalon était presque le même, et je me doutais qu'il était le genre de personne à avoir vingt fois les mêmes vêtements. Je souriais en imaginant la situation clichée « oh! Mais que diable vais-je bien pouvoir mettre aujourd'hui ? » dans cette armoire de vêtements identiques. Je levais la tête vers lui qui riait pendant que je bloquais ( déjà ) sur le premier exercice.
- Et ça vous fait rire ?
Stone ( Pierre ) : Oui, très.
- Vous êtes cruel.

Il pouffa tranquillement dans son coin : quoi que je fasse la situation tournait toujours à son avantage.
Je ne savais pas quel était le pire entre le fait que l'on vivait ensemble et que donc je me voyais dans l'obligation de faire tous ses devoirs car sinon je savais déjà qu'il me forcerait à laver de fond en comble la maison ou le fait que dès qu'il pouvait il se moquait ouvertement de moi.
- Ce n'est pas drôle !
Stone ( Pierre ) : Si, très.
- Vous vous faites vieux, vous radotez.
Stone ( Pierre ) : Redis moi encore ça et je t'emmène chez ma collègue, Sally. Je sais où c'est en plus. Tu verras qui c'est qui radote et qui est vieille. Je tiens à signaler que j'ai que vingt-cinq ans.
- Je lui dirai demain ce que vous venez de dire, je l'ai en première heure. Pour ce qui est de son adresse, vous l'avez eu comment, avec un rendez-vous ? J'ai du mal à imaginer.
Stone ( Pierre ) : C'est vrai ? J'augmenterai le prochain devoir de cinq pages alors. Pour l'adresse, plutôt mourir qu'avoir un rendez-vous avec elle. Je l'ai eue parce qu'elle m'a bassiné avec ça toute la pause déjeuner, je cite, « JE VENDS DES CHATONS QUI ADORENT S'HABILLER EN ROSE ET EN MAUVE ».
- C'est du chantage et de la torture. De toute manière, elle aurait oublié deux secondes ensuite et continuerait de parler sur ses fusées en faisant des questions stupides sur le mauve toutes les deux minutes. Pauvres chatons.

Je soufflai et continuais d'écrire mon devoir en secouant la tête de désespoir. Je sentais qu'il m'observait.
Stone ( Pierre ) : Dis-toi que contrairement aux autres tu peux disposer de mon aide.
- Oui, comme ça vous me forcez à cuisiner votre gamelle du lendemain ? Je préfère me débrouiller, merci.

Oui, depuis qu'il eut pris connaissance de mes capacités culinaires il me demandait sans cesse de lui cuisiner ses repas. Je cuisinais déjà le soir, vu que MONSIEUR ne sait faire que des pâtes et des plats réchauffés. Je me demandais souvent, d'ailleurs, comment il avait fait tout ce temps. Surtout qu'il est TOUT sauf gros. Alors, dès qu'il me rendait un service il y avait cette... contrepartie. J'avais fini par le comprendre il y a trois jours, alors qu'il me ramenait à la maison en voiture. Le soir, j'ai dû faire un chili con carné pour le lendemain midi ( j'avais adoré le faire bien épicé juste pour bien rire ). Il avait tout dévoré, et mon plan diabolique était tombé à l'eau. Pire encore, monsieur Lysandre avait goûté mon merveilleux plat. Et PIRE encore, la réaction de ses collègues avait été « votre femme cuisine bien! ».
Malaise palpable, mélangé à un zeste de satisfaction et de bien-être. Bizarre, même si je pouvais maintenant me vanter intérieurement d'avoir été dans la voiture d'un professeur.
Je soupirais bruyamment en continuant mon devoir quand quelqu'un vint toquer à la porte.

PDV PIERRE:

Dommage, c'était drôle.
Je m'étais finalement à peu près habitué à la présence de ma colocataire. J'avais même réussi à faire un peu de chantage avec elle.
Mon attitude de prof s'était finalement perdue complètement avec Flora. Mon caractère véritable avait finalement repris le dessus.
J'étais content sur ce point. Personne ne m'avait vraiment posé de questions étranges et personne ne nous avait vus quand je l'avais ramenée avec moi. Ainsi... j'étais tranquille.
Pour l'instant, du moins.
Je n'avais rien répondu quand on me parlait de ma soit disant « femme » que tous pensaient que j'avais pour ne pas éveiller les soupçons, mais bizarrement, ces réflexions ne me dérangeaient pas tant que ça... en fait, c'en était même drôle.
Je me levai trèèèèès lentement, déçu de ne pas pouvoir continuer notre discussion, puis ouvrit la porte pour tomber sur notre propriétaire tout en réajustant ma chemise bien repassée.
Propriétaire : Je venais vérifier que... enfin... tout va bien ?

Je lui fis un sourire amical, comprenant ce qu'il entendait par là, avant de le laisser entrer dans le salon. Flora leva la tête, ses mèches détachées lui tombant sur les yeux qu'elle tentait toutefois de replacer derrière ses oreilles cachées. Je me demandais comment elle faisait pour y voir quelque chose avec sa frange, et ce depuis que j'avais vu pour la première fois ses cheveux détachés. En temps normal je lui aurais fait la remarque avec plaisir, savourant d'avance sa réaction qui se verra mi-gênée mi-agacée, mais cette fois je n'en dis rien à cause de la présence de notre invité. Le propriétaire la dévisageait amusé à son tour, regardant avec attention ses cahiers.
Propriétaire : Vous n'avez pas l'air d'y aller de main morte avec elle.
- En effet. C'est très divertissant, je l'avoue.
Propriétaire : Je vois ça.
Flora : C'est de la méchanceté gratuite. Arrêtez de vous moquer de moi, c'est pas sympa.

Elle gonflait ses joues. C'était toujours ainsi qu'on savait si elle était agacée ou pas d'humeur. Je regardais mon propriétaire qui était dans le même état d'hilarité que moi.
- Vous voulez un café ?
Propriétaire : Volontiers.
Flora : Un thé s'il vous plaît.

Je souriais devant son visage énervé absolument ravissant.
Je me dirigeai vers la cuisine quand une douce odeur sucrée vint frôler mes narines. Je salivais d'avance.
- Flora, tu savais qu'il viendrait ?
Flora : Ne touchez pas au gâteau, il est pour une amie. Voilà votre réponse.
- ...

Elle avait deviné de quoi je parlais très facilement. J'avais la désagréable impression qu'elle pouvait lire en moi comme dans un livre ouvert. Mon propriétaire pleurait de rire sur sa chaise devant mon air dépité.
Il donnait envie, ce gâteau...
Flora : Il est pour Touko. Elle n'a pas l'air bien en ce moment. J'irai en vélo cet après-midi.
- Je vois.
Propriétaire : Je connais bien Pierre, et le connaissant, une question veut sortir de sa bouche mais il n'ose pas.
- S'il te plaît, non.
Flora : Demandez toujours. Même si je crois savoir... la réponse est « j'en doute ».
- Non.

J'avais en effet une question mais... un peu trop gênante à poser, je refusais de m'abaisser à cela.
Je voulais juste un petit bout s'il en restait...
Je tournais les talons et préparais le café noir et le thé demandé, tout en me rajoutant un café.
Il partit environ une demie-heure ensuite, après que nous avions parlé de tout et n'importe quoi. Flora partit ensuite avec le beau gâteau au chocolat. Bavant devant une fois de plus, j'avais l'impression d'être un enfant, c'était... désagréable, encore une fois.
Je la regardais partir, prêt pour une après-midi tranquille du point de vue de certains, ennuyante du point de vue d'autres.
Je vais m'ennuyer, oui, sans elle.

PDV FLORA :
Je sortis presque en courant en ignorant les yeux de chiens battus du professeur.
Mon dieu, me connaissant, j'aurais pu changer d'avis et lui donner une part si j'étais restée, vu sa tête.
Je pris mon vélo, grimpais rapidement dessus en tentant de le sortir de mes pensées, et partis chez Touko.
En ce moment, elle avait l'air triste. Je voulais lui remonter le moral à tout prix, alors je lui avais fait ma spécialité.
Je toquai à sa porte, et sa mère m'ouvrit presque aussitôt.
Blanche : Bonjour. Je suppose que tu es venue voir Touko ?
- Oui, madame.
Blanche : Entre.

Je retirai mes chaussures, déposai doucement mon gâteau sur la table et grimpai les marches de son escalier quatre par quatre, pressée de voir l'état de mon amie.
- Touko ?

C'est une Touko pleine de cernes et les yeux incroyablement gonflés par les pleurs qui vint m'ouvrir.
- Mon dieu...
Touko : Je fais si peur que ça ?
- Oui.
Touko : Viens... fais comme chez toi...

Elle me faisait incroyablement de peine. Je ne savais pas pourquoi elle était dans cet état, mais maintenant j'avais la certitude que ça n'allait pas. Je la regardais retirer sa casquette et détacher ses cheveux comme pour se cacher le visage.
- Tu veux en parler ?
Touko : Non.
- Parle. Ça te fera du bien, tu sais ?
Touko : Flora... je préfère ne pas enfoncer le couteau dans la plaie.
- Je comprends.

Ça devait être grave, je me disais.
Je me demandais vraiment pourquoi elle était comme ça...
La pauvre...
Elle s'allongea sur le lit et fourra sa tête sous un oreiller coloré.
- Tu veux du gâteau ?
Touko :... s'il te plaît.
- Je savais que tu ne pourrais pas dire non.

Je sortis avec le sourire de sa chambre en allant chercher sa friandise. Mais en bas, quelqu'un que je ne connaissais pas était installé là, sur la chaise, parlant joyeusement avec ses parents.

Coucou ! J'espère que ce chapitre vous a plû. Le prochain, vous vous En doutez...
Parlera de Touko !
Gros bisouuuus😘

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