Héloïse :
Le cheval s'arrêta devant l'immense grille du palais. Alicia descendit de sa monture et aida son Altesse à poser pied à terre.
- Nous y voilà Madame..., chuchota-t-elle doucement.
Celle-ci ne répondit pas, fixant les grandes fenêtres de la façade. Elle était exténuée. Tant mentalement que physiquement. Tout se dont elle rêvait était de s'enfermer à double tour dans sa chambre et de s'allonger dans le noir. Sans plus de cérémonie elle se mit en marche vers l'entrée. Son état devait être plus grave que ressentit car la princesse attira quelques regards inquiet sur son passage. Avant de rejoindre son lit, elle se redressa et se retourna, plongeant ses yeux dans ceux de ses sauveurs.
- Merci, souffla-t-elle.
Les deux gardes avaient du faire beaucoup de recherches pour la retrouver en si peu de temps. Elle en avait conscience, mais ne savait que faire pour les remercier... Les yeux émeraude de la soldate la perturbait toujours autant. Mais au lieu d'y lire une certaine pitié, comme dans ceux d'Otterson, elle y vit de la patience et du courage. Alicia Smith n'avait pas pitié du sort de son Altesse. Elle était prête à l'aider, à attendre le moment où elle pourrait être utile. Héloïse lui en fut en quelque sorte reconnaissante.
- Nous irons parler à votre père de votre retour. Nous n'évoquerons aucunement votre convalescence ni vos blessures. Une équipe sera mobilisée pour retrouver la Guilde ; vos ravisseurs. Et... allez vous reposer. Vous en avez besoin, termina le soldat Smith avec un sourire amical.
La princesse lui rendit, soulagée. Elle salua les deux acolytes et tourna les talons pour monter quatre à quatre les escaliers de marbre. Sans même prêter une quelconque attention aux gardes postés devant sa chambre, elle fonça dans ses appartements pour s'y boucler. Elle avait besoin de réfléchir.
Avant de s'effondrer dans ses draps frais, elle prit le temps de se laver et de se changer. Enlever le tissus sale et faire couler l'eau chaude sur son corps fut une véritable bénédiction. Elle laissa glisser sur son corps la fatigue et la tristesse...
Une fois sa chemise de nuit enfilée, elle se glissa sous une couverture douce et ferma les yeux une bonne fois pour toutes.
Un soupire d'aise s'échappa de ses lèvres et ses muscles se relâchèrent enfin.
Héloïse laissa place à toutes ses pensées : elle avait besoin de faire le point.
Elle avait enfin retrouvé les assassins de sa mère... Sa réaction violente lui avait fait perdre pied. Si elle n'avait pas retrouvé ses esprits à temps, la Commandante serait morte de ses mains. Cet acte aurait provoqué une énième guerre, des énièmes tueries et massacres par sa faute. Ses remords l'auraient poussés vers de mauvais choix, et le royaume serait tombé. Les Homors auraient alors gagné. La vielle femme avait tout calculé. Dans un cas comme dans l'autre, la victoire aurait était pour eux, et l'anarchie aurait envahie Gendall. Une rébellion... Et puis quoi encore ? Héloïse ne doutait pas que la Guilde avait ses raisons, mais en tant que princesse, elle n'avait d'autre choix que de suivre son père et combattre les Hommes masqués. Quand elle sera au pouvoir, différentes solutions s'offriront à elle... Mais pour l'instant le combat était perdu d'avance. Elle pouvait encore sentir ses doigts s'enfoncer dans son cou, sa peau détendu molle et lâche...
Le fait qu'ils aient tué sa mère entrait dans la balance. La princesse aurait voulu trouver celui qui avait fait cet acte ignoble... Au moins pour soulager sa conscience. Mais si la reine avait laissé un héritage, c'était bien celui d'abandonner ses démons derrière sois pour avancer. Héloïse le sentait. C'était l'heure pour elle de faire son deuil. Elle continuerait de rendre visite à sa mère, mais moins souvent. Elle ne pleurerait plus à présent. Le cours de la rivière était passé, emportant avec lui les mauvais souvenirs et les douleurs du passé. A elle de reprendre les rênes du royaume pour instaurer une aire de paix sur Gendall. Dès demain, elle en parlerait à son père. Le roi sera peut-être clément et sage pour laisser place à sa fille.
Une jeune fille à la tête d'un royaume en pleine révolution...
Qu'est-ce que la cour en penserait ? Qu'est-ce que le peuple, en penserait ?
Elle ne doutait pas de la capacité de Rhélonius pour apaiser les tentions de la Citadelle, mais à présent, il ne fallait plus combattre aveuglément. Héloïse était prête à écouter la Commandante et les Homors pour régler les problèmes du royaume, qu'elle même ne peux pas voir, ainsi cloîtrée dans le château.
A partir d'aujourd'hui, elle reprendrait les traditions impliquant les Anciens Dieux et les diverses croyance de Gendall. Pour souder un peuple, mieux valait-il mettre de son côté les Dieux des terres sacrées.
Elle allait rendre sa mère fière. Fière de sa fille...
La jeune fille ferma lentement ses paupière lourde de sommeil et s'endormit, le cœur un peu plus léger et rempli d'espoir pour l'avenir. Il avait fallu de telles souffrances pour comprendre. Et peut-être que cela valait le coup, au finale...
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Gendall
ParanormalLes Homors réapparaissent sur les terres de Gendall. Héloïse, princesse du royaume, déteste sa nouvelle garde qui la suit partout où elle va. Tandis que la Citadelle plonge petit à petit dans la guerre, Héloïse va devoir se battre contre ses sentime...