Chapitre 44 : Errance

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Bonjour et bonsoir à toutes et à tous ! Voici un nouveau chapitre de Gendall, que vous attendez tant et pour votre plus grand plaisir ! Le dernier chapitre vous avez laissé sur des tensions et un départ déchirant, alors voici la suite, en espérant qu'elle vous plaise... Je poste aujourd'hui le point de vu d'Alicia, mais bientôt viendra celui d'Héloïse, pour comprendre ses choix et les batailles qu'elle mène intérieurement.

Alicia :

Un mois. Un mois qu'elle subissait cette solitude accablante. Un mois qu'elle tournait en rond dans sa vie, que son quotidien créait une boucle vicieuse l'entraînant dans les pires craintes de l'esprit. Un mois qu'elle n'avait pas remit les pieds au château. Un mois que le désarroi et la détresse l'égorgeait la nuit et l'emprisonnait le jour. Un mois qu'elle était retournée chez elle, auprès de sa famille, à marcher dans le délabrement de l'ennui et des bas-fonds de la vie.

Sa famille n'avait pas été si surprise que cela de son départ. La revoir arriver, sac sur l'épaule et joues humide avait peut-être était l'étape la plus dure. Accepter ce qui avait été perdu pour recommencer. La première semaine, Alicia s'accrochait à l'idée d'un jour revenir aux côtés de la princesse. Mais rien. Pas un message, pas un signe de vie, pas une missive expressive. Juste des larmes, le soir, et des faux sourires, le matin.

L'espoir écrasé, plus rien ne restait. Qu'un champ vide et brûlé. Marc n'était pas venu, mais lui avait envoyé plusieurs lettres, où bien souvent ses amis écrivez des paragraphes pour lui demander des nouvelles, lui raconter des ragots et des souvenirs. Ne restait plus que ça. Des souvenirs... Des éclats de rire perdu dans le vide. La jeune fille ne pouvait plus poser un pied sur les terres de la Citadelle sans fermer les yeux vers le passé... C'était le plus douloureux. Le plus destructeur. La finalité d'un amour détruit. Héloïse occupait toutes ses pensées. Quand elle se levait, elle voyait son visage comme le soleil du matin. Quand elle travaillait, elle pensait à la douceur de ses mots qui se perdaient dans le mouvement du temps. Quand elle mangeait, elle entendait sa voix lui racontant ses joies et ses peines. Et enfin quand elle se couchait, là était le coup fatal. L'odeur des livres anciens, de la peinture fraîche, des hauts pins des jardins et du romarin. Ses yeux se fermaient sur ces cheveux blonds comme les blés, vivant comme la terre et l'astre du jour.

Sa pensée l'obsédé, tout simplement. Et elle avait si mal... Si mal au cœur en se rappelant de la fin, si brutale ! Les questions tournaient toujours dans sa tête, détruisant les restes de bonheur au fond de son âme. Pourquoi ?, voulait-elle hurler au vent. Comment Héloïse avait-t-elle pu lui faire cela ? Les choses ne s'était-elle pas arrangées ? La noirceur, effacée ? Visiblement pas. Et cette illusion que comprenait à présent Alicia en réfléchissant à tous ces moments, qu'elle avait interprété de son propre chef... Que du vent. Les regards les sourires et les pleurs, que du vent.

La deuxième semaine, cette peine c'était transformée en colère. Une haine sourde qui lui avait fait abattre un arbre à la seule puissance de ses bras, déversant sa furie incontrôlable sur le premier tronc venu. Roan l'avait récupérée au sol, en pleurs. Elle voulait brûler le château et égorger ce Vince d'un coup de son épée ! Puis, plus rien. Une sorte de paix rassurante. Une acceptation puissante, balayant les douleurs et les larmes. Un bien fou, vide de corruption.

Et encore deux semaines qui s'écoulèrent dans le calme. Alicia travaillait à la ferme avec sa mère. S'occupant de nourrir les poules, elle récoltait quelques fois les œufs pour aller les vendre à la mère Circal. Se rapprocher du château ne lui posait plus une telle résistance. Elle se réparait, lentement mais sûrement. Et allant de même, elle faisait son deuil. Le deuil d'une vie perdue, d'une famille échouée et surtout de son amour si grand. Quoique celui-là était toujours bien encré, profondément dans son âme.

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