Chapitre 30.2

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PDV Thomas

- Je sais, je sais que tu souffres ...

- Non, me coupe t-il avec une voix de plus en plus chevrotante, tu ne sais pas comment je souffre. Tu ne peux même pas imaginer tout ce qui ressurgit et me détruit en moi depuis le début de ce calvaire. Mon passé, ce foutu passé, ce foutu amour...". 

 Il détourne la tête, à l'opposé de moi, afin de contrôler et retenir ses perles qui menacent de couler. Je l'entends inspirer bruyamment, à plusieurs reprises avec difficulté, pendant que moi je reste penaud tel le gros bêta que j'ai toujours été. Je suis très emphatique, mais incapable de réconforter avec les bons mots ou les bons gestes. Eprouver leur mal, oui, mais l'épancher, non. Mes yeux observent la moindre de ses réactions, celles qui n'arrivent à calmer, celles qui créent un pincement dans mon coeur. Je ne supporte pas de le voir ainsi, lui, cet homme, qui a malencontreusement rencontré mon chemin, se retrouvant contre son gré pris dans un plan saugrenu, et qui a su devenir si important dans ma vie pourrie. Justement, il est devenu spécial, très, peut-être trop. En tout cas, c'est pour ça qu'il faut que j'agisse, que j'arrive enfin à prendre soin des autres, à les protéger.

Je me lève de ma chaise, calmement, puis je m'approche de Dylan qui se tourne vers moi, dont l'expression exprime l'incompréhension totale. Encore plus lorsque je l'encercle de mes bras. Je crains de resserrer ma prise, tout autant que je crains sa réaction prochaine. La scène est assez maladroite. En revanche, elle représente tant pour moi, c'est la première depuis une éternité que j'ai ce genre de comportement affectueux avec quelqu'un, de ma propre volonté.

Je ne le sens pas bouger, pas même d'un millimètre, jusqu'à ce qu'il enlace ma taille brusquement. Son emprise autour de mon corps est puissante, il s'accroche à moi comme s'il en dépendait, comme si je ne devais plus le lâcher, ni m'éloigner de lui. Grâce à ses bras plein de de ferveur, il m'encourage à faire pareil, car il est ma véritable bouée, la raison qui m'a aidé à aller au bout de ce plan finalement. Ses mots, son comportement, les heures aux cafés, la sortie de la dernière fois m'ont transmis de l'énergie. Une énergie qui me permet d'espérer, de vouloir et de pouvoir vivre une nouvelle fois.

Nous somme dans notre bulle, de laquelle personne ne pourrait nous en sortir. Personne. On ne veut plus se détacher l'un de l'autre. Après cinq bonnes minutes, je réalise une chose encore plus étonnante, je viens déposer un bref baiser dans sa chevelure brune, dont une apaisante odeur se dégage. Cet acte lui fait relever son visage vers moi. Ses mirettes whiskys étreignent les miennes, plus chocolatées et profondes, aussi bien que ne le font nos corps. Ensorcelant est le mot qui définit ce qui se passe actuellement entre nous.

Sans rien changer à notre position, mon brunet se décide à me questionner :

" Je t'en supplie, explique moi plus clairement. Je veux des réponses. Je te crois par rapport à ce que tu m'as dit. Cela me rassure, car ma première impression était donc la bonne. Mais, dis moi le gros du gros de ce putain de bordel, j'en ai besoin. Vraiment." .

J'hésite, ne sachant pas comment faire dans les grandes lignes, mais je vais tenter. Je m'engage dans l'explication la plus complexe de mon existence, sous les yeux légèrement larmoyants et rougis de Dyl' :

" Je ne suis pas responsable de ce qui t'arrive directement, ni de ce qui a pu arrivé à ton prédécesseur. Je suis en fait plutôt le catalyseur de cela, contre mon gré. À cause de moi, les gens, qui s'approchent de moi, risquent de s'attirer de nombreux problèmes et de sombrer dans cet enfer que tu vis. La différence est que, toi, tu faisais véritablement parti d'un plan, qui t'est inconnu, servant à me sortir de mon propre enfer. Je sais que je n'aurai jamais dû accepter un tel truc, mais je ne voyais plus aucun moyen d'obtenir des preuves de ce que je subissais, de ce que le coupable faisait, je prends une rapide pause pour me ressaisir faisant retourner à leur maison mes larmes. Je t'assure que je ne voulais pas te blesser, surtout pas toi. Tu es devenu tellement plus pour moi.

- ...Tu ne me diras pas clairement qui est le responsable n'est-ce pas ?

- Non. Tu n'auras qu'a réfléchir pendant une seconde et tu comprendras. Tout s'emboitera dans ta tête. Tout comme dans celle de ton ami de la dernière fois, je suis sûr qu'il a dû tout t'expliquer, de notre rencontre, je réponds la voix chevrotante repassant tout cette affreuse soirée. 

- Oui, il m' a dit, affirme t-il amenant lentement ses mains sur mes hanches tout en se redressant, face à moi. Tu as trop souffert Tommy. » 

Ce petit surnom me fait frissonner. Il est impressionnant de voir qu'au delà de ce contexte critique encore irrésolu, c'est à cette même période que nous sommes devenus extrêmement proche, ayant fini par franchir complètement la barrière des contacts physiques . Nos pupilles s'ancrent entre elles, se dilatent, attirant nos visages l'un vers l'autre tels des aimants. Il s'apprête à reprendre la parole, ce que je l'empêche de faire en déposant ma main sur sa joue, puis je lui promets dans un murmure :

" Tais toi. Je te jure que bientôt tout sera fini, alors nous parlerons, nous nous dirons tout. Je te promets qu'on se reverra, et cela dans de bien meilleures circonstances. "

Je conclus ma phrase en l'embrassant, je presse avec désir et détermination mes lèvres aux siennes. Un baiser chaste qui scelle ma parole, un baiser bref qui signifie tant pour mon coeur, battant la chamade dans ma cage thoracique, qui risquerait de se briser s'il continuait aussi vite. je décolle mes lèvres, ouvrant lentement mes yeux qui scrute ce beau visage, tacheté de quelques petits grains, celui de l'homme dont j'escompte bien plus qu'une simple relation amicale ou d'entraide.

Oui, je l'aime, j'aime Dylan.

Ce dernier ouvre ses paupières bien après, souhaitant certainement garder le plus longtemps en mémoire la sensation de nos croissants rosés collés.

Sentant mon téléphone prépayé vibrer dans ma poche, je comprends qu'il est l'heure. C'est pourquoi je lui offre un dernier sourire pour après m'éloigner, afin de partir en vitesse avec mes affaires. Je jette un bref coup d'oeil dans sa direction, remarquant qu'il reste planté debout à me fixer, l'air perdu et déçu. Je ne veux pas le laisser, surtout depuis que nos lèvres se sont rencontrées. Seulement, je dois rejoindre Kaya et Ava pour réaliser la dernière étape de notre plan, celle qui mettra fin à ce cercle vicieux : symbole de mon salut et du sien. Je cours donc en direction de cette fameuse voiture, un léger pincement au coeur mais des espérances plein la tête, celles par rapport à un avenir aux temps bien plus doux. Peut-être même celui aux cotés de Dylan.

NDN : Nouvelle partie ^^

DementiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant