Héloïse :
- Si quelqu'un me touche, vous pouvez déjà vous dire que c'est un Homme mort !, hurla la princesse dans les galeries rocheuse.
Alors qu'elle était tranquillement dans sa chambre en train d'attendre le relevé de garde, il n'avait fallu qu'une micro seconde pour qu'un homme masqué lui plaque une main sur la bouche et lui administre une seringue dans la nuque. Le produit lui avait fait perdre immédiatement connaissance. Elle c'était réveillée il y a quelques heures dans un lit de fortune, sous terre et dans un espèce de réseau de galeries faites de pierre et de poutres en bois. Sa tenue n'avait pas était changée, elle portait toujours sa chemise et son pantalon de sortie. Pas sa tenue officiel, mais quelque chose de plus simple pour traîner dans sa chambre avec Nina. Maintenant elle avait froid, se sentait sale et fatiguée.
Alors qu'elle avait émergée, totalement désorientée dans une chambre froide faiblement éclairée, deux personnes, un homme et une femme, vêtu tous deux d'une armure en cuire et d'un masque à l'œil de cyclope au sourire maléfique, étaient venu l'attraper pour la traîner devant ce qui était visiblement leur cheffe. Depuis, elle avait beau protester et se débattre, rien n'y faisait...
Leur Cheffe trônait dans un grand siège d'argile aux abords couverts de pics et de lames taillées. L'allure de la femme avait tout d'abord surprit la jeune fille. C'était une vielle dame, trapue et bossue qui paraissait plus âgée que le monde. A ses côtés, se tenait un jeune homme toujours très raide de carrure, qui semblait vouloir donner sa vie pour la femme.
C'était là qu'elle en était. Tenaillée par deux gardes à la limite du démon, face à face avec une dame effrayante qui paraissait presque décomposée sur son siège bien trop grand et impressionnant.
Faudra que je penses à changer le trône du palais... Celui-ci est bien plus classe.
La cheffe leva une main et tous les serviteurs présent dans la pièce s'agenouillèrent avec respect.
Bah dis donc c'est qu'elle en a du respect la momie...
Certes, son Altesse aurait du être effrayée. Mais elle était au point de rupture où même la Mort ne lui faisait plus peur. Alors autant se jouer de la situation et ne pas penser à l'horrible posture de cette femme.
- Héloïse Elizabeth Saint-Clair, puissante princesse du royaume de Gendall, vous allez mourir ce soir, articula mot pour mot la cheffe.
- Allez-y Commandante..., continua l'homme à ses côtés.
Ok, lui c'est son fils...
- Je veux bien comprendre que vous vouliez me tuer. Après tout, mon statut implique quelques dangers, mais pourquoi m'emmener ici ? Vous auriez pu faire ça au château, demanda la jeune princesse, curieuse.
- Ah ! Elle a du cran cette petite..., s'écria la femme. Je l'aime bien, c'est dommage de devoir la tuer... Aller Affran, amène là à son lieu de mort.
- Vous n'allez pas me répondre c'est ça ?
La Commandante fit mine de réfléchir et leva enfin son visage déchiré par le temps.
Elle est aveugle, s'étonna la jeune fille.
Ses yeux, d'un blanc laiteux fixa un vide sans fin avant de bouger, cherchant en vain la lumière éteinte dans ses pupilles.
- Tu veux vraiment savoir hein ? Très bien, je vais te le dire. Affran, enchaîne la et amène la à moi.
L'homme présumé comme son fils par son Altesse avança vers celle-ci et empoigna violemment ses poignets, qu'il entrava par de lourdes menottes en fer, reliées par des chaînes aux pieds de la vielle cheffe. Cette dernière prit délicatement les deux bouts et finit par les tirer vers elle.
Oh punaise, elle en a de la force, paniqua la princesse avant de se faire entraînée par le mouvement et s'écraser aux pieds de la Commandante.
La cheffe se pencha et approcha son visage tout près de celui de la jeune fille. Tellement près que celle-ci pu voir chaque ride, chaque creux et chaque cicatrice qui marquaient sa peau abîmée.
- Après de longues années de servitude, nous n'avons plus supporté d'être aussi mal distingués par la cour du roi. La révolte avait éclatée et une longue guerre avait décimée ma famille et tous mes amis. La haine c'est installée et a lentement rongée les entrailles de Gendall. C'est l'heure de la vengeance. Ta mère c'était bien débattue, mais son meurtre n'était visiblement pas assez provocateur pour Rhélonius. On verra si il réagit plus en voyant tomber la tête de sa chère fille au pied de son lit.
Héloïse resta statique quelques instants. Elle n'avait pas compris grand-chose au discours de la vielle femme, mais une chose était sûr, elle avait devant elle les meurtriers de sa mère. Comme si elle venait enfin de réaliser, son corps entier s'anima et la princesse hurla de toutes ses forces en se relevant. Sans réfléchir, ses muscles se tendirent et elle bondit sur sa cible : cette horrible bonne femme au sourire carnassier.
Un rire dément résonna dans la grande salle quand les doigts de son Altesse se serrèrent autour du coup de la Commandante. Leur visage se rapprochèrent dangereusement. La fille pleurait et criait, tandis que l'autre éclatait d'une rire fou.
- Tues moi ! Oui, vas-y ! Déverse ta rage et laisse aller tes vieux démons !, s'écria la cheffe, une folie certaine au fond des yeux.
Aucun garde n'était intervenu pour arrêter son geste, car tous savaient que laisser la princesse tuer leur reine relevait à faire entrer la jeune fille dans leurs rangs.
- Si je meurs aujourd'hui, j'aurais gagné, votre Altesse, susurra la momie en serrant les dents dans un sourire effrayant.
- Non..., souffla-t-elle, je ne peux pas faire ça...
Héloïse retomba au sol, les joues baignées de larmes. Elle était à bout de nerf, détruite et au fond du gouffre. Plus rien ne pouvait la sauver à présent.
Deux personnes l'empoignèrent par les bras. Ses chaînes traînèrent derrière elle comme un fardeau trop lourd à porter. Elle était fatiguée de porter le poids du monde sur ses épaules. Elle était fatiguée de devoir constamment, chaque matin, faire face au manque. Faire face à son destin et être quelqu'un qui n'était pas vraiment Héloïse Elizabeth Saint-Clair, mais la gouvernante parfaite pour le royaume de Gendall. Si tout pouvait s'arrêter là, la vie ne serrait pas si compliquée...
Elle monta des marches, mais ne s'en rendit pas vraiment compte.
On l'attacha plus qu'elle ne l'était déjà et le coup partit. Un premier dans la mâchoire et un deuxième dans le ventre. Cela ne lui fit absolument rien. La douleur dans son cœur prenait le dessus sur tout le reste. La solitude et la mort planait au dessus de sa tête alors que son dernier salut arrivait à grands pas. Plus de torture maintenant, visiblement ils voulaient en finir vite eux aussi.
L'épée brandit en l'air, elle ferma les yeux et une larme solitaire coula sur sa joue salit alors qu'elle attendait simplement son sort.
Si j'avais su que tout se terminerais de cette façon...
Et tout devint noir.

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Gendall
ParanormalLes Homors réapparaissent sur les terres de Gendall. Héloïse, princesse du royaume, déteste sa nouvelle garde qui la suit partout où elle va. Tandis que la Citadelle plonge petit à petit dans la guerre, Héloïse va devoir se battre contre ses sentime...