Eris
Le soleil commence à décliner doucement lorsque je sors de la maison pour jeter les sacs poubelles. Je les tiens fermement et m'approche de la poubelle, lorsque j'aperçois une vieille dame, plutôt frêle et ridée, se diriger vers notre maison. Intriguée, je la rejoins en quelques pas rapides et la salue poliment.
- Bonjour, madame. Puis-je vous aider ? Vous cherchez quelque chose ?
La vieille dame lâche un soupir de soulagement et s'arrête devant moi comme si le simple fait de venir jusqu'ici lui avait épuisé toute son énergie.
- Oh, merci, ma chère, dit-elle d'une voix étouffée. Comment vas-tu ? J'ai remarqué qu'il y avait de l'agitation dans cette maison. Vu que personne n'habite plus là-bas, je suis venu voir ce qu'il se passe.
- Nous venons d'aménager ici. Désolée si on vous a dérangée. Vous connaissiez ma grand-mère ?
Un sourire éclaire le visage ridé de la vieille dame.
- Oh, oui, ma chère, nous étions de grandes amies, répond-t-elle avec nostalgie.
C'est bizarre, si elles étaient de grandes amies, pourquoi mamie ne me l'a jamais présentée ? Je ne l'ai jamais vue à la maison et son visage ne me dit franchement rien. Je suppose que c'est normal, je n'étais encore qu'une enfant. Les mots de la vieille dame semblent sincères.
C'est alors que je remarque le panier de biscuits que la dame tient fermement dans ses mains. L'odeur sucrée flotte dans l'air tandis que le soleil patiemment les caresse. Elle savait donc qu'il y avait de nouveaux voisins. Nous nous dirigeons alors toutes les deux vers le piédestal qui orne l'entrée de la maison. La vieille dame s'arrête soudainement, me faisant tressaillir hors de mes pensées.
- Y a-t-il un problème ? Je m'enquis, la voix empreinte d'une certaine inquiétude.
La vieille dame semble hésiter un instant, puis me tend le panier de biscuits.
- Je dois partir maintenant, ma chère. Prenez ces biscuits en signe de respect envers votre grand-mère.
Débordant de confusion, j'attrape le panier de biscuits avant d'essayer de la retenir. J'aurais juré que la vieille dame était effrayée en partant. Pourtant, à la maison, il n'a rien qu'il ne fasse peur, à moins que je me trompe. Pourquoi cette réaction soudaine ?
Je l'observe s'éloigner à grands pas, sa démarche semblant se transformer sous mes yeux. Celle qui, il y a quelques instants à peine, peinait à avancer, semble maintenant retrouver toute sa vitalité. Étrange ... Je finis par rentrer à l'intérieur.
Je m'assieds dans le salon, les yeux fixés sur le panier de biscuits que la dame m'a offerts quelques minutes plus tôt. Ces biscuits sont magnifiques, leur dorure et leur forme parfaite témoignent du travail minutieux de leur créatrice. Je me mets à penser qu'on m'a souvent fait la remarque qu'il était possible de me duper juste avec à manger. Je prends l'un d'entre eux dans mes mains délicates, prête à savourer cette douceur sucrée, lorsque la voix de Jason me tire de mes pensées.
- Encore en train de manger. Pfff ... Moi je me démêle à faire le ménage tandis que mademoiselle se prélasse !
- Non, je n'ai encore rien touché ...
- C'est ça. Laisse tout ça et viens m'aider avec ma chambre.
J'ai un soupir déçu et dépose le biscuit que je tenais en main. Il m'entraîne avec lui et en entrant dans la pièce, je ne peux m'empêcher de remarquer le désordre qui règne encore. Je me mets à l'ouvrage, aidant Jason à ranger chaque objet à sa place. Je m'adonne à cette tâche avec tant de minutie et de patience que cela en aurait presque pu être hypnotique. ll faut au moins que cette pièce ressemble à quelque chose. De plus, j'adore faire le ménage. Je ne sais pas pourquoi mais ça me fait plaisir et Jason sachant cela, il en profite forcément.

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Immortels II
FantastikAussi pur notre cœur peut-il être, il y a toujours cette partie d'ombre qui vit en nous. Nous essayons de résister à ces ténèbres qui ne cessent de nous pourchasser, en vain. Toute petite, je croyais aux histoires de magie, d'un autre monde et de fa...