chapitre 29.1

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PDV de Dylan

Nous sommes actuellement dans un petit bar-restaurant du coin. Assis depuis peu, nous demeurons depuis un plus long moment en silence, plus exactement depuis celui où il m'a empêché de poursuivre Thomas. Environ vingt minutes. On est face à face, autour d'une table ronde style industriel plus que sympa, comme tout le reste de la salle. Kiki me fixe, il attend certainement que je parle, ou bien il réfléchit à un bon moyen de lancer la conversation ; durant cela, moi, je tiens ma tête entre mes mains, agrippant par moment nerveusement mes cheveux, puis massant mes tempes. Pour me décider à me lancer et à parler. Je capte que je n'ai pas été le seul, à s'être résolu à commencer la discussion, puisqu'en coeur nous disons deux paroles complètement différentes :

" Il faut que tu m'expliques ! m'exclamé-je relevant ma tête.

- Bon, on se commande quoi ? demandé-t-il, attrapant la carte.

- ...

- ..."

On se fige avant d'exploser de rire. Cette scène est assez hilarante sur l'instant, mais surtout cela nous permet de nous détendre et d'apaiser cette stupide tension instaurée entre nous. On se laisse rire jusqu'à n'en plus pouvoir, on veut faire dégonfler cette boule nerveuse grossissant en nous tel un ballon, peut-être que nous échapperons à l'explosion ainsi. Les autres clients nous prennent certainement pour deux fous. C'est même sûr, j'en vois certains nous juger.

Nous finissons par nous reprendre. Il me donne alors une tape amicale sur l'épaule, affichant un gigantesque sourire. Ensuite, il se réinstalle sur sa chaise pour m'annoncer calmement la suite des choses : 

" On va d'abord se commander à boire et à manger, et seulement après on abordera ce bordel ok ? Toujours bouffer pour parler plus intelligemment, citation de Ki Hong Lee." . 

J'hoche la tête, lui rendant son sourire et donc nous concentrons sur le menu.

Suite à une petite attente, entre l'instant de notre commande et de l'arrivée de nos plats nous entamons notre repas. Il fume, chatouille nos narines avec cette odeur alléchante réconfortante. Cela me rappelle la cuisine de ma grand-mère, dont j'étais proche jusqu'à sa mort qui date de quelques années. J'ai commandé un traditionnel pain de viande, et c'est bien le premier qui me parait aussi authentique que celui de ma défunte mamie. C'est une réel baume au coeur après tout ce remue ménage.

Chacun de nous savourons nos premières bouchées, sans nous adresser la parole, ni un regard. On s'extasie sur nos plats typiquement américains, par des petits " hmm" de satisfaction. Je reprends une fourchette, tandis que lui repose son verre de bière et se lance dans la fameuse explication que j'ai demandé auparavant : 

"Au lycée, après l'accident, on ne sortait presque plus. Tu avais même presque arrêtez toute ta vie sociale, si ce n'est totalement. C'était vers la fin de l'année de terminale, t'allais toujours pas mieux, et j'avais beau essayer de te remettre en selle..., il fait une pause avant de conclure, Bah rien y faisait.". J'hoche la tête tout en baissant la tête. Je me sens honteux, mal par rapport à cette période dans laquelle je l'ai totalement délaissé, tout en me reposant dans un même temps sur lui. Certain qu'il a lu dans mon esprit, il me donne une tape sur la tête et reprend : " Je me sentais inutile, stressé, inquiet, fin tout ce que tu veux. Du coup, je cherchais tous les moyens possibles pour me faire oublier tout ça. Bien évidemment, il y avait en solution efficace les soirées lycéennes et universitaires. J'étais preneur de tout, et c'est toujours d'actualités, sur beaucoup de point d'ailleurs." Après cette phrase, il me regarde en bougeant ses sourcils de manière assez allusive, ce qui me fait légèrement rire et finalement parler :

" Tu penses qu'à ça putain, pire qu'un puceau. 

- Non, pas du tout.

- Tu me fatigues.

- Noooon... Bon, reprend t-il avec sérieux,D'habitude, je faisais en sorte de toujours te conter mes soirées mais y en a une, une exception, que je ne t'ai jamais parlé. Elle avait été tellement pourrie, que même pour en dire du mal, ça ne valait pas le coup de la partager.

- Grouilles, arrêtes de prendre ton temps...

- Eh, mollo l'asticot ! Donc, celle-ci c 'était une soirée dans une fraternité, sur un campus d'une université, située littéralement à l'opposé de notre ancien bahut. Genre à 2 heures, voire 3 heures de route. Je m'y suis rendu grâce à la fille que je côtoyais.

- Ton plan cul en gros.

- Oui, si tu préfères. Alors, nous nous y sommes rendus, et à peine j'ai vu la gueule des gens et du lieu, aussitôt j'ai su que ça allait être de la merde. Tous déjà déchirés, alcool, drogue, chiche. Tout pour que tu sois juste minable quoi. Bon, je reconnais, j'ai également fini comme une merde. Néanmoins, bien que j'étais pompette, j'étais assez conscient et maître de moi-même. Je suis parti à la recherche des toilettes, donc je suis montée à l'étage, où la majorité de toutes les portes étaient fermées. Vainement puisqu'on entendait tout en fait. 

- Viens en au principal s'il te plait, je comprends pas comment tu peux connaître mon patient psychopathe et son ami, je le coupe plus que frustré qu'il prenne autant de temps.

- J'y viens ! Sauf que parmi tout ce brouhaha écoeurant, alors que j'arrivai au bout du couloir, j'ai entendu quelqu'un crier et demander de l'aide. Donc, je me suis approché de la porte et j'ai collé mon oreille pour écouter, pour m'assurer que j'avais bien entendu. En moins d'une seconde, tout s'est confirmé, des sanglots et d'autres cris étouffés me sont parvenus. De suite, j'ai défoncé la porte. C'est là que j'ai vu trois merdes, dont un au dessus de ce Thomas qui était bloqué contre le lit, en train de se faire déshabiller contre son gré. 

- T'es sérieux ? ". 

Stupidement, j'ai demandé ça alors que je sais pertinemment que quand ça sort de sa bouche, je n'ai aucune raison de douter. Il hoche la tête, puis poursuit son histoire :

" Sans problèmes, j'ai réussi à les virer ces pourritures, même si l'un d'eux a réussi à me coller une beigne au passage. 

- Et Thomas ? , je l'interromps de nouveau, du coup il me tape de nouveau sur la tête.

- Tu vas me laisser parler oui ? ..., il soupire et reprend, je lui ai demandé s'il allait bien, s'il fallait que j'aille chercher quelqu'un ou appeler les flics. Franchement, sur le coup, j'étais comme un idiot, je savais pas quoi faire face à lui, après ce qu'il venait de vivre, mais, surtout, face à ses pleures. 

- Ouais, on sait jamais quoi dire dans ces moments... 

-  Clairement, du coup, comme il s'était redressé, je me suis assis à ses cotés et doucement je suis venu frotter son dos tout en essayant de le calmer, en lui disant qu'ils ne reviendraient pas. Cette situation a duré une quinzaine de minutes, avant que Bryan débarque en furie, et me fusille du regard...Fin, plutôt nous. Il nous fusillait. Il a tout de suite voulu me foutre dehors, sans attendre mes explications, et ça m'a tellement surpris que j'ai même demandé si c'était bien son ami. Pour te dire la vérité, sur le moment, ce blondinet à hésité, jonglant du regard entre nous, avant d'acquiescer. 

- Bizarre, car de ce que je sais, ils se sont connus au lycée et ça a été automatiquement le feeling entre eux". Ce détail, qu'il vient de me confier sur les réactions du duo, s'ajoute à ma longue liste d'incompréhensions. Liste que je me mets à énumérer, sans omettre aucun éléments. Je la débite comme un réelle locomotive, comme un réel besoin de la partager et d'être rassuré sur mon état mental. J'aimerai entendre : " Tu n'es pas parano, tu as raison c'est pas normal". Je veux être sûr 'être toujours saint d'esprit.

Je viens de finir, je suis à la limite de l'essoufflement. Du côté de Kiki, Il saisit son verre et le finit cul sec pour répondre afin de canaliser mon état qui est monté crescendo dans hystérie :

" Franchement, j'en sais rien. Certes, des choses ne concordent pas vraiment entre elles, surtout que le plus gros hic est le fait que la personne qui t'appelle soit au courant pour Jacob...

- J'en ai parlé qu'à toi dans tous les détails... Tu es le seul...Est-ce que tu as fini par le dire à quelqu'un ? " j'interroge avec appréhension.

DementiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant