Chapitre 32.2

75 14 0
                                    

PDV Dylan

Bryan s'immobilise, tournant sa tête dans la direction de l'entrée. Je laisse ma tête tombée sur le côté pour voir qui vient de pénétrer, mais ma vision trouble m'empêche de distinguer correctement. Or, à peine cette fameuse voix résonne, mon coeur s'accélère de panique. Thomas ne devrait pas être ici. J'essaye de gesticuler pour me défaire de ce connard, mais il me bloque sans grande difficulté tellement je suis amoché et sonné. Thomas pour la deuxième fois parle :

" Bryan, lâche le, ordonne t-il d'une voix déjà chevrotante.

- Je fais ça pour nous, mon amour. Sans lui, on vivra notre idylle, explique t-il empoignant de nouveau avec détermination l'ustensile.

- Non ! s'exclame le blondinet. Je t'en prie, laisse-le. Viens, on rentre ensemble à l'appartement pour reprendre...notre quotidien. Plus de Dylan, plus d'hommes. Toi et moi, seulement nous deux.". Sa voix se brise sur ses derniers mots. Il est possible que quelques larmes dévalent ses joues. Étonnamment, mon potentiel assassin se relève, obnubilé par le nouvel arrivant, sans oublier au passage de me donner un gros coup de pied dans les côtes. Je geins de douleur, me recroquevillant sur moi-même, faisant en sorte de rester face à l'endroit où se passe l'action.

Bryan se met face à Thomas, qui doit certainement trembler, sans reculer pour autant. Il fait face à son bourreau. Je suis sûr qu'il est effrayé, paniqué, mais également résolu à en finir. Plus jamais, il ne sera emprisonné entre les griffes de ce dégénéré, violeur, sadique et manipulateur. Je veux lui faire signe que je le soutiens, que je pourrais agir en cas de soucis, que quelqu'un pourra le protéger, ou encore mieux se battre dans ce moment crucial. J'essaye de gesticuler, de bouger, sauf que mon corps est bien trop faible, à mon grand dam. La discussion reprend alors entre eux :

" Vraiment ? Seulement nous deux ? interroge Bryan d'un ton posé, presque sain.

- O...Oui, si je te le dis, bégaie son vis-à-vis.

- ...Pour vivre notre amour ? Surenchérit-il, avançant encore d'un pas.

- Bi...Bien sûr...

- Alors, pourquoi lui lances-tu sans cesse des regards ?

- Quoi ? ".

Le blondinet s'écarte et recule pour la première fois.  Son timbre est devenu toujours plus hésitant et apeuré, pendant que l'autre continue, intensifiant la tension et la terreur dans la pièce :

" Tu mens si mal...Pourquoi mens-tu sur ça hein ?

- Je...je, essaye de rétorquer Tommy.

- Ne mens pas ! Tu veux pas être avec moi, c'est ça ? Je suis pas assez bien pour toi ?! hurle t-il, faisant sursauter Thomas qu'il semble saisir d'une poigne de fer avec sa main libre.

- Non ! Je veux pas ! Je t'ai jamais aimé de cette manière ! Merde, Tu es malade ! Malade ! Tu entends ça ?! crie t-il, ne butant sur aucun mot.

- Non ! Je suis juste amoureux de toi, et depuis toujours ! Mais toi ! Tu ne m'as jamais vu, donc il a fallu que je sois le seul et unique homme de ta vie pour ça ! Seul moi te mérites ! Seul moi, peux faire de toi quelque chose ! Hurle t-il en secouant brutalement mon blondi.

- Non ! Jamais ! Je ne t'ai et ne t'aurai jamais aimé ! ".

L'anglais le repousse, s'extirpant de son emprise. Incapable de pouvoir le voir, je soupçonne des pleures, recouvrant ses joues, ainsi que sa panique, qui soulève anarchiquement son torse, et sa fébrilité, qui le fait trembler comme une feuille. J'aimerais être près de lui...

Les lieux deviennent bien muets, seules les respirations lourdes accompagnées d'un grognement de Ki Hong, qui parait reprendre ses esprits, sont perceptibles. Je cligne des yeux, à multiples reprises, espérant pouvoir éclaircir ma vision, afin de percevoir ce qu'il se passe. Je dirais qu'il ne font que se fixer intensément : l'un plein de peur, l'autre vide bon sens. Cela dure, toujours plus, sans qu'aucun d'eux ne brisent ce moment. Le coeur du Blondinet doit s'affoler autant que le mien.

C'est alors qu'une phrase retentit, telle le glas d'une église :

" Si je ne peux t'avoir, personne ne t'auras Thomas."

Un arrêt cardiaque, je crois bien en faire un. Encore plus, quand un cri de détresse de Tommy pourfend le calme, instauré plus tôt. Par réflexe, clairement inefficace, je tente de me relever en vitesse, tentative soldée par un échec. Cependant, au loin, un bruit de troupeau me parvient, laissant apparaitre à la chaine des masses gigantesques. Elles viennent plaquer Bryan au sol, l'une d'elles n'est autre que la tête de bowling, qui me suivait et parlait avec lui devant le café.

L'objet métallique a glissé jusqu'à moi. Sa vue me soulage, mon corps se détend alors automatiquement, sachant qu'aucun drame n'arrivera à mon patient, fin si je peux encore le nommer ainsi. Peu à peu, je me sens partir, sombré dans le noir. Les sons se font lointains, comme si on feutrait mes oreilles, les sensations de douleurs disparaissent progressivement. C'est réellement apaisant. Néanmoins, avant de partir complètement, je le sens arriver à mes cotés. Affolé par mon état, il tente de me parler, passe sa main dans mes cheveux, puis il attrape l'une des mes mains, qu'il sert comme si sa vie en dépendait. Il me demande de faire de même, mais je suis trop fatigué pour ça.

Je veux juste dormir...

DementiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant