Chapitre 18 : Apparitions

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Alicia :

Hope galopa à toute vitesse sur le chemin terreux.

Mince !

Depuis sa discussion avec la commandante, Alicia n'avait plus recroisé la princesse. C'était ce matin, en se réveillant pour aller toquer à sa porte, que Nina l'avait prévenue de son absence. Selon les ordres strictes du roi, la garde ne devait pas lâcher Héloïse d'une semelle. Alors c'est en poussant son chevale au maximum de sa vitesse que Smith cherchait en vain la jeune fille dans la plaine Naharu. La demoiselle de chambre lui avait indiqué ce champ comme début de recherche, sans lui préciser pourquoi. Alors la garde s'efforçait de rester calme en cherchant partout où son œil le pouvait. Et enfin, comme par miracle, elle aperçut une tâche bleu parmi tout ce vert. Sans plus réfléchir, elle se dirigea vers ces cheveux blonds.

Le cheval freina à quelque mètre de son Altesse.

- Ah ! Vous voilà enfin..., s'écria Alicia, à bout de souffle.

La princesse ne se retourna pas et ne sortit pas une de ses répliques sanglantes.

- Est-ce que ça va ?, demanda-t-elle plus doucement en s'approchant.

Héloïse ne bougeait toujours pas, fixant le paysages, le pinceau en l'air. Son tableau représentait les dunes de terre, couvertes de fleurs et verdures.

Quand elle s'avança un peu plus, pour comprendre la cause de ce soudain arrêt, elle vit, pour la première fois, la princesse de Gendall pleurer. De ses yeux rougit, sortaient des larmes silencieuses et lentes, qui tombaient au sol sans bruit. Elle semblait fixer un point, à l'horizon. La garde posa une main sur son épaule, essayant d'être rassurante, ou au moins présente. Ce geste déconcentra la jeune fille qui se retourna vers la garde, les joues encore mouillées.

- Pourquoi est-ce que tu es là, prononça-t-elle d'une voix brisée, presque colérique.

Alicia retira immédiatement ses doigts, et recula d'un pas. Visiblement, son Altesse n'était pas encore prête à être aidée. Alors la chevalier attrapa un gros cailloux qu'elle posa prêt de la jeune Saint-Clair et s'assit dessus, en se mettant à l'aise.

Héloïse sembla contrariée de cet acte soudain, et continua ses marmonnements.

- Qu'est-ce que tu fais ici !, demanda-t-elle cette fois-ci avec un peu plus de méchanceté.

Smith fixa l'horizon quelques secondes, et retourna son attention sur la princesse.

- Je sais que vous ne voulez pas de ma présence, mais je suis quand même ici. Alors il va falloir s'y faire, répondit-t-elle plus calmement que les fois précédentes.

- Pourquoi ne peux-tu pas me laisser une heure tranquille ! Es-tu obligée de me suivre ? De m'empêcher de vivre ?, sa voix se brisa.

Elle se leva sous le coup de la colère, balançant son pinceau au loin. Ses nerfs étaient à bout.

- Ta présence m'étouffe ! Ne le vois-tu pas ? Rentres au château, et va dire à mon père que je ne veux toujours pas d'un chevalier servant !

Les larmes avaient disparues, laissant derrière elles une traînée de haine incontrôlable. Quelques fois, les mots blessaient plus que les coups. Et Alicia ne pouvait pas nier que son cœur était déchiré. Kiarra l'avait prévenue, et la garde était prête à subir cette colère tous les jours si il le fallait. Mais elle resterait.

- Non votre Altesse. Les ordres du roi sont clairs, je ne rentrerais pas au palais sans vous. Alors rasseyez-vous, calmez-vous, et oubliez moi si cela vous chantes, mais je ne bougerais pas, conclu-t-elle avec une voix sereine et pleine d'autorité.

GendallOù les histoires vivent. Découvrez maintenant