chapitre 28.1

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PDV Dylan

Mon téléphone hurle pour la millième fois, depuis qu'il est 4 heure du matin, comme si je dormais assez ces temps-ci pour me permettre une nuit pareille. J'ai décroché la première fois, et cela a été terriblement terrifiant. Exactement comme dans un film d'horreur.

-Flashback -

Je saisis ce démon vibrant et le porte à mon oreille. Je lâche d'un voix nonchalante et bien endormie encore :

" C'est qui ?

- ..., une simple respiration se fait entendre avant que l'idiot, qui appelle, ne se prononce avec un voix modifiée, Tu es un monstre Dylan. Comment as tu pu tuer celui que tu disais aimer ? ". Je me redresse violemment, écarquillant les yeux. Personne, excepté mon meilleur ami, n'est censé savoir pour cette histoire ou encore même pour mon orientation. Alors que je commence à sentir mon pouls accélérer et mon corps être envahi par des tremblements, de peur ou de colère je ne sais pas, il reprend :

" Tu es un monstre...un monstre... Pourquoi ne t'es tu pas tué ? Hein ? ".

-Fin flashback -

Tout mon corps a été paralysé, uniquement habité par de nombreux spasmes et d'une angoisse grandissant comme une gangrène en moi, ainsi ce malade a continué son speech. Il a déterré toutes les vieilles carcasses de mon passé, rouvert toutes les blessures de ce jeune con et idiot que j'étais. Putain...je sens que là il m'a poussé à mes limites en deux secondes chrono. Il est vraiment encore plus fou que je ne le croyais, Thomas est en pro dans le genre psychopathe. Je suis certain qu'il a obtenu ces informations par le biais de son acolyte au crâne d'œuf.

Je sors de mon lit, puis je file à la salle de bain pour me préparer rapidement avant de partir. Je grimpe dans la douche. J'ouvre l'eau, tirant à fond le robinet d'eau froid. IL me faut du froid, il faut endolorir tout ce que j'éprouve, non subis. Pendant quelques minutes, je laisse l'eau ruisseler, gardant mes yeux clos et réalisant des exercices de respiration, que j'avais appris aux cotés de ma psychologue pour gérer mes crises de nerfs et de paniques. Inspirer.

Expirer. Inspirer. Expirer.

Pitoyable, voilà ce que je ressens. Dès que cette histoire refaisait surface, je me retrouve submergé. Je me noie, encore et encore, dans tous ces souvenirs que j'ai soigneusement enterrés et enfermés dans mon esprit, resurgissant de temps à autre dans ma vie. Chaque fois me coutant une petit passe de déprime, sans grands dommages collatéraux. Du moins, jusqu'à maintenant. Le seul sachant tout, sans aucun détails omis, c'est mon bridé, et cela est bien suffisant.

Thomas m'a bien eu. Je me sens si con .

M'être autant attaché comme ça, jusqu'à même me laisser le divaguer, peut-être même penser à vivre plus à ses côtés.

« Quel con ! »

***

9 h 00

J'arrive devant le cabinet. Je n'ai pas envie. En plus, les appels ont repris, donc j'ai bloqué le numéro. Puis, j'ai bloqué un deuxième, troisième, cinquième et bien plus encore de numéro. Un schéma infernal. J'ai dû me résoudre à mettre en silencieux mon téléphone pour éviter d'être dérangé, trop préoccupé par ça. Je ne pète déjà pas la forme, alors je n'ai pas besoin de ça.

Je tourne ma tête vers le ciel bien grisâtre, inspirant un bon coup, puis je fixe de nouveau la porte d'entrée, et je me décide à la franchir. Cependant, une fois à l'intérieur, une atmosphère étrange y règne, surtout un silence de mort domine l'accueil. En effet, il n'y a pas Kaya. Assez improbable en connaissant cette dernière, elle est toujours en avance pour recevoir tout le monde, en particulier Dylan pour discuter de leurs dernières petites aventures loufoques. Je m'avance vers le carrefour, où se trouve trois petits couloirs, menant respectivement au bureau de monsieur williams, au mien et à celui de l'autre psy du cabinet.

Une impression étrange m'envahit. Quelque chose se mijote réellement dans mon dos, et ils sont tous de mèches. Aucun doute sur ce point, ils sont tous dans ce plan foireux, tous veulent me détruire, sans que je sache réellement pourquoi. Je me tiens au milieu en silence, avant d'instinctivement m'orienter à pas de loup vers le bureau du patron. Finalement, mon intuition n'est pas si mauvaise, puisqu'au fur et à mesure que je m'approche, j'entends leurs voix. Ils sont donc en train de parler en cachette. Je m'adosse juste à côté de l'encadrement pour espionner leur conversation.

« J'ai réellement peur que cela dégénère, avoue Monsieur Williams avec son satané ton de vieux sage, j'ai accepté car Aml me l'a demandé et m'a convaincu de vous laissez faire.

- Je sais Monsieur, et nous vous en serons toujours reconnaissants. Beaucoup de choses se sont passées, alors qu'elles n'étaient pas du tout prévues. Nous nous en excusons, dit Kaya d'une tout petite voix, presque inaudible.

- Vous encourrez de sérieux problèmes, et moi aussi, si cela finit mal.

- Je le sais bien, mais il était temps d'agir. Nous nous en voulions tellement avec sa sœur, lorsque nous avions tout découvert. Nous étions tellement accablées d'avoir compris l'envers du décor si tard. »

 Son intonation sévère témoigne de la culpabilité qu'elle ressent, comme si elle se sermonnait à l'instant même. Le son d'une chaise raclant le sol parvient à mes oreilles, il doit s'être levé pour poser en lot de consolation une main sur l'épaule de de Kaya. Ce serait bien son style. De nouveau, il reprend la parole :

« Je comprends. Néanmoins, pensez à monsieur O'brien. Pensez à lui, ce qu'il pourrait vivre, ou plutôt ce qu'il doit vivre en ce moment.

- Je sais. Je jure que tout se passera comme nous l'avions convenu. Will, Ava, Thomas et moi-même feront en sorte que tout s'achève, sans dégâts. ».

À l'entente de ça, je fulmine littéralement, je suis à deux doigts d'enfoncer la porte et de démonter les deux. Cependant, je me contiens et déguerpis en vitesse à l'opposé du couloir, dans mon bureau, dès que j'entends les deux se diriger vers la porte. Je suis sûr qu'ils m'ont vu courir, mais je ne jette aucun regard dans leur direction et rentre sans attendre dans la pièce.

Je claque la porte et m'adosse contre elle, faisant tourner en boucle tout ce que j'ai entendu. Durant une dizaine de minutes, je reste ainsi, essayant de trouver du sens. Je me retrouve dans une situation identique à celle de l'ancien psychologue, qui avait également pris en charge Thomas. Pourtant, quand je repense à leurs propos ainsi qu'aux échanges avec mon patient, qui s'avère être aussi devenu mon petit coup de cœur, aucun de ces éléments concordent ensemble. Aucun n'appuie totalement le mauvais rôle qu'on attribue à Thomas. Certes, il a besoin d'un suivi pour son rapport à lui-même et pour les nombreuses choses qu'on lui a fait endurer ; en revanche, il me paraît de plus en plus invraisemblable d'avoir réussi à cacher son soi-disant "véritable visage".

Il m'a paru tellement sincère, intéressant, et si gentil.

"J'y comprends rien...Est-il réellement celui qui me fait vivre cet enfer ?", je me questionne, commençant à parler seul, à voix haute. Soudainement, après avoir continué à lister tout les faits dans un monologue, comme un pauvre idiot, je m'aperçois que le contenu des menaces ne peut pas coïncider avec ma thèse de « Thomas est l'enflure ».

Je souffle, et perçois presque comme un craquement raisonné dans ma tête. Je craque, m'accroupis et prends ma tête dans mes mains. Mes nerfs lâchent, tout remonte en moi violemment. Je pleure, je crois.

J'en sais rien. Je suis paumé.

***

NDN : Première partie de mon chapitre 28, car il est un chapitre assez long et je pense qu'il est mieux de le couper ! N'hésitez pas à commenter !

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