PDV Dylan
- Bah fin non...En tout cas, je voudrais que pour quelques secondes tu me vois comme ta mère et que tu m'obéisses, Dydy prends une pause. Tout ce bordel on peut le gérer, j'en suis sûr, mais là c'est ta situation mentale qui m'angoisse. Prends des jours, une pause me demande t-il .
- Je peux pas... Y a mes patients, je dois continuer leurs suivis et les accompagner.
- Arrêtes! Sois sérieux !
- Mais, je tente de le couper.
- Non ! Écoutes moi, je veux pas repartir dans une passe de merde, je veux pas me retrouver encore inutile ou bien en incapacité de faire bien. Jamais, je me suis plains, genre jamais, mais quand tu as sombré sache que tu n'as pas été le seul ok ? » .
Sur ses derniers mots, je remarque que sa voix craque légèrement. Pour la première fois de ma vie, je vois une faiblesse le trahir, lui qui s'est toujours montré comme un roc, laisse ses angoisses, ses peurs transparaître. Des trucs contre lesquels je l'ai toujours pensé immunisé. Il reprend dans la foulée, m'empêchant sciemment d'oser m'entêter dans mes âneries :"Je veux que tu te protèges... et aussi que tu me protège. On doit se préserver et éviter de se détruire. Je veux pas subir un truc similaire à ce qu'on a déjà connu. Donc, dès demain, tu demandes des jours de repos et tu t'éloignes de ce bordel. »
Plus un son ne règne, tous les autres autour semblent s'être mis d'accord, tel un consensus, de savourer leurs plats ou boissons en même temps. Nous aurions presque l'impressions qu'ils attendent également un retour de ma part à la raison, que je me prenne en main et soit lucide face à moi-même : je dois reconnaître que je ne peux plus tenir tous ce qui se passe. Je soupire, comme souvent ces derniers jours, mais à cet instant c'est le signe de ma résiliation :
« D'accord...
- T'avais pas le choix, c'était pas une requête, précise t-il avant de se lever, bon je t'offre le restau. »Je ne peux même pas le retenir qu'il est déjà parti au comptoir pour payer. Il me désespère à jouer le daron. Je me lève et remets mon manteau pour le rejoindre. Nous quittons donc ensemble le lieu, ayant félicité et salué l'employé à la caisse pour cette bonne soirée. Nous nous plantons sur le trottoir pour monter à bord du taxi, réquisitionné peu de temps avant par mon petit coréen. Fatigués, plus un seul mot ne quitte nos bouches, chacun de notre côté voguons dans nos pensées. D'ailleurs, les miennes finissent par rapidement tourner autour d'un seul être : Thomas. La scène de l'étreinte, ses blessures ainsi que son état attristant repassent en boucle dans ma tête. Je n'arrive pas à les expulser.
Ses paroles. Ses paroles aussi s'y mettent
Est ce qu'en vrai au fond de moi-même je l'ai haïs, même si je l'ai étiqueté comme coupable psychopathe stalker ?
Je ne pense pas.
Je ne crois pas.
Non, en fait non.
Quelle merde ...
***
Une semaine passée, et depuis exactement quatre jours je suis en repos. Je n'ai pas réussi à le faire dès le lendemain, donc je me suis bien fait engueulé par mon ami. Néanmoins, aucun jour n'a manqué à ce rituel malsain des lettres de menaces et des appels, que je ne lis plus et ne décroche plus. Du moins, lorsque je ne pète pas un câble. Il est vrai que, jusqu'à ce que Jacob revienne sur le plan principal de ma vie, je m'étais senti en contrôle des événements. Or, à peine son prénom m'a été rappelé et tout a dérapé en moi.
Le comble pour quelqu'un de mon métier, qui encourage l'accompagnement psychologique et la cicatrisation des douleurs passées afin de guérir les maladies humaines, non physiques ou physiologiques, alors que lui-même n'a jamais atteint ce saint graal qu'est la guérison.
Je ne peux plus me mentir. Si je suis allé dans cette branche, cela a été et est toujours parce que je n'ai pu sauver mon amour, ni mon minable moi de ce supplice. En revanche, je pouvais encore essayer de secourir les autres, je pouvais me donner bonne conscience. Je voulais me soulager. Égoïste ? Orgueilleux ? Pitoyable ? Je sais pas.
Je hais être à l'appart. Je hais n'avoir rien à faire. Je hais le fait de ne plus être en contact avec mes patients. Je hais le fait de devoir me faire face. De devoir refaire face à son souvenir.
Je ne veux pas.
Fin, ceux sont de bien grands mots, car je n'ai pu résisté bien longtemps à une envie que je n'avais pas ressenti depuis son départ. J'ai ressorti cette vieille boîte à chaussure, complètement déglinguée, dans laquelle j'ai balancé tout ce qui possédait un rapport de près ou de loin avec lui. Quand cela a un lien avec lui je suis contradictoire : Jacob m'attriste et me dévaste autant qu'il me protège et m'enrobe d'une chaleur rassurante.
Aussitôt mon congé débuté, aussitôt j'ai tout étalé par terre et j'ai feuilleté nos photos, son livre préféré qu'il m'avait passé pour que je le lise. Je ne l'ai jamais lu. J'ai jamais pu. Le plus dur, ce qui m'a fait explosé en sanglot, a été de relire les petits mots qu'on se passait discrètement. On pouvait se les placer dans nos vêtements secrètement comme dans nos sacs, ou bien se les passer quand on était en salle de permanence à côté.
Des messages cons aux belles missives d'amour, sans oublier de passer par les petites disputes qu'on ne pouvaient faire en public. Oui, nous étions de véritables gamins. C'est vraiment bien l'unique garçon que j'ai aimé à ce point. Des larmes s'échouent encore sur mes joues, tandis que je suis assis par terre, adossé au canapé. Enfin, je quitte ma bulle.
Du coin de l'oeil, je remarque que mon téléphone vibre, alors je l'attrape et ouvre grand la bouche en voyant que j'ai plus d'une vingtaine d'appels en absence. Je reste à fixer le téléphone qui ne peut pas se remettre en veilles, puisqu'il sonne une nouvelle fois. Fulminant et voulant expier toute cette rage née tel un feu spontané en moi, je décide de décrocher pour la première et dernière fois de la journée. Je me mets alors à crier :
« Pauvre connard ou connasse ! Je m'en fou ! Mais, maintenant tu vas cesser d'appeler ce putain de tel ! J'en ai ras le cul de bloquer sans cesse les numéros ! De ne plus pouvoir me servir tranquillement de mon tel ! Tu veux entendre quoi hein ?? Que ma vie est un enfer ? Si ce n'est que ça, je vais te le dire alors : ma vie est un putain d'enfer depuis que ce bordel a commencé ! Satisfait ?! »
Mon souffle est court tant la hargne me domine. Je dois ressembler à un buffle, je me demande même si de la fumée n'est pas en train de sortir de mes narines. Je vais pour relancer quand une tout petit voix sort du micro, peu assurée :
« Je...je ... c'est Thomas... je me doute que tu veux plus entendre parler de moi mais, je t'en prie, accordes moi une dernière entrevue... une dernière... je dois te parler... j'en ai sincèrement besoin ... »
Il finit d'une voix presque inaudible, et malgré tout si poignante. Si touchante. J'ouvre à deux reprises dans le vide ma bouche, changeant à chaque tentative ma réponse : oui, non. Je me dis que le refus serait le mieux ... c'est en tout cas ce que mon cerveau veut. En revanche, mon cœur lui s'y oppose et finit par couper avec fermeté mon interlocuteur qui s'apprête à me quémander de nouveau :
« s'il te plaît, Dy...
- D'accord, demain au café à l'heure habituelle, est-ce que ça te convient ?
- Oui je ferai en sorte d'être à l'heure promis, il répond sans attendre avec aplomb
- Tommy... comment as tu »
Je n'ai pas eu le temps de finir qu'il avait déjà raccroché. Je m'affaisse. Mon corps glisse quelque peu sur le sol, ma main entre en contact avec un papier, un des petits mots froissés que je n'avais pas rangé. Je le saisis et le lis :
« Demain reviens moi, on parle calmement et on repart pour un autre round.»
Cocasse. Cocasse.
NDN : Voilà ! Chapitre 29 que j'ai divisé en deux parties pour que ça soit plus comestible. J'espère avoir corrigé au mieux les fautes. N'hésitez pas à voter et à laisser votre avis. Pleins de bisous !!!<3
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Dementia
FanfictionDylan n'a plus d'autre choix que de se trouver un nouvel emploi dans un nouveau cabinet de psychologie, étant donne que sont stage vient de s'achever. Mais deux restrictions obligatoires se présentent a lui : - La première, disant que le cabinet doi...