Chapitre 31.1

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PDV Bryan

21 H 00

Je referme la porte derrière moi, je retire ma veste et la pose sur le porte manteau, puis je m'avance en direction du canapé pour m'y assoir lourdement. Je zieute le petit couloir, menant aux chambres, parce qu'il pourrait peut-être sortir me saluer. Ainsi, il m'empêcherait de devoir l'inciter à passer du temps avec moi, son compagnon. Il est assez grognon depuis notre mise en couple, j'ai l'impression d'avoir vraiment mal fait les choses. Cependant, comme nous avons enfin passé un cap dans notre relation, c'est-à-dire passer aux choses sérieuses : l'officialisation, faire l'amour, etc. Il devrait venir me voir.

  Je soupire bruyamment, tout en disant à voix haute pour qu'il m'entende : " Quelle journée crevante ! En plus avec tous ces imbéciles autour ! ".

Quelques secondes passent, rien.
Minutes, toujours rien.

Je remarque tout à coup le silence étrange, qui pèse depuis que je suis rentré. Je me redresse, observant autour de moi attentivement. L'angoisse s'entortille autour de mes boyaux pour les presser, pendant que mon coeur pulse frénétiquement. Mes yeux se bloquent alors en direction du meuble à chaussures, d'où les chaussure de Tom ont disparu. Ceci me fait bondir sur mes pieds, je m'affole directement, comprenant, grâce à un éclair de lucidité, la situation. Je cours alors dans sa chambre, dont j'ouvre brutalement la porte.

Personne, je n'y vois personne.

Je me jette presque sur le lit, envoyant dans un coin de la pièce la couette avec les oreillers, ne laissant plus que le matelas à nu. La fureur s'empare de plus en plus de moi, elle me fait virevolter de recoin en recoin dans la pièce, lieu que je retourne avec rage. Pas un seul tiroir n'a pas été fouillé, voire démonté de la commode ; toutes les étagères de la petit bibliothèque y sont passées, vidées de leurs livres, qui se sont vu être balancés par terre ; puis l'armoire, il n'y a pas eu grand chose, puisqu'elle est vide. Mon souffle erratique se retrouve être le seul son audible de l'appartement entier.

Plus d'affaires. Plus de vêtements. Plus de Tom'.

Je tourne, un nombre de fois incalculable, sur moi-même, croyant stupidement qu'il apparaitrait, que je remarquerais une nouvelle chose pouvant m'indiquer là où il se trouve. Sans pouvoir me retenir , je me mets à hurler et à exploser une nouvelle fois la totalité des biens présents.

Ce sketch dure pendant une bonne vingtaine de minutes, car je le refais  tel un vieux disque rayé, encore et encore.  Au loin, j'entends ma porte être malmenée, certainement des voisins qui râlent, comme d'habitude. Cependant, je m'en fous. Je ne pense qu'à une chose : retrouver mon amour. Il doit me revenir, J'ai trop besoin de lui. Il va me revenir, je le sais !

Je viens de balancer violemment un des tomes de sa trilogie favorite contre son armoire, celle de James Dashner, qu'il a lu et relu, je ne sais combien fois. En revanche, dès que le livre heurte le meuble, un truc tombe, en dessous de celui-ci, qui devait être caché derrière. J'accours, me mettant par terre pour regarder ce qui se trouve au sol. Je perçois alors au bout une sorte de petite boîte de bijoux. Je tends le bras en sa direction, l'attrape et la sors avec empressement. Je la tourne dans tous les sens, l'inspecte sous toutes ses coutures, la secoue comme un benêt. Un bruit métallique provient de l'intérieur, serait-ce vraiment qu'un simple bijoux ?

Maladroitement, dû à mon impatience, je l'ouvre, faisant tomber par terre le couvercle, je regarde ce qu'il y a  dedans. Quelle est ma surprise en trouvant des lames de rasoirs, pour certaines légèrement rouillées ou salies de sang séché, ainsi que des morceaux froissés de papiers en dessous de ces dernières. Je sors le paquet, pour ensuite commencer à les lires un à un :

«  Tiens le coup, bientôt nous serons réunis. » ; « Kaya te donnera un téléphone ce soir normalement, ne le casses pas. Bisous » ; «  Je pense fort à toi vivement qu'on se retrouve. » etc.

Une dizaine de petit mots, chacun empli de tendresse et de soutien...Et d'amour.  Je crois que Thomas m'a trompé...Il ne m'a jamais aimé peut-être ...Non...Impossible. J'ai tant fait pour lui, pour que nous soyons ensemble, seulement nous deux...L'unique responsable de cet échec, c'est Dylan. Tout est à cause de lui. Il me l'a pris ! Il l'a détourné de moi ! Je vais le tuer !

Oh oui... Je jure, je vais me venger et je vais récupérer mon trésor ...

J'ai déjà une idée de comment faire, donc autant commencer maintenant. Je saisis l'une des lames pour me lacérer le dos de la main, ainsi que mes doigts. Lentement et assez profondément.

***

DementiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant